mercredi 1 février 2012

Texte: Il n'y a pas de bonne fessée


Pourquoi les fessées, les gifles et même des coups apparemment anodins 
comme les tapes sur les mains d’un bébé sont-elles dangereuses ?
Elles lui enseignent la violence, par l’exemple qu’elles en donnent.
Elles détruisent la certitude sans faille d’être aimé dont le bébé a besoin.
Elles créent une angoisse : celle de l´attente de la prochaine rupture.
Elles sont porteuses d’un mensonge : elles prétendent être éducatives alors qu’en réalité elles servent aux parents à se débarrasser de leur colère et que, s’ils frappent, c’est parce qu’ils ont été frappés enfants.
Elles incitent à la colère et à un désir de vengeance qui restent refoulés et qui s’exprimeront plus tard.
Elles programment l’enfant à accepter des arguments illogiques (je te fais mal pour ton bien) et les impriment dans son corps.
Elles détruisent la sensibilité et la compassion envers les autres et envers soi-même, et limitent ainsi les capacités de connaissance.
Quelles leçons le bébé retient-il des fessées et autres coups ?
Que l’enfant ne mérite pas le respect.
Que l’on peut apprendre le bien au moyen d’une punition (ce qui est faux, en réalité, les punitions n’apprennent à l’enfant qu’à vouloir lui-même punir).
Qu’il ne faut pas sentir la souffrance, qu’il faut l’ignorer, ce qui est dangereux pour le système immunitaire.
Que la violence fait partie de l’amour (leçon qui incite à la perversion).
Que la négation des émotions est salutaire (mais c’est le corps qui paie le prix pour cette erreur, souvent beaucoup plus tard).
Qu’il ne faut pas se défendre avant l’âge adulte.
C’est le corps qui garde en mémoire toutes les traces nocives des supposées «bonnes fessées».

Comment se libère-t-on de la colère refoulée ?
Dans l’enfance et l´adolescence :
On se moque des plus faibles.
On frappe ses copains et copines.
On humilie les filles.
On agresse les enseignants.
On vit les émotions interdites devant la télé ou les jeux vidéo en s’identifiant aux héros violents. (Les enfants jamais battus s’intéressent moins aux films cruels et ne produiront pas de films atroces, une fois devenus adultes).

A l’âge adulte :
On perpétue soi-même la fessée, apparemment comme un moyen éducatif efficace, sans se rendre compte qu’en vérité on se venge de sa propre souffrance sur la prochaine génération.
On refuse (ou on n’est pas capable) de comprendre les relations entre la violence subie jadis et celle répétée activement aujourd’hui. On entretient ainsi l’ignorance de la société.
On s’engage dans les activités qui exigent de la violence.
On se laisse influencer facilement par les discours des politiciens qui désignent des boucs émissaires à la violence qu’on a emmagasinée et dont on peut se débarrasser enfin sans être puni : races « impures », ethnies à « nettoyer », minorités sociales méprisées.
Parce qu’on a obéi à la violence enfant, on est prêt à obéir à n’importe quelle autorité qui rappelle l’autorité des parents, comme les Allemands ont obéi à Hitler, les Russes à Staline, les Serbes à Milosevic.
Inversement, on peut prendre conscience du refoulement, essayer de comprendre comment la violence se transmet de parents à l’enfant et cesser de frapper les enfants quel que soit leur âge. On peut le faire (beaucoup y ont réussi) aussitôt qu’on a compris que les seules vraies raisons de donner des coups «éducatifs» se cachent dans l’histoire refoulée des parents.

Alice Miller
(Chacun est libre de diffuser ce texte, sous condition de ne rien y changer.)

Tract issu d’un document proposé par La Maison de l’Enfance, à l’occasion de la journée de la non violence éducative le 30 avril. Le document est disponible via le site de Catherine Dumonteil-Kremer.

Autres ressources proposées par le tract :
Le site de l’association “Ni claques ni fessées” : http://www.niclaquesnifessees.org/
Le site de l’Observatoire de la Violence Educative Ordinaire : http://www.oveo.org/
Le site de La Maison de L’enfant : http://www.lamaisondelenfant.org

6 commentaires:

  1. Je ne peux croire qu!il y a encore des parents qui frappent les enfants.
    Rien que d!y penser, j'ai mal.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Fanfan,

      je viens juste d'aller sur ton site, c'est drôle :)

      Et oui, c'est une "tradition" ancrée dans les moeurs malheureusement... une fessée, "ça ne fait pas de mal", "ça n'a jamais tué personne" et autres phrases qui banalisent le fait d'user de violence et de force. Pourtant, lorsque justement, on en arrive là, c'est qu'il y a échec. Je ne cherche aucunement à culpabiliser bien entendu, mais à amener une prise de conscience pour faire cesser cette enchaînement de violence subie et perpétrée par la suite...

      Bonne soirée!

      Supprimer
  2. Karine Le Goaziou2 février 2012 à 13:41

    Merci Aurore de te faire le relais de l'une des valeurs les plus essentielles que mon chemin me mène à promouvoir de façon inconditionnelle.
    Et oui, 80% des parents en France donnent aujourd'hui des fessées à leurs enfants, triste constat... La priorité est, pour ma part, la rééducation des parents ou la déséducation des parents pour qu'au-delà de ce qu'ils ont vécu, ils ne reproduisent pas l'oppression que nous avons tous subie (si ce n'était pas la fessée, c'était les chantages, manipulations, humiliations et autres...), et qu'ils libèrent ainsi leurs enfants pour leur permettre de pouvoir être pleinement dans le respect de toutes leurs potentialités. Merci merci encore Aurore !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Karine,

      merci de ton commentaire.
      En effet, tu as raison de préciser, je te remercie. Je partage ton opinion, l'éducation des enfants passe pour une grande partie par celle des parents. Par déséducation, j'entends déconstruire les schémas établis, dans lesquels on retrouve beaucoup de peurs et de colère, qui font que l'on participe à ces cycles de violence, de chantage affectif, d'amour conditionnel, de contrôle... Une simple prise de conscience peut changer beaucoup de choses...

      Belle journée, Karine! A bientôt.

      Supprimer
  3. Il faut absolument éviter les fessées! Car d'après une récente étude, les fessées de l'enfance ont des répercutions néfastes sur l'enfant devenu adulte : désordres comportementaux ou des problèmes d'alcool ou de drogue!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois aussi que toute forme de violence envers un enfant n'est pas sans conséquence....
      Merci de votre commentaire :)

      Supprimer