samedi 9 mai 2015

Le conflit, une opportunité pour grandir


La paix ne peut être obtenue par la violence, elle ne peut être atteinte que par la compréhension. Albert Einstein

Le conflit, une opportunité pour grandir de manière consciente et responsable


Un conflit est une opposition avec soi, une personne, ou encore entre des groupes, lors de laquelle la communication est difficile ou même rompue. C’est un indicateur que quelque ne va pas dans la relation, qu’il faut du changement. Il déclenche souvent une situation vécue dans la douleur, la peur et la colère ; car le conflit réactive souvent des blessures anciennes : peur du rejet, peur de l’abandon… autant de blessures qui dominent encore notre ego et nos croyances.
Et nous avons l’impression que nous ne pourrions en sortir que par la fuite ou par la lutte, qui amènerait l’autre à être finalement d’accord avec nous. Dans ce schéma, chacun se sent agressé, et se met en posture défensive : hypersensible, chacun réagit. Le dialogue est donc impossible, chacun campant sur ses positions, et dans une tentative désespérée d’entrée en contact, il est possible que l’un des protagonistes en vienne à faire usage de violence.

A la base, les racines du conflit sont souvent les mêmes : le manque d’écoute, de compréhension, de respect, de communication, de reconnaissance de la part de l’autre… Qui renvoient une fois de plus à nos propres carences.

Nous comprenons dès lors que, dans notre société où nous n’avons sans doute jamais autant communiqué, nous communiquons pourtant très mal, en manque d’outils relationnels - et combien nous ne maitrisons pas nos émotions ! 

Pourtant, il est possible de réagir différemment : par exemple, en créant une ouverture par le dialogue, la médiation, provoquant ainsi une réelle rencontre. Car le conflit est une opportunité de rencontre, de transformation personnelle, relationnelle, sociale, voire culturelle. Il faudra bien entendu y mettre de la volonté.

Le plus grand travail à réaliser réside dans la responsabilisation de soi (communication, émotions, croyances) et de ses actes : car le conflit nous en apprend autant – voire plus - sur nous-mêmes et nos propres mécanismes, que sur l’autre. En cela, c’est une occasion de remettre en question certains de nos automatismes et de nos préjugés – qu’ils soient conscients ou non. Il y a un aspect indéniablement thérapeutique à intégrer.

Dès lors, il s’agit de parler de soi, de ses ressentis, croyances, d’exprimer des besoins et des demandes clairs ; sans toutefois blâmer et accabler l’autre. Car il est essentiel de ne pas accuser et juger l’autre… Il est temps de quitter le paradigme bourreau / victime, qui ne sert qu’à culpabiliser et déresponsabiliser, à se victimiser (pour mieux être bourreau), nourrissant indéfiniment le conflit et la violence. Il n’y a pas de gagnant dans cette équation.  

Il s’agit donc d’accepter l’autre dans sa différence, libre d’être ce qu’il est ; mais aussi de s’accepter soi-même. Et de voir combien le conflit nous grandit, nous permettant de poser des limites saines, un cadre relationnel respectueux de chacun.

En définitive, le véritable vivre ensemble s’enrichira des conflits, il en fera une force. Il accueillera chacun dans sa différence, dans sa liberté d’être ce qu’il est. Il permet de cohabiter, de se relier ensemble, sans demander à l’autre d’être semblable à nous-mêmes – même et surtout lorsque nous pensons avoir raison. Le véritable vivre ensemble est dynamique, mouvant, changeant. Il n’exclut personne. La paix n’est pas l’absence de conflit : elle est la capacité non-violente, respectueuse et empathique à accompagner le conflit.


Des outils précieux à l’accompagnement des conflits : la médiation, la CNV, la gestion des émotions, l’empathie.


vendredi 8 mai 2015

La philosophie pour les enfants, une pédagogie du questionnement

Source

« Ce sont les questions qui font le philosophe. »
Paul Valéry

C’est à Matthew Lipman, philosophe et pédagogue américain inspiré de John Dewey, que nous devons la popularisation de la philosophie auprès des enfants. Ses travaux visaient à mener les enfants à penser par eux-mêmes, à développer leur esprit critique, mais aussi leur esprit créatif, grâce à des supports tels que des romans philosophiques et des manuels d’exercices, lors d’ateliers. Parfois, pour les plus petits, on peut également associer des marionnettes, des contes ou encore une pratique artistique. Il n’y a pas d’âge pour commencer!
En pratique, la philosophie pour enfants se propose de partir d’expériences concrètes et appréhendables par les enfants, de leurs propres questions, ou encore d’un support tel qu’un livre, film ou autre, et d’en faire un sujet de réflexion, voire un véritable laboratoire de la pensée.

Tout l’intérêt réside dans le fait d’accompagner dans un questionnement permanent, qui ne se contente pas de réponses préparées. L’adulte se place en position d’animateur, posant un cadre, facilitant parfois les échanges entre les enfants, posant parfois des questions, tout comme Socrate l’avait fait : il s’agit de la maïeutique, l’art de faire accoucher. Nous sommes ici dans une approche de non-jugement et d’empathie, qui permet de pouvoir parler de tout, dans un climat de confiance.

Concrètement, un atelier philosophie s’organise généralement en plusieurs étapes : le débat, la reformulation, la synthèse, afin de tirer tous les bénéfices de ce travail.

La pratique du débat philosophique apprend à l’enfant à respecter l’opinion de l’autre dans sa différence, à l’écouter attentivement, à développer ses arguments tout en favorisant son expression orale en public. Et plus encore : la philosophie permet de mieux comprendre le monde, de mieux comprendre les autres (et de favoriser un vivre ensemble) mais surtout aussi de mieux se comprendre soi, et d’apprendre à son connaître. D’être autonome, libre et indépendant dans sa pensée… qui se révèle plus complexe. Autant de compétences précieuses !

Mais après tout, les enfants ne sont-ils pas des philosophes en puissance ? Ils ne cessent de poser des questions, de remettre des choses évidentes en question… De s’étonner, ou même de s’émerveiller !


Quelques sites ressources :




Ici, nous avons particulièrement apprécié ces ouvrages : 


Jean-Paul Mongin, Junko Shibuya (illustrations), Pourquoi les choses ont-elles un nom? 2013, Ed. Les Petits Platons


Michel Piquemal, Les Philo-fables, 2008, Ed. Albin Michel


Sophie Furlaud, Jean-Charles Pettier (commentaires), Les p’tits philosophes, 2009, Ed. Bayad Jeunesse