Dans le monde entier, l’école nuit à l’éducation parce qu’on la
considère comme seule capable de s’en charger.
L'école obligatoire, la scolarité
prolongée, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à
produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes tout à fait
préparés par les « autorités » et à obéir aux institutions. A cela il faut
substituer des échanges entre « égaux » et une véritable éducation qui prépare
à la vie dans la vie, qui donne le goût d'inventer et d'expérimenter.
L'auteur de Libérer l'avenir poursuit ici sa recherche, pour les nations riches
ou pauvres, d'un autre mode de vie : or l'école doit pouvoir devenir le
principal lieu d'une rupture avec le conformisme.
Illich expose un point de vue
radical : l’école, en s’appropriant l’éducation, a détourné celle-ci de
ses objectifs. Dans son expérience, il en vient même à comparer l’école avec
une église dogmatique : « L’école
est devenue la religion mondiale d’un prolétariat modernisé et elle offre ses
vaines promesses de salut aux pauvres de l’ère technologique. L’état-Nation a
adopté cette religion, enrôlant tous les citoyens et les forçant à participer à
ses programmes gradués d’enseignement sanctionnés par des diplômes ».
Avec son lot de dérives :
ennui, absence d’apprentissage, absence de connaissance et d’épanouissement,
fracture sociale amplifiée, etc. Des conséquences désastreuses qui démontrent
que « le système scolaire
obligatoire représente finalement pour la plupart des hommes une entrave au
droit à l’instruction ».
« Un véritable système éducatif devrait se proposer trois
objectifs. À tous ceux qui veulent apprendre, il faut donner accès aux
ressources existantes, et ce à n’importe quelle époque de leur existence. Il
faut ensuite que ceux qui désirent partager leurs connaissances puissent
rencontrer toute autre personne qui souhaite les acquérir. Enfin, il s’agit de
permettre aux porteurs d’idées nouvelles, à ceux qui veulent affronter
l’opinion publique, de se faire entendre. »
Illich développe sa réflexion à
travers 4 arguments de base :
- la scolarisation universelle (telle qu’elle est pensée aujourd’hui) n’est pas possible et ne sera jamais viable ;
- la révolution éducative ne se fera pas avec de nouveaux outils, ni un rapport enseignants-enseignés différent ;
- proposer un apprentissage en réseaux afin d’apprendre et de partager, d’éveiller la curiosité toute la vie durant ;
- la société doit impérativement se déscolariser.
L'auteur vu par l'éditeur
Ivan Illich (1926-2002), prêtre, a
dirigé l'université catholique de Porto Rico, puis fondé, à Cuernavaca
(Mexique), le CIDOC, Centre international de documentation où l'on s'initie au
monde latino-américain et participe à l'analyse critique de la société
industrielle.
Ivan Illich, Une société sans école. 2003. Ed. du Seuil. 7€
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