samedi 29 novembre 2014

La gratitude

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Le mot gratitude vient du latin gracia, « la grâce ». La gratitude est bien une grâce : imprévisible et gratuite, inespérée parfois, joyeuse, et génératrice de reliance.
Pour Spinoza, la gratitude est « le désir ou l’élan d’amour par lequel nous nous efforçons de faire du bien à celui qui nous en a fait par un sentiment d’amour. »
Elle n’est pas la politesse et n’exige pas de rendre la pareille à l’autre, mais emplis de gratitude, nous serons alors les dépositaires de « quelque chose » dont nous avons envie de faire don. Un surcroît de joie, dans le partage, qui rend la vie plus belle encore.

Si Spinoza insiste sur l’amour, c’est bien parce qu’il s’agit là de l’intelligence du cœur, d’ouvrir son cœur, et s’autoriser enfin à recevoir. La gratitude contribue ainsi à la pleine santé émotionnelle, à la guérison des blessures de l'âme et du coeur. 

La gratitude est liée à la reconnaissance : et la reconnaissance, n’est ce pas une manière de refaire la connaissance (naître avec) de soi-même et des autres ? Gratitude d’exister, gratitude d’être. Et de reconnaître l’autre en moi, et moi en l’autre. De voir combien nous sommes liés ? Je prends alors conscience du miracle que cela représente… Gratitude d’exister. N’est ce pas exactement ce que nous ressentons lorsque nous plongeons nos yeux dans ceux d’un nouveau né ?

Nous ne pouvons pas exiger la gratitude, elle ne se commande pas, car alors, nous briserions l’élan même de gratitude. Mais je la découvre en moi, je l’offre, et la reçoit qui le souhaite. Mais même refusée, elle n’est jamais perdue.
De même que la gratitude est un état d’être, il ne peut s’enseigner – tout au plus, nous pouvons inviter notre enfant à partager ce chemin avec nous. Nous lui offrons pourtant  notre gratitude : de nous permettre de grandir à ses côtés, d’apprendre à l’accepter et à l’aimer tel qu’il est, unique, sans attentes et sans jugement, dans la présence de l'instant.

Plus que jamais, nous avons besoin de gratitude. Il se pourrait même qu’elle change la société et le monde, qu’elle soit un rempart éthique à une économie marchande devenue sauvage. Car ce n’est pas un prix qu’elle fixe, mais une valeur qu’elle ajoute : la valeur de la vie, un surcroit d’amour. Dans le climat actuel de victimisation, souvent morose et plaintif, la gratitude nous permet de retrouver la responsabilisation de notre mieux-être : la possibilité m’est offerte d’être dans la joie et la gratitude, même si…

Alors, oui, la gratitude est une grâce : elle ouvre grandes les portes vers la joie, la confiance, la célébration, la réjouissance, la bénédiction, l’abondance, la jubilation même.  Nous avons tous, chaque jour, des petits bonheurs, de bons moments, des sourires, des cadeaux du ciel, pour lesquels nous pouvons ressentir de la gratitude. Célébrons !


« L’essence de tout bel art est la gratitude. » 
Friedrich Nietzsche


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