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Il n’y a pas d’âge pour faire
l’expérience du chagrin d’amour, si cela arrive en général à l’adolescence, il
faut bien avouer que le tout premier est particulier. L’enfant découvre alors
un panel d’émotions parfois nouvelles, assorties d’incompréhension, de
sentiment d’injustice, de colère, de honte, et de peur du rejet. Il se sent
fragilisé, déçu, voire trahi. Il peut momentanément perdre confiance et estime
de soi, être totalement insécurisé.
En premier lieu, il ne faudra pas
banaliser ce qu’il vit, et encore moins lui dire que ce n’est pas grave, que ça
va passer rapidement (il n’est pas nécessaire non plus de dire que vous l’avez
déjà vécu) – dans ce cas, l’enfant aurait en plus l’impression de ne pas être
entendu ni compris. S’il accepte d’être serré dans les bras, il s’agira de le tenir fermement et
avec tendresse ; s’il se débat, il faudra le maintenir, jusqu’à ce qu’il
se mette à pleurer. Cela l’aidera à libérer les tensions, encouragez-le
(« Tu peux pleurer, vas-y.»). Aujourd’hui, nous semblons avoir oublié que
le chagrin, les pleurs et les sanglots ont des vertus salvatrices, libératrices.
Ensuite, il est possible de parler. Nous pouvons aussi le questionner sur ses
émotions : « comment te sens-tu ? », « que ressens-tu ? »,
afin de l’aider à exprimer, à poser des mots sur son ressenti et l’aider à en
prendre conscience. Il est donc important de respecter le vécu et les émotions
de son enfant, d’écouter avec empathie, bienveillance et non jugement, et de le consoler.
C’est l’occasion d’aborder le
thème des relations amoureuses avec son enfant, en adaptant le discours à son
âge et à son développement.
Il est possible qu’il ne souhaite
ni parler, ni être serré dans les bras, nous respectons bien entendu ce choix,
mais alors, nous restons disponibles et lui faisons savoir.
Il est possible que l’enfant
montre des comportements de colère, tout comme il est possible qu’il
intériorise tout cela. En tant que parent, nous restons à l’écoute, et
intervenons si nécessaire bien sûr. Si le chagrin d’amour dure trop longtemps,
il se peut que ce soit là le tremplin vers un état dépressif. Dans ce cas, on
aura recours à une aide extérieure. Respecter les émotions de son enfant
revient à lui reconnaître le droit à son intégrité.
Les émotions que vivent nos
enfants sont l’expression de la construction et de la conscience de soi :
elles permettent d’appréhender les différentes situations de la vie, d’en faire
l’expérience, tout en grandissant et murissant. En cela, elles représentent une
réponse physiologique suite à une stimulation et possèdent des fonctions biologiques :
gérer l’organisme et produire une réponse adaptée. Elles sont donc d’une grande
importance, et doivent pleinement être prises en compte au sein d’une éducation
bienveillante et consciente.
La communication non violente
(CNV) est un outil très utile : une communication qui se veut
bienveillante, non jugeante ; permettant aussi au parent d’exprimer ses
besoins et demandes à l’enfant, lorsque qu’il a le sentiment que ses besoins ou
ceux des membres de la famille ne sont plus respectés.
Il faudra le temps à l’enfant de
faire le deuil de cette relation, autant de temps nécessaire selon le degré
d’investissement dans celle-ci - un temps de guérison. En tant que parent, nous
ne pouvons nous substituer à ces processus psychiques et émotionnels qui appartiennent
à l’enfant – il s’agit de son cheminement personnel, individuel, dans lequel
nous ne devons pas nous introduire. Nous sommes des accompagnants
bienveillants, laissant l’enfant vivre cet événement de la manière la plus
autonome possible. Cette expérience le fera grandir, étape après étape :
il ne s’agit pas d’un échec, mais d’un apprentissage de la vie et des relations,
et de la reconstruction de l’estime de soi.
Deux ouvrages à lire :
Isabelle Filliozat, Au cœur des émotions de l’enfant. 2013.
Ed. Marabout.
Bruno Humbeeck, Un chagrin d'amour peut aider à grandir. 2013. Ed.Odile Jacob.
Bruno Humbeeck, Un chagrin d'amour peut aider à grandir. 2013. Ed.Odile Jacob.
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