vendredi 11 octobre 2013

Emancipation

Cézanne, In the woods. 1898.


Apprendre à vivre est le but ultime de l’éducation.

Apprendre à vivre une vie heureuse, une vie de sagesse, d’épanouissement. Une vie qui fasse sens. Durant laquelle nous apprenons à nous connaître, à grandir, à ajouter de la valeur à la société aussi… Une vie durant laquelle l’éducation est un processus continuellement en cours.

Force est de constater qu’aujourd’hui, l’éducation telle qu’elle est définie par nos institutions ne remplit pas ce rôle. L’éducation institutionnalisée nous forme à un programme définit dans le temps et orienté vers le marché du travail et une certaine économie.
Et finalement, cette vision de l’éducation représente une entrave aux buts réels de l’éducation, elle nous éloigne de nous-mêmes, de nos aspirations, de notre potentiel. Elle se sert de nous. L’éducation qui nous est communément proposée est un facteur d’aliénation. Elle nous conditionne, nous emprisonne. Et ne nous parle jamais de qui nous sommes, de la vie de l’être.

Il semble donc nécessaire voire vital de s’émanciper. Mais comment s’émanciper, dès lors ?

D’une part, je pense qu’il est nécessaire de se responsabiliser. C’est à dire de ne pas confier l’éducation à « qui de droit » parce que tout le monde le fait. Il est possible de prendre en main l’éducation de nos enfants, qu’ils soient scolarisés ou non. Le rôle d’un parent – en tant que guide - est aussi d’accompagner l’enfant dans ce qu’il vit et apprend à l’école. De compléter, de donner un point de vue… Surtout d’amener l’enfant à réfléchir par lui-même sur ce qu’il apprend, avec recul. De l’amener à une nouvelle perspective. L’école ne peut et ne doit en aucun cas avoir tout pouvoir sur l’éducation.

Le premier repère d’un enfant dans la vie reste sa famille.  Les moments que l’on partage avec nos enfants sont précieux. Ils doivent faire sens. Il s’agit avant tout de présence, de moments de qualité, de qualité d'être -  et non pas de quantité… Les parents doivent être conscients de leur responsabilité de créer une ambiance propice afin de favoriser l’épanouissement de tous. 

L’émancipation passe donc aussi forcément par une réappropriation de son être. La réflexion est une voie d’émancipation. Une personne qui réfléchit peut espérer se libérer des conditionnements. Il n’est pas aussi important d’engranger une culture encyclopédique que de réfléchir. Et pour cela, il faut laisser l’enfant acteur de ses apprentissages. Plus il aura été habitué à une liberté – et une responsabilité – et plus il sera capable de réfléchir. A l’inverse, plus il aura été soumis – à une autorité (légitime ou non) et moins il sera capable de prendre en main son processus éducatif. Et donc de se transformer, de se métamorphoser, de se connaître mieux, de toujours travailler sur lui, en vue de gagner en liberté.


Vindica te tibi !
« Reprends possession de toi ! »
Sénèque, Lettre 1 à Lucilius

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