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Force est de constater que notre société n'a pas exploité son potentiel émotionnel. Et même plus: il semble qu'elle ne cesse de le renier. Ainsi le petit garçon qui pleure est "une fillette" et la dame aux prises de ses émotions passe pour une "hystérique". Bien souvent, une certaine violence éducative voudrait que non seulement nous ne montrions pas trop nos émotions - si ce n'est les émotions jugées "négatives", tout en les interdisant à nos enfants : "arrête de pleurer", "cesse tout de suite ton cinéma", "si tu te mets en colère / fais une crise, tu seras puni".
Pourtant, une émotion est toujours juste, légitime. Elle apparait, est ressentie, et a besoin d'être extériorisée. Elle exprime toujours un besoin, une demande, qu'il sera plus sage d'écouter, auxquels il faudra donner une réponse appropriée. Nous sommes des êtres d'émotions.
Écouter, reconnaître, accepter : "Oui, tu as le droit de ressentir cela, c'est juste." Et répondre, en trouvant des manières constructives de l'exprimer. Mettre des mots simples sur les ressentis est une étape importante : il est nécessaire de nommer les émotions pour mieux les appréhender.
La colère par exemple est légitime, mais au lieu de casser quelque chose ou d'avoir un comportement inacceptable, on peut très bien imaginer une autre façon de l'extérioriser.
Ainsi l'enfant est accueilli, non jugé, est en capacité de maîtriser et de reconnaître ses émotions dans un climat sain pour sa santé émotionnelle. Il apprend peu à peu à gérer ses émotions de manière adéquate, au rythme de son développement.
Si au contraire, nous interdisons à un enfant d'exprimer ses émotions, ou que nous le critiquons pour cela, il en vient à croire que ce qu'il ressent n'est pas juste, approprié, ou encore sain. Il ne se fait plus confiance, et n'est plus en mesure de s'écouter. Cela engendre nécessairement une perte d'estime de soi, de respect de soi, une certaine instabilité et incapacité à gérer ses émotions plus tard.
Il est souvent difficile pour nous, adultes qui n'avons pas bénéficié d'une bienveillance éducative, de permettre à notre enfant de vivre ses émotions. Elles font souvent écho à notre propre souffrance d'enfant, et à notre ignorance de l'éducation émotionnelle. Il est alors de notre responsabilité d'éduquer notre propre intelligence émotionnelle. Et au besoin d'être aidé, par le biais d'une thérapie par exemple.
De plus en plus, notre société devra vraisemblablement prendre en compte les émotions, et les exploiter en tant que véritable intelligence, avec des outils appropriés. A la base, elles représentent un réflexe à une situation - elle ont donc toute leur utilité, concernant notre survie par exemple. Elles possèdent leur propre forme d'intelligence, ou plutôt de rationalité. Alliées à l'intellect, elles représentent un formidable outil d'épanouissement dans la vie.