vendredi 21 novembre 2014

De la culpabilité dans l'éducation

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Il faut bien le reconnaître : la pression qui pèse sur les épaules des parents est énorme. Il y a d’abord les injonctions de la société, celles issues de l’éducation que nous avons reçue, d’expériences malheureuses que nous avons vécues, mais aussi tous les avis, sollicités ou non, dont nous sommes abreuvés. Et lorsque nous cherchons des réponses à nos questions, il en vient de partout, souvent en contradiction les unes avec les autres.

Nous en venons à avoir une vision déformée de ce que devrait être la vie, la famille, nos relations à nos enfants, leur éducation ; une vision idéalisée et parfaite. Mais à dire vrai, cette image est fausse : c’est une illusion, produite par l’ego, par le mental. Nous comparons ce que nous croyons devoir être avec notre vie présente, et le décalage nous semble immense. Alors, nous nous sentons en colère, nous ne nous sentons pas à la hauteur, mais dévalorisés, frustrés, humiliés,… Et nous nous sentons coupables. La culpabilité, c’est cette amertume qui ronge le cœur, qui murmure « il faudrait que… » et répond ensuite « oui mais je n’y arrive pas ».

Quand je me sens coupable, je suis « coupée » en deux parties : celles qui juge et se sent alors valorisée et celle qui est jugée et qui se sent alors dévalorisée. Je suis donc séparé de moi-même, et je m’identifie à un « faux-soi ». En fait, il s’agit d’une forme de sabotage : lorsque l’on a oublié qui nous étions vraiment, lorsque nous ne nous autorisons pas à être qui nous sommes, et que nous adhérons aux injonctions extérieures, et nous nous perdons. Pour Jung, la culpabilité vis à vis de soi est un refus de s’accepter soi-même. Il n’est pas possible de s’épanouir en répondant aux demandes provenant de l’extérieur.

Ce mécanisme n’est pas sans conséquences: j’ai alors vis à vis de moi et des autres des attentes invraisemblables. Nos enfants devraient être sages, ou encore ceci, ou cela… Autant d’attentes que nous transmettons dans leur éducation, qui nous renvoient toujours à notre propre jugement de nous-mêmes, à notre propre culpabilité. Pour certains, la culpabilité est si forte qu’elle va jusqu’à entrainer un blocage des émotions, le parent n’étant alors plus capable que d’exercer les gestes de façon automatique, mais sans pouvoir y mettre de l’amour et de la tendresse ; la culpabilité s’accroit alors encore, et le parent est pris dans un cercle vicieux.

Il faut dire qu’il s’agit là d’un vieux réflexe : nous vivons dans une société de la faute et de la culpabilité : il est toujours plus important de chercher des coupables que des solutions à nos problèmes. Mais la culpabilité ne permet jamais d’améliorer la situation : elle est centrée sur le problème, et aggrave celui-ci. Elle fait que j'abandonne une part de la responsabilité de ma vie pour la donner à d’autres (l’entourage, la société, etc.) qui feront des choix pour moi.

Il s’agit donc dans un premier temps de prendre conscience que tous ces conditionnements, toutes ces demandes aliénantes, ont étouffé notre voix profonde. Je choisis de me responsabiliser, car j’ai la responsabilité de mes choix, de mes émotions, et de mes croyances. Il n'y a pas un modèle, mais autant d'expériences que d'êtres humains. Je me libère. Si je suis responsable, je n’ai plus besoin de la culpabilité, car je choisis de me concentrer sur les solutions et résolutions quand survient quelque chose qui ne me convient pas. Ainsi, j’apprends de mes expériences, je grandis, je (me) transforme, j’évolue. 
Il est bien souvent nécessaire de réaliser un travail de déconstruction de ces illusions, pour retrouver  et se réapproprier nos vérités, notre vérité. Qu’est ce qui me rend heureux et me met en joie ? J’ai la possibilité et la responsabilité de choisir : je crée ma vie ! Il est temps de lâcher prise avec les demandes surréalistes, pour enfin accepter ce que nous sommes. Il est temps de (se) pardonner de s’être oublié. Et de voir combien la personne que nous sommes est merveilleuse et pleine de ressources. Nos enfants ne nous demandent pas d’être un parent parfait, aussi lisse qu’une couverture de magazine, mais bien d’être vrais et  authentiques. Si j’apprends à m’accepter, je peux reprendre confiance en moi et m’aimer. De même, j'accepte les autres, mes enfants, sans attentes, tels qu'ils sont, et je peux alors vraiment les rencontrer, faire leur connaissance. 

C’est vrai, ce cheminement peut être long, il peut même durer toute une vie. Aussi long que les blessures et les conditionnements ont été fortement ancrés en moi. Mais de toute évidence, il n’y a pas d’autre chemin menant au bonheur et à l’épanouissement. Et l’important, ce n’est pas la destination, mais bien le chemin. Il est aussi possible, pour s’aider, d’avoir recours à des soins thérapeutiques : sophrologie, relaxation, kinésiologie, EFT, etc.

Joyeux cheminement.



4 commentaires:

  1. Les familles font ce qu'elles peuvent, ou pas, certaines peuvent peu , les chemins ainsi éclairés sont plus accessibles car on y voit mieux !

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    1. Et oui, il faut bien commencer quelque part.
      Et il est vrai que chacun fait du mieux qu'il peut, là où il en est arrivé...

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    2. Billet intéressant notamment cette discussion entre "soi" et "faux soi", finalement une fatigue et perte de temps et d'énergie que l'on p s'épargner encore faut-il parvenir à identifier toutes nos culpabilités et le chemin peut être long. Jamais inutile de s'autoriser le droit à l'erreur.

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    3. Bonjour Lysalys,
      effectivement, ce peut être long et douloureux, d'autant que parfois, il ne s'agit pas de nos émotions cristallisées mais de celles de parents par exemple. Mais rien n'est jamais perdu. Ce travail effectué, nous l'épargnons aussi à nos enfants - c'est un beau cadeau.
      Tout à fait d'accord pour l'erreur: c'est une expérience, hors jugement, qui nous aide à savoir avec plus de finesse ce que nous désirons ou non.

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