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Le mot gratitude vient du latin
gracia, « la grâce ». La gratitude est bien une grâce : imprévisible et
gratuite, inespérée parfois, joyeuse, et génératrice de reliance.
Pour Spinoza, la gratitude est «
le désir ou l’élan d’amour par lequel nous nous efforçons de faire du bien
à celui qui nous en a fait par un sentiment d’amour. »
Elle n’est pas la politesse et
n’exige pas de rendre la pareille à l’autre, mais emplis de gratitude, nous
serons alors les dépositaires de « quelque chose » dont nous avons
envie de faire don. Un surcroît de joie, dans le partage, qui rend la vie plus
belle encore.
Si Spinoza insiste sur l’amour,
c’est bien parce qu’il s’agit là de l’intelligence du cœur, d’ouvrir son cœur,
et s’autoriser enfin à recevoir. La gratitude contribue ainsi à la pleine santé
émotionnelle, à la guérison des blessures de l'âme et du coeur.
La gratitude est liée à la
reconnaissance : et la reconnaissance, n’est ce pas une manière de refaire
la connaissance (naître avec) de soi-même et des autres ? Gratitude d’exister,
gratitude d’être. Et de reconnaître l’autre en moi, et moi en l’autre. De voir
combien nous sommes liés ? Je prends alors conscience du miracle que cela
représente… Gratitude d’exister. N’est ce pas exactement ce que nous ressentons
lorsque nous plongeons nos yeux dans ceux d’un nouveau né ?
Nous ne pouvons pas exiger la
gratitude, elle ne se commande pas, car alors, nous briserions l’élan même de
gratitude. Mais je la découvre en moi, je l’offre, et la reçoit qui le
souhaite. Mais même refusée, elle n’est jamais perdue.
De même que la gratitude est un
état d’être, il ne peut s’enseigner – tout au plus, nous pouvons inviter notre
enfant à partager ce chemin avec nous. Nous lui offrons pourtant notre gratitude : de nous permettre
de grandir à ses côtés, d’apprendre à l’accepter et à l’aimer tel qu’il est,
unique, sans attentes et sans jugement, dans la présence de l'instant.
Plus que jamais, nous avons
besoin de gratitude. Il se pourrait même qu’elle change la société et le monde,
qu’elle soit un rempart éthique à une économie marchande devenue sauvage. Car
ce n’est pas un prix qu’elle fixe, mais une valeur qu’elle ajoute : la valeur
de la vie, un surcroit d’amour. Dans le climat actuel de victimisation, souvent
morose et plaintif, la gratitude nous permet de retrouver la responsabilisation
de notre mieux-être : la possibilité m’est offerte d’être dans la joie et
la gratitude, même si…
Alors, oui, la gratitude est une
grâce : elle ouvre grandes les portes vers la joie, la confiance, la
célébration, la réjouissance, la bénédiction, l’abondance, la jubilation même. Nous avons tous, chaque jour, des petits
bonheurs, de bons moments, des sourires, des cadeaux du ciel, pour lesquels
nous pouvons ressentir de la gratitude. Célébrons !
« L’essence de tout bel art est la
gratitude. »
Friedrich Nietzsche
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