vendredi 9 janvier 2015

Etre confronté à la violence, et choisir la paix et l’amour

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Accompagner dans la compréhension

Face aux événements de ces derniers jours, comment aborder la violence avec ses enfants ?

Pour les tout petits, il sera préférable de les protéger au maximum de ces événements et de ne pas les exposer aux images des écrans. Ils n’ont pas la possibilité de traiter rationnellement ces informations, et cela peut engendrer un traumatisme. Mais s’ils posent des questions, il sera préférable et plus sain d’en parler plutôt que d’en faire un sujet tabou – à partir duquel l’enfant pourrait fantasmer et imaginer tout et n’importe quoi.
Pour les plus grands, qui auront accès d’une manière ou d’une autre à des informations, expliquer clairement et simplement les événements, et insister également sur leur caractère exceptionnel.

Il ne suffira pas de raconter les événements, ils voudront comprendre, donner du sens à ceux-ci, et poseront des questions, auxquelles il faudra répondre avec grande attention. Et là, le danger serait de donner dans une version manichéenne de la situation - il y a des gentils et des méchants - ou de stigmatiser les représentants d’une religion, etc. Prenons garde à l’instrumentalisation de la situation par des médias ou des politiques.
Prenons le temps d’expliquer que personne ne nait violent, mais que bien souvent, les personnes qui commettent de tels actes ont manqué d’amour, de reconnaissance, de tendresse. Ce sont des personnes blessées, qui n’ont trouvé une raison d’exister qu’à travers la violence. Il sera aussi évident de condamner fermement la violence : en aucun cas elle n’est acceptable, en aucun cas elle ne peut être une réponse.

Notre rôle de parent n’est pas de préparer nos enfants à la violence de ce monde, mais bien au contraire, de leur permettre de vivre leurs émotions, de les accompagner dans l’autonomie afin qu’ils soient des adultes épanouis et heureux, qui changeront le monde.


Accompagner dans les émotions

Comme le disait François Héritier, la confiance et la sécurité font partie des besoins vitaux de l’homme ; ces besoins sont ébranlés, lorsque nous prenons conscience que la violence et le mal existent, et pourraient se reproduire plus près encore de chez nous, ou même au sein de notre foyer.
Alors, l’écoute et le dialogue sont primordiaux : un enfant insécurisé aura sans doute besoin d’en parler à de nombreuses reprises, il posera des questions. Il aura besoin d’être rassuré, câliné. Soyons attentifs à cela durant quelques temps.
Gardons aussi à l’esprit que de toute évidence, même protégés, les enfants seront sensibles au climat d’insécurité, de tristesse, de peur. Il est possible dès lors qu’ils se déchargent à partir de petits événements paraissant insignifiants de prime abord.
Il ne s’agit en aucun cas, sous le choc de nos propres émotions, de leur transmettre nos peurs – un travail sur celles-ci sera d’abord nécessaire, avant d’aborder la situation. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas montrer ses émotions, mais de manière responsable et saine.


Accompagner dans une éducation à la paix

Ces événements violents, qu’ils soient ici ou ailleurs, sont toujours un rappel de l’importance de semer des graines de paix dans l’éducation : que celle-ci ne soit pas un vœu pieux, mais une réalité concrète. L’éducation doit semer, préparer, toujours nourrir la paix. L’éducation doit rassembler dans un vivre-ensemble.

« Aborder le sujet de l’éducation pour la paix à un moment aussi critique que celui-ci, où la société est sous une permanente menace de guerre, peut paraître témoigner de l’idéalisme le plus naïf. Je crois pourtant que poser les fondements de la paix pour l’éducation est la façon la plus efficace et la plus constructive de s’opposer à la guerre. »
Maria Montessori

Et comme toujours, ce travail de longue haleine commence par nous-mêmes : accueillons nos propres émotions de colère et de peur, et choisissons la confiance et la paix. Lorsque nous sommes confrontés à de telles situations, je pense que nous avons une part de responsabilité (et non de culpabilité) : soyons solidaires, de toutes les victimes – ce qui inclut absolument tout le monde, et pas seulement ceux que nous appelons victimes au sens premier du terme. Sans leur dénier la responsabilité de leurs actes criminels, les tueurs sont également victimes de leurs choix et de leur violence.
La situation peut sembler pessimiste, mais en favorisant une éthique de la responsabilité, chacun peut se sentir investi d’un rôle à jouer dans la prévention de la violence.
La vie est précieuse... 

"Je ne vois pas d'autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu'il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu'il n'est déjà."

Etty Hillesum

5 commentaires:

  1. J'ai appris quelques heures après l'attentat que j'étais enceinte : ma première pensée a été que le monde de demain aura plus que jamais besoin "d'ambassadeurs de la paix", je ne pense pas que cela soit une utopie. Merci pour cet article !

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