dimanche 30 novembre 2014

Le temps juste dans l'éducation

 
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Slow, fast ou temps juste ?

Quand je parle d’« éducation lente », je me situe en opposition au rythme effréné de l’éducation d’aujourd’hui, basé sur la compétition, la performance, l’efficacité illusoire d’un système unique. Cette même éducation qui fait croire aux parents que leur enfant est en retard. Celle qui fait que des parents démunis cherchent à régler rapidement les « problèmes » de leur enfant tandis qu’un coach familial offre des solutions clés en main garanties en 3 semaines. On n’a jamais autant parlé des rythmes (scolaires par exemple) tout en ignorant effrontément ceux de l’enfant, pourtant premier intéressé. Parfois même, certaines pédagogies attentives aux rythmes de l’enfant sont détournées à des fins d’efficacité et de performance. Les conséquences sont les suivantes : au pire, perte de confiance en soi et de l’estime de soi, perte de l’écoute de son rythme propre, sentiment d’échec, stress et pathologies liées à ce dernier, ou au mieux devenir le grand gagnant d’une mascarade durant laquelle on aura réussi, mais peut-être pas compris tout ce que nous sommes censés avoir étudié. Mais en réalité, il ne s’agit même pas d’être lent. Il s’agit de laisser le temps juste dont a besoin chaque enfant. Il s’agit de retrouver son propre rythme, et de s’écouter. 


Réussir ou s’épanouir ?

Grandir prend du temps, le temps nécessaire à chaque enfant, qui va à son propre rythme. Maria Montessori a bien mis en valeur la nécessité de respecter les rythmes et les processus psychiques de l’enfant. Dans la pédagogie Steiner, les rythmes de l’année, les fêtes et les saisons, bercent l’année.

Aller à son rythme : il s’agit bien d’ « être » en premier lieu, car l’apprendre, le grandir en dépendent, et non l’inverse. Plus je laisse mon enfant gérer son rythme et ses besoins, et plus je favorise son autonomie, sa liberté, sa confiance, mais aussi ses capacités d’apprentissage. Ce temps est précieux : ce n’est pas tant le résultat qui compte, mais le processus que parcourt l’enfant qui va l’enrichir.

De même que la patience, ainsi que l’écoute active, résoudraient un grand nombre des « problèmes » de l’enfant. Prenons-nous le temps de l’écouter, vraiment ? Prenons-nous le temps de le regarder, vraiment ? Prenons-nous le temps de le toucher, vraiment ? Sans le juger, sans rien lui demander mais dans l’accueil de l’être unique et merveilleux qu’il est.

Réussir n’est pas une fin en soi, tandis qu’apprendre, actualiser nos connaissances selon nos besoins, de manière connectée à la vie, fait sens. Pourquoi faudrait-il limiter les apprentissages à la première partie de la vie, alors que nous apprenons tout au long de notre existence, de façon formelle ou informelle, consciemment ou non ? En fait, l’éducation – ou plutôt les savoirs (faire/vivre/être), ne sont finalement pas quantifiables ni notables. Acceptons de lâcher-prise avec cette obsession de l’évaluation – soyons humbles devant la complexité de l’homme et de la vie… Question de bon sens.

Prendre le temps nécessaire, c’est aussi une manière d’envisager la vie, et pas simplement l’éducation. C’est rendre de la valeur et du sens à son cheminement personnel et au vivre-ensemble ; et bien sûr s’interroger sur notre propre rapport au temps. Privilégier la qualité à la quantité, vivre le moment présent. Cela est valable tant pour l’éducation que pour l’alimentation, le sommeil, la guérison du corps, ou encore les émotions, etc.  Remarquons combien les enfants ne conceptualisent pas les notions de durée, mais vivent toujours au temps présent. Le temps présent est un cadeau…

Vivre à son rythme, c’est aussi respecter les cycles de la nature : les retrouver, les entendre, les vivre. Dans la nature, tout est cycle : les saisons, les jours et les nuits, les marées,… conditionnent le vivant. L’homme n’y échappe pas, bien qu’il pense pouvoir s’en dédouaner. Mais à quel prix ?
Celui qui cultive quelques légumes sait qu’il ne servirait à rien de tirer sur les pousses à peine sorties de terre, ce serait destructeur. Et pourtant, n’est ce pas ce que ce système fait avec nos enfants ?

Il y a donc prise de conscience du lien qui unit l’homme et la nature, car « tout ce qui est cosmique concerne essentiellement l’homme, tout ce qui est humain concerne essentiellement le cosmos. » nous dit Edgar Morin. Chez Nietzsche également, « Tout individu collabore à l’ensemble du cosmos. »

Il s’agit alors de se déconditionner d’un système de pensée qui avait pour habitude de placer l’homme au centre de l’univers – anthropo-centrisme -  pour lui rendre une place plus juste. Et surtout, de réfléchir et d’agir en vue d’une nouvelle manière d’habiter le monde.



« (…) si nous nous plaçons à la fin de ce très long processus, là où l’arbre porte ses fruits (…) nous trouvons le fruit le plus mûr de l’arbre, l’individu souverain, celui qui n’est semblable qu’à lui-même, qui s’est affranchi de la moralité des mœurs, l’individu autonome et supramoral (…) bref, l’homme qui a sa volonté propre, indépendante, et durable (…) et une conscience véritable de sa puissance et de sa liberté, sentiment d’accomplissement de l’homme. »
Nietzsche[1]




[1] NIETZSCHE, 1985. La généalogie de la moraleParis : Ed. Gallimard-folio, p.61-62

samedi 29 novembre 2014

La gratitude

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Le mot gratitude vient du latin gracia, « la grâce ». La gratitude est bien une grâce : imprévisible et gratuite, inespérée parfois, joyeuse, et génératrice de reliance.
Pour Spinoza, la gratitude est « le désir ou l’élan d’amour par lequel nous nous efforçons de faire du bien à celui qui nous en a fait par un sentiment d’amour. »
Elle n’est pas la politesse et n’exige pas de rendre la pareille à l’autre, mais emplis de gratitude, nous serons alors les dépositaires de « quelque chose » dont nous avons envie de faire don. Un surcroît de joie, dans le partage, qui rend la vie plus belle encore.

Si Spinoza insiste sur l’amour, c’est bien parce qu’il s’agit là de l’intelligence du cœur, d’ouvrir son cœur, et s’autoriser enfin à recevoir. La gratitude contribue ainsi à la pleine santé émotionnelle, à la guérison des blessures de l'âme et du coeur. 

La gratitude est liée à la reconnaissance : et la reconnaissance, n’est ce pas une manière de refaire la connaissance (naître avec) de soi-même et des autres ? Gratitude d’exister, gratitude d’être. Et de reconnaître l’autre en moi, et moi en l’autre. De voir combien nous sommes liés ? Je prends alors conscience du miracle que cela représente… Gratitude d’exister. N’est ce pas exactement ce que nous ressentons lorsque nous plongeons nos yeux dans ceux d’un nouveau né ?

Nous ne pouvons pas exiger la gratitude, elle ne se commande pas, car alors, nous briserions l’élan même de gratitude. Mais je la découvre en moi, je l’offre, et la reçoit qui le souhaite. Mais même refusée, elle n’est jamais perdue.
De même que la gratitude est un état d’être, il ne peut s’enseigner – tout au plus, nous pouvons inviter notre enfant à partager ce chemin avec nous. Nous lui offrons pourtant  notre gratitude : de nous permettre de grandir à ses côtés, d’apprendre à l’accepter et à l’aimer tel qu’il est, unique, sans attentes et sans jugement, dans la présence de l'instant.

Plus que jamais, nous avons besoin de gratitude. Il se pourrait même qu’elle change la société et le monde, qu’elle soit un rempart éthique à une économie marchande devenue sauvage. Car ce n’est pas un prix qu’elle fixe, mais une valeur qu’elle ajoute : la valeur de la vie, un surcroit d’amour. Dans le climat actuel de victimisation, souvent morose et plaintif, la gratitude nous permet de retrouver la responsabilisation de notre mieux-être : la possibilité m’est offerte d’être dans la joie et la gratitude, même si…

Alors, oui, la gratitude est une grâce : elle ouvre grandes les portes vers la joie, la confiance, la célébration, la réjouissance, la bénédiction, l’abondance, la jubilation même.  Nous avons tous, chaque jour, des petits bonheurs, de bons moments, des sourires, des cadeaux du ciel, pour lesquels nous pouvons ressentir de la gratitude. Célébrons !


« L’essence de tout bel art est la gratitude. » 
Friedrich Nietzsche


mercredi 26 novembre 2014

Quelle autorité?

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Bien souvent, quand on pense éducation, on pense autorité. L’autorité est en effet un thème qui revient bien souvent, et accompagné de croyances telles que : « un enfant a besoin d’autorité, de cadres, de limites, de règles, etc. »

Mais revenons à la définition même de ce terme : qu’est ce que l’autorité ?
Selon le dictionnaire Larousse, l’autorité est le « pouvoir de décider ou de commander, d'imposer ses volontés à autrui », « Ensemble de qualités par lesquelles quelqu'un impose à autrui sa personnalité, ascendant grâce auquel quelqu'un se fait respecter, obéir, écouter »[1].
Nous insisterons sur les termes : pouvoir, commander, imposer, obéir.

Aussi, je peux ajouter de nombreux qualificatifs au terme, tels que « naturelle », « bienveillante », « authentique », ou encore complexifier le concept à l’aide des sciences de l’éducation ou de la psychologie, il n’en reste pas moins qu’elle institue toujours une relation de pouvoir, une relation de dominant/dominé.  

Michel Serres disait ainsi que « La seule autorité possible est fondée sur la compétence »[2], mettant en relation le terme avec la valeur morale de l’humain, qui doit faire grandir l’autre. Grandir l’autre, l’élever, n’est ce pas le principe de base de l’éducation ?
Dans son travail,  il a également mis en valeur la perte de crédibilité des adultes, évoqué l’autonomie des enfants dans leurs apprentissages et la nécessité de repenser et reconstruire les relations parent-enfant, maître-élève, État-citoyen.
Pour Serres, enfin, « L'autorité doit être une forme de fraternité qui vise à tous nous augmenter. » Cela signifie que bien évidemment, nous changeons de paradigme, pour une nouvelle conscience où nous serions tous gagnants.
Finalement, les seuls qui prônent avec force l’autorité ne sont-ils pas ceux-là même qu’elle arrange, à qui elle confère cette illusion de pouvoir et de puissance ? Sur quelle base, quelle crédibilité, quelle légitimité ?
Ou bien ceux qui sont rassurés par son évocation ; quand on a toujours vécu avec une croyance, on a du mal à s’imaginer vivre sans celle-ci. Le parent qui a entendu et vécu l’autorité dans son enfance, a du mal à imaginer comment faire sans celle-ci.

Ce questionnement est donc de mise dans l’éducation. Récemment paraissait un article intitulé « Les spécialistes de l’éducation ne sont pas ceux et celles que vous croyez »[3], qui mettait en valeur ces experts animés par la « volonté de diriger, voire de contrôler leur public, ces faux spécialistes compensent leur manque de connaissances par une image inflexible, autoritaire et implacable et usent de propos décontextualisés, fragmentés et souvent déconnectés de la réalité. »

Il s’agit non seulement d’une invitation à ne pas accorder de crédit à n’importe qui sous prétexte d’un titre ou d’une fonction, mais surtout d’une invitation à s'en libérer et à se responsabiliser : se faire confiance, s’écouter, et apprendre, toujours.

Finalement, la question fondamentale et essentielle à poser est celle-ci : qu’est ce que je souhaite créer comme relation avec mon enfant ? Pour ma part, je préfère quitter la sphère de l’autorité et créer une autre relation, une relation respectueuse, aimante, bienveillante pour chacun.

Il s’agit d’un changement de paradigme. Einstein disait à juste titre qu’« un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu'il a été créé. »
C’est exactement de cela dont il est question ici. L’éducation, telle que nous l’avons envisagée jusqu’à présent (sauf quelques exceptions et alternatives) se situe encore et toujours dans la perspective de l’autorité. Tous les rapports que nous entretenons avec les enfants sont érigés sur une base autoritaire, qui nous donne l’illusion ou l’impression d’avoir le contrôle. Nous vivons dans une société hyper-contrôlante. Mais la vie ne se contrôle pas, elle se vit, s’expérimente, se jouit… L’éducation, hors de ces enjeux de pouvoir, est un grand bonheur partagé, une joie quotidienne, un émerveillement. Cela en vaut la peine non ?

mardi 25 novembre 2014

Du bon sens et de la simplicité...

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Je vous choquerai certainement en vous affirmant que non, l’enfant n’a pas besoin de limites, ni d’autorité, ni d’obéissance, ni de punitions ou de récompenses. Il n’a pas besoin non plus qu’on lui apprenne à apprendre. Ou encore que l’on modifie ses comportements pour notre propre confort.

Tout cela ne lui apprend qu’une chose : à se soumettre à l’autorité et aux lois, et non à respecter ses parents ; à être dépendant de quelqu’un (et donc manipulable) et à ne plus croire en lui, en ses capacités et son potentiel. Il apprend l’humiliation, la peur, et la loi du plus fort.  Il n’est alors plus capable d’écouter ses émotions et ses besoins, mais prend l’habitude de les refouler pour obéir et/ou faire plaisir à l’adulte. Toute intervention non sollicitée met en péril les processus émotionnels et psychiques de l’enfant. Les « problèmes » de toutes sortes que l’on voit apparaître chez les enfants ne sont que les symptômes d’une société malade qui n’écoute pas. Et quel en est le prix ?

A l’inverse, l’enfant qui a appris à respecter ses besoins et à s’écouter, respectera ceux de l’autre. L’enfant qui aura été sécurisé (à l’aide du parentage, du maternage, etc.) et respecté dans son intégrité bénéficiera d’un solide ancrage pour découvrir le monde. L’enfant que l’on aura laissé libre et responsable dès tout petit le sera toujours au cours de son existence, cheminant vers l’épanouissement de son être. L’enfant qui s’accepte tel qu’il et s’aime aimera naturellement les autres. L’enfant que l’on n’aura pas forcé à apprendre sera toujours autonome, enthousiaste et émerveillé dans ses apprentissages. Son éducation durera le temps de sa vie, car il sait qu’apprendre c’est vivre, et vivre c’est apprendre.

Soyons clairs : il ne s’agit pas là de laxisme, mais au contraire, d’un travail éducatif d’une rare exigence, au cours duquel on apprend à faire confiance à son enfant, à ne pas intervenir dans les processus qui lui appartiennent ; mais à le laisser vivre les expériences de la vie afin d’en apprendre les leçons. Respect va de pair avec intégrité. Ce travail consiste pour une grande partie de guérir l’enfant (souvent) brimé que nous avons été, de déconditionner l’adulte que nous sommes devenus.

Il ne s’agit pas d’ajouter de la théorie et de la complexité à l’éducation - il n’existe pas d’outils efficaces infaillibles - mais de déconstruire tout cela, pour (s’) entendre, retrouver le bon sens et la simplicité de l’intelligence du cœur. De reprendre confiance en nous !

Le parent ou l’accompagnant doit apprendre à laisser de côté l’efficacité, les résultats, les performances, les "il faut" (au nom de quoi?). A lâcher prise avec les attentes parfois surréalistes qui parasitent la relation, et sapent la confiance en soi naturelle de l’enfant. Cesser les rapports de force et de domination, et apprendre à vivre la relation de manière consciente.

Et toujours, apprendre à être l’accompagnant bienveillant dont l’enfant a besoin : le parentage, l’écoute active, la communication non violente seront toujours les outils les plus épanouissants que l’on utilisera pour créer cette éducation consciente. Etre présent, dans le moment, disponible, ouvert, sans jugement, avec empathie. S'émerveiller. Un zeste d'humour, des tranches de rire... Et prendre le temps de rire et de jouer… Voilà peut-être tout ce dont nous avons besoin, en tant que parent et accompagnant.

lundi 24 novembre 2014

« Garder le fil de la merveille »

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« Garder le fil de la merveille » écrivait Christiane Singer.
Les enfants, non encore initiés à la lassitude du monde et de l’éducation, s’émerveillent sans cesse. Tout, dans le quotidien, est prétexte à s’étonner et se réjouir.

En fait, l’émerveillement échappe aux savoirs, aux connaissances, mais il peut aussi les porter, et se faire le moteur enthousiaste de la découverte du monde et de la vie. L’éducation devrait être une suite incessante de découvertes et de surprises, tout au long de la vie ; et dès lors, l’émerveillement serait la clé de voûte de tout apprentissage, en révélant le sens profond.

Une éducation émerveillée signifie pour le parent la capacité à s’« élever » - sens premier d’ « éduquer » - souvent au prix d’un travail de conscience important. Il sera nécessaire de laisser les attentes et demandes – mais aussi les peurs et les culpabilités - que nous projetons sur nos enfants, pour aller à la rencontre de l’enfant, tel qu’il est, et voir qu’il est une merveille. Oui, cet enfant, tel qu’il est, est merveilleux, plein de qualités, de talents, de dons : il est unique. Chaque accompagnement sera forcément unique.

S’émerveiller de son enfant est la base d’une éducation bienveillante et consciente. L’enfant peut être le guide de son éducation, c’est à dire qu’il emmène ses parents vers sa propre autonomie. Pour le parent, éduquer devient alors plus simple et plus instinctif : il s’agit avant tout de se mettre à l’écoute, de manière active, et de répondre aux besoins de son enfant tout en le laissant responsable et intègre.

Le chemin ne ressemblera sans doute pas du tout à ce que vous imaginiez, il paraitra parfois incompréhensible, voire irrationnel, sans repère aucun, sans vérité solide à laquelle s’accrocher, parsemé d’ « erreurs », mais il sera tellement merveilleux. Un constant rappel à l’essentiel. Encore une fois, ce n’est pas le but qui importe, mais le chemin !

L’émerveillement mène donc à la confiance : quelle chance que d’avoir fait confiance à son enfant, de l’avoir respecté dans son être, de l’avoir accompagné avec cette qualité d’être, et de toujours refaire sa connaissance… Et de nous accompagner nous-mêmes de la sorte.

Ce cheminement fait aussi la part belle à la joie, au plaisir et au désir, c’est à dire à « l’accroissement de l’intensité vitale »[1] : c’est la puissance de la vie qui s’exprime ici, dans toute sa splendeur. Imaginez la saveur de la première pomme croquée, la beauté d’un printemps renaissant, le bonheur et l’enrichissement des relations tissées, ou même l’enthousiasme et la satisfaction lorsque l’on parvient à jouer d’un instrument après s’être longuement entrainé, ou la joie d’avoir compris quelque chose !… 
L’émerveillement est une invitation à prendre le temps, à la contemplation – dans ce monde où tout va trop vite, où l’on ne prend plus la peine de regarder, de sentir… Nous sommes ici pour vivre, nous émerveiller, et créer une existence heureuse.

De cette capacité à s’émerveiller dépend rien de moins que la société de demain et l’avenir de notre monde. Car celui qui s’émerveille se sent aussi responsable d’entretenir la beauté, la bonté, la poésie ; d’y participer et de contribuer au réenchantement du monde.  L’émerveillement est en réalité chose sérieuse, choix d’une intelligence lucide.

Je terminerai par cette sentence de Bachelard :
« Il est des heures dans l’enfance où tout enfant est l’être étonnant, l’être qui réalise l’étonnement d’être. »

Et je vous conseillerai le bel ouvrage de Denis Marquet, Nos enfants sont des merveilles: les clés du bonheur d'éduquer (2012, Ed. du Nil).






[1] MARQUET Denis, 2012, Nos enfants sont des merveilles: les clés du bonheur d'éduquer. Ed. du Nil, p.49

"Merveille", fragments poétiques


Je ne l'avais pas encore murmuré ici... 

Qu’est-ce qu’une naissance sinon un miracle, la rencontre du merveilleux au cœur de l’ordinaire. Merveille est un recueil de fragments poétiques brodés autour de la rencontre d’une mère et son fils. Paroles de l’essentiel, poésie incarnée, ode à la vie naissante au cœur du quotidien.

Aurore Nerrinck, Merveille, 2014, Ed. Edilivre.

dimanche 23 novembre 2014

Education et empathie


L’empathie est la capacité que nous avons à nous mettre à la place de quelqu’un et à  comprendre ce qu’il ressent. C’est une qualité précieuse, qui permet de développer des aptitudes sociales, que ce soit en famille ou en société. Elle favoriserait une culture de la paix et de la non-violence ; à ce titre, elle doit donc pleinement être intégrée au cœur de l’éducation bienveillante. Il semble que l’empathie soit liée à plusieurs éléments, tels que le respect, les émotions, le vivre ensemble, la solidarité, etc.
Récemment, les neurosciences se sont également penchées sur l’empathie, révélant l’existence de systèmes cérébraux spécifiques, neurones « miroir » ou « résonnant ». Elle est, semble t’il, un besoin fondamental de tout être humain – et pourtant, elle est souvent oubliée dans notre culture, ignorée par l’éducation, qui a privilégié et survalorisé le mental et l’intellect.

A partir de quel âge l’empathie se manifeste t’elle chez l’enfant ?
Elle apparait naturellement chez le tout-petit, elle est en fait inhérente à l’humanité. Selon Serge Tisseron, l’empathie se développe réellement chez le petit enfant entre l’âge de 8 et 12 mois. Elle est alors avant tout émotionnelle : l’enfant ressent les émotions de l’autre. Il comprend les émotions et désire aussi venir en aide. Vers ses 4 ans et demi, apparait l’empathie cognitive, l’enfant est alors capable de se représenter l’état mental de l’autre.

  •  Empathie, approche centrée sur la personne, CNV


Si le psychologue Carl Rogers a mis l’empathie au cœur de sa théorie de l’approche centrée sur la personne, celle-ci est également le moteur de la CNV (communication non violente). Nous évoquions la possibilité de l’écoute active ci-dessus, et il est également important de « parler juste » : comment vais-je exprimer mes émotions ? Je reçois, par l’écoute, et je donne, par l’expression – j’accueille - et tout cela sans jugement : toute émotion est légitime. La colère ou la peur par exemple, comme toute émotion, comme tout état, est non seulement légitime, mais aussi momentanément utile, nécessaire, voire salutaire. L’émotion est l’état qui me permet de répondre à une situation ; l’état émotionnel est le moment de décharge, de libération – nécessaire de cette (sur)charge émotionnelle.

  • Auto-empathie


Comment pourrais-je respecter les autres et leurs émotions, si je ne me respecte pas moi-même ? Comment pourrais-je vivre en bonne intelligence avec les autres si je n’assume pas mes besoins émotionnels ? La première partie de ce cheminement est consacrée à la relation que l’individu entretient avec lui-même : il s’agit de l’auto-empathie. Apprendre à reconnaître, comprendre et gérer mes émotions et mes besoins – être en lien avec moi-même – et ainsi être conscient de ce que je ressens et expérimente (plutôt que de rester inconscient ou vaguement conscient et de se laisser maîtriser par des processus qui nous échappent, ne nous appartiennent pas forcément et qui ne sont dès lors pas choisis, mais subis). Par ailleurs, et c’est notre thème de recherche via une éducation joyeuse : la joie doit toujours être notre boussole.

  • Empathie et culture émotionnelle


Il est important d’encourager une culture de l’intelligence émotionnelle, avec moi-même, en tant que parent, mais aussi avec mes enfants. Je peux d’abord faire ce travail personnellement ; être clair quant à mes émotions et mes besoins, exprimer mes demandes, et poser des questions à mes enfants : « comment te sens-tu ? » est un début. J’écoute activement : ainsi, je suis relié à moi-même et aux autres, dans le moment présent. Il est tout à fait envisageable de pratiquer cette « hygiène de vie » émotionnelle au quotidien, tout comme nous prenons la peine de nous brosser les dents le soir.
Michel Claeys Bouuaert, qui a consacré plusieurs ouvrages à l’éducation émotionnelle (Ed. Le souffle d’or) propose par ailleurs sur son site un guide pratique pour éducateurs et enseignants comprenant des exercices à mettre en pratique avec les plus jeunes[1].

L’empathie est à mon sens fortement liée à cette activité et valorisation de l’intelligence du cœur. Elle relève d’un savoir-être, c’est à dire d’une qualité d’être en processus qui se « travaille » tout au long de la vie. Et parce que nous ne vivons pas (encore) dans une culture de la paix et de la non-violence, il nous faudra sans doute faire un cheminement pour nous défaire de nos conditionnements non-bienveillants, voire violents.
Je précise qu’il ne s’agit pas non plus d’aller vers un autre extrême ; nous ne devons pas quitter la condition de bourreau pour celle de la victime (ou l’inverse) ; de toute évidence, ces deux polarités étant immanquablement liées, nous allons généralement de l’une à l’autre, comme s’il s’agissait des deux faces d’une même pièce. Il s’agit au contraire de quitter ces états et d’adopter une posture de responsabilité.

L’empathie ne signifie pas non plus prendre la responsabilité des émotions ou des besoins de l’autre : elle se met à l’écoute, mais ne se substitue pas ; elle accompagne, sans intrusion, et laisse l’autre libre de lui-même, et donc pleinement responsable. Là réside le respect : de soi et de l’autre, et donc l’empathie.

  • Empathie et responsabilisation


Concrètement, il apparaît clairement que nos enfants ont tendance à reproduire nos propres schémas non résolus. La manière la plus pertinente d’encourager l’empathie chez un enfant est de la pratiquer soi-même et avec eux, au quotidien – car nous savons qu’un discours, même répété, ne laisse que peu de traces. Par ailleurs, nous pouvons encourager et nourrir des valeurs positives à travers des lectures inspirantes par exemple (voir ci-dessous).

Il est vraisemblable qu’une éducation bienveillante et consciente (parentage) encourage tout naturellement l’empathie et l’intelligence émotionnelle des enfants. A l’inverse, ce sont au contraire les blessures d’enfance qui engendrent manque d’empathie, narcissisme, fausses croyances limitantes et autres conséquences : si je ne suis pas guéri d’un manque ou d’une souffrance que j’ai vécus, je chercherai à le combler d’une manière ou d’une autre, tout au long de mon existence. La vie et ses expériences sont une constante invitation à guérir, apprendre, grandir en conscience ; s'éduquer, c'est se libérer et se responsabiliser. 

  • Lectures conseillées


Lectures pour les parents :
Michel Claeys Bouuaert, Pratique de l'éducation émotionnelle : Une approche ludique, 2004, Ed. Le Souffle d'Or
Jean-Philippe Faure, Céline Girardet, L’empathie, le pouvoir de l’accueil, 2003, Ed. Jouvence
Jean-Philippe Faure, Eduquer sans punitions ni récompenses, 2005, Ed. Jouvence
Isabelle Filliozat, Au coeur des émotions de l'enfant, 2013, Ed. Marabout
- Que se passe t-il en moi ? 2013, Ed. Marabout

Lecture pour les enfants :

Julie Belaval, Carla Manea (illustrations), Le temps des émotions, 2013, Ed. Rue des enfants, à partir de 4 ans.


Gilles Diederichs, Gestion des émotions - 35 activités pour aider votre enfant à mieux vivre les émotions, 2014, Ed. MANGO


Dharmachari Nagaraja, Histoires d'ailleurs : Petits contes de sagesse bouddhiste pour aider votre enfant à vivre dans l'harmonie, 2014, Ed. Le Courrier du Livre


Michel Piquemal, Philippe Lagautrière, Les philo-fables pour vivre ensemble, 2009, Ed. Albin Michel Jeunesse

David Sander, Sophie Schwartz et Clotilde Perrin (illustrations), Au coeur des émotions, 2010, Ed. le Pommier





[1] PDF disponible à l’adresse suivante, exercice d’empathie p .71 : http://www.education-emotionnelle.com/wp-content/uploads/2012/08/education-emotionnelle-jeunes.pdf

vendredi 21 novembre 2014

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Calendriers de l'Avent, les 24 plus jolies inspirations

Il y a tant de possibilités pour créer un joli calendrier - et le moment de s'y mettre approche à grands pas! Chrétien ou pas, le temps de l'Avent est magique pour tous. Réaliser un calendrier est aussi une occasion d'activité avec son enfant (sauf le remplissage des cadeaux, pour garder l'effet de surprise!) 
J'ai sélectionné les 24 plus jolis calendriers DIY sur le net : à vous de vous en inspirer, de détourner ces idées, de vous amuser! 
Voir aussi mon article de l'an dernier, L'Avent selon Steiner: les calendriers.

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Avec un peu de minutie, pour des mini-cadeaux : un calendrier à base de coquilles de noix.

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Un calendrier réalisé à base de feutrine. Tutoriel dans le lien source.

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Un bâton peint et fixé au mur, quelques fils et de jolies décorations, et le tour est joué! 

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Récupérer 24 bocaux, un peu de papier cadeau pour en faire le tour intérieur et y glisser un petit cadeau... Facile! 

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Même idée que ci-dessus, quelques bâtons, une guirlandes, on fixe le tout et on attache les cadeaux.

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Ici, il s'agit de réaliser de petits ballotins et de les accrocher dans des branchages. 

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Et pourquoi ne pas utiliser un bocal, et le remplir de bâtonnets sur lesquels on aura inscrit des cadeaux tels que des activités autour de Noël?

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 Autre variante autour des noix.

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Si l'on sait coudre, pourquoi ne pas faire un calendrier à réutiliser chaque année?

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Un cintre, du papier, un peu de créativité!

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Le village de l'Avent: 24 petites maisons de papier pour 24 jours.

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Une planche, des pinces à linge... Simplissime.

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Un très joli calendrier géométrique... 

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Et pourquoi pas un arbre à nichoirs? 

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Très simple également, tutoriel et PDF dans le lien.

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Des petits lutins de carton et de feutrine...

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Ici aussi, papier, DIY - PDF dans le lien. 

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Encore un calendrier récup et DIY.

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Inspiration calendrier sapin et tutoriel en ligne.

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Lumière et sobriété pour un calendrier d'inspiration nordique.

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Il suffit de récupérer et de décorer des boîtes de camembert!

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Une forêt de sapins nichée sur des bocaux de récup.

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Un calendrier nuage? 
 
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Encore sur le thème du sapin: quand l'arbre cache le cadeau...