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Je vous choquerai certainement en
vous affirmant que non, l’enfant n’a pas besoin de limites, ni d’autorité, ni
d’obéissance, ni de punitions ou de récompenses. Il n’a pas besoin non plus
qu’on lui apprenne à apprendre. Ou encore que l’on modifie ses comportements
pour notre propre confort.
Tout cela ne lui apprend qu’une
chose : à se soumettre à l’autorité et aux lois, et non à respecter ses
parents ; à être dépendant de quelqu’un (et donc manipulable) et à ne plus
croire en lui, en ses capacités et son potentiel. Il apprend l’humiliation, la
peur, et la loi du plus fort. Il
n’est alors plus capable d’écouter ses émotions et ses besoins, mais prend
l’habitude de les refouler pour obéir et/ou faire plaisir à l’adulte. Toute
intervention non sollicitée met en péril les processus émotionnels et
psychiques de l’enfant. Les « problèmes » de toutes sortes que l’on
voit apparaître chez les enfants ne sont que les symptômes d’une société malade
qui n’écoute pas. Et quel en est le prix ?
A l’inverse, l’enfant qui a
appris à respecter ses besoins et à s’écouter, respectera ceux de l’autre.
L’enfant qui aura été sécurisé (à l’aide du parentage, du maternage, etc.) et
respecté dans son intégrité bénéficiera d’un solide ancrage pour découvrir le
monde. L’enfant que l’on aura laissé libre et responsable dès tout petit le sera toujours au
cours de son existence, cheminant vers l’épanouissement de son être. L’enfant
qui s’accepte tel qu’il et s’aime aimera naturellement les autres. L’enfant que
l’on n’aura pas forcé à apprendre sera toujours autonome, enthousiaste et
émerveillé dans ses apprentissages. Son éducation durera le temps de sa vie,
car il sait qu’apprendre c’est vivre, et vivre c’est apprendre.
Soyons clairs : il ne s’agit
pas là de laxisme, mais au contraire, d’un travail éducatif d’une rare
exigence, au cours duquel on apprend à faire confiance à son enfant, à ne pas
intervenir dans les processus qui lui appartiennent ; mais à le laisser
vivre les expériences de la vie afin d’en apprendre les leçons. Respect va de
pair avec intégrité. Ce travail consiste pour une grande partie de guérir l’enfant
(souvent) brimé que nous avons été, de déconditionner l’adulte que nous sommes
devenus.
Il ne s’agit pas d’ajouter de la
théorie et de la complexité à l’éducation - il n’existe pas d’outils efficaces
infaillibles - mais de déconstruire tout cela, pour (s’) entendre, retrouver le
bon sens et la simplicité de l’intelligence du cœur. De reprendre confiance en
nous !
Le parent ou l’accompagnant doit
apprendre à laisser de côté l’efficacité, les résultats, les performances, les "il faut" (au nom de quoi?). A
lâcher prise avec les attentes parfois surréalistes qui parasitent la relation,
et sapent la confiance en soi naturelle de l’enfant. Cesser les rapports de
force et de domination, et apprendre à vivre la relation de manière consciente.
Et toujours, apprendre à être
l’accompagnant bienveillant dont l’enfant a besoin : le parentage, l’écoute
active, la communication non violente seront toujours les outils les plus
épanouissants que l’on utilisera pour créer cette éducation consciente. Etre
présent, dans le moment, disponible, ouvert, sans jugement, avec empathie. S'émerveiller. Un zeste d'humour, des tranches de rire... Et prendre
le temps de rire et de jouer… Voilà peut-être tout ce dont nous avons besoin, en tant que parent et
accompagnant.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis ton blog depuis peu, toujours à l'affût de blogs sympas sur une autre forme d'éducation! ;-)
Je réagis rarement face aux articles, mais là je m'interroge...
Lors d'une formation Thomas Gordon, nous avons fait la distinction entre autorité et autoritarisme. L'autorité inclut l'écoute des besoins de l'enfant et du parent, le respect de l'enfant, la bienveillance et la douceur, à l'inverse de l'autoritarisme.
De même, nous avons évoqué les limites et les règles, en précisant que l'enfant a besoin d'un cadre, et de liberté au sein de ce cadre. Mais cela n'exclut ni la responsabilité de l'enfant, ni sa liberté, ni le respect de son intégrité.
Un nouveau né qui arrive a besoin d'être porté, materné, très entouré. Si ça déjà ce n'est pas un cadre très serré, un bébé en écharpe! ;-) Après, le cadre prend une autre forme bien sûr, toujours respectueuse des besoins de chacun. Comment vivre en famille et en société sans règles, sans cadre... et qui dit règles dit limites!
Ton article est intéressant, il permet d'ouvrir les échanges!
Amicalement,
Hélène
Bonjour Hélène,
Supprimermerci pour ton commentaire.
Je pense que tu ouvres une interrogation et que tu amènes déjà des réponses ;)
Je pense qu'il est intéressant d'interroger cette notion d'autorité. Déjà par la définition du Larousse par exemple: "Pouvoir de décider ou de commander, d'imposer ses volontés à autrui."
Dans cette simple phrase, il y a les termes: pouvoir, commander, imposer.
On est donc dans un rapport de pouvoir. Or, personnellement, ce n'est pas ce que je souhaite établir comme relation avec mon enfant.
On pourra toujours enrober le terme "autorité" de qualificatifs tels que naturelle, bienveillante, souple, etc. Il n'en reste pas moins que nous sommes dans un rapport de force.
Ce que je privilégie, c'est de co-contruire une relation avec mon enfant, et que chacun nous trouvions notre épanouissement. Alors, nous apprenons ensemble à (nous) respecter, à coopérer, à communiquer de manière non-violente.
Quant au nouveau-né, oui il a besoin de tout cela. Cette proximité maximale pour certains enfants fera à merveille la transition entre la vie intra-utérine et la vie après la naissance... Transition: en douceur, prenons le temps... :)
Il s'agit, je le pense, d'un changement important, mais nécessaire, d'un nouveau paradigme.
Commençons par étapes, en douceur, : d'abord en soi, ensuite avec mon entourage, ma famille, et tout cela résonnera et créera une nouvelle société. Voilà le rôle de l'éducation: préparer la société et le monde de demain. Prenons ce temps.
Belle journée,
Aurore
Que j'aime lire votre article et tous ceux qui vont dans ce sens, un grand merci...!
RépondreSupprimerJe suis comme Hélène, friande de blogs et sites qui tendent vers une autre forme d'éducation que la conventionnelle et je ne remercierais jamais assez toutes ces personnes, dont vous faites partie, qui prennent le temps d'écrire et m'inspirent en me rappelant au quotidien le chemin que je veux emprunter.
C'est pour moi primordial de rester connecter à ces lectures car la vie nous fait souvent trop vite oublier le principal...
Aujourd'hui, les notions que je retiens de votre article sont "parent = accompagnant bienveillant de l'enfant" et "respect de l'intégrité de l'enfant".
Par rapport à la discussion entamée dans les commentaires, j'ai suivi des ateliers en discipline positive et j'y ai trouvé bcp de bonnes choses, malgré la polémique sur cette pédagogie. Il est vrai qu'il y est question d'autorité et de fermeté, mais mon vécu de cette formation est que la bienveillance règne toujours en maître.
Cependant, en y réfléchissant bien, on est en plein dans qqch de cadré par le parent, et c'est là que le bas blesse et me renvoie à votre article car qui dit cadre et fermeté dit exercice d'une forme de pouvoir par l'adulte...
Bonjour Karou,
Supprimermerci beaucoup pour votre commentaire, qui me touche beaucoup :)
Tout outil peut se révéler utile dans ce cheminement. Il est bon de se l'approprier, d'en retirer le meilleur et de continuer à cheminer sur sa voie, qui est unique. Pour certains ce sera via de tels ateliers, pour d'autres tel stage, etc.
Et pourquoi pas ensuite, sortir un peu du cadre et de la zone de confort, quand nous sommes prêts? Une méthode seule ne suffit jamais, nous évoluons sans cesse...
Certaines personnes restent dans le cadre, et cela leur convient, très bien. D'autres ont envie d'aller plus loin, et de voir ce qu'il se passe.
Je pense que lorsque nous construisons une relation de respect et de bienveillance, nous n'avons in fine plus besoin de fermeté et de cadre, les choses évoluent naturellement. Cela ne signifie pas laxisme: la vie est faite de multiples expériences, positives ou moins, et nous pouvons utiliser des outils pour nous accompagner et grandir ensemble, que ce soit au coeur de la famille, de la classe ou de la société.
Par exemple, il se passe un incident en famille - nous ne sommes pas parfaits, ça arrive à tout le monde - une dispute éclate. Ok: on gère les émotions, on utilise la CNV et on parle de SOI, pas de l'autre, et on fait, pourquoi pas, un petit conseil de famille pour trouver des SOLUTIONS et non des coupables?
C'est vrai, nous ne sommes pas habitués à cela dans notre éducation, et notre société. Ce n'est qu'un exemple bien sûr, mais je pense qu'en tant qu'être humain, nous valons tellement plus, et avons tellement de potentiel pour vivre une vie pleine et épanouissante. N'est ce pas ce à quoi nous aspirons?
Donnons-nous en les moyens! :)
Bonne après-midi,
Aurore
Cette phrase est forte "lorsque nous construisons une relation de respect et de bienveillance, nous n'avons in fine plus besoin de fermeté et de cadre, les choses évoluent naturellement", je suis d'accord pour l'avoir maintes fois expérimentée.
SupprimerEt il est vrai que lorsque des situations délicates arrivent, c'est très souvent la conséquence d'une absence de respect de l'enfant dans ses besoins et son intégrité.
Votre exemple de la dispute est bienvenu car je suis actuellement en congé parental avec 2 enfants en bas âge et d'âge rapproché, et il m'arrive régulièrement malgré tout de m'emporter lorsque je suis pressée notamment, et que je ne peux pas laisser mon aînée, par exemple, jouer aussi longtemps qu'elle le veut, ou faire sa toilette elle-même, etc. sinon je devrais me lever à 5-6h du mat'...
Dans ces cas-là je crée clairement un cadre et fais preuve d'autorité et ce n'est pas du tout "CNV"...
Merci :)
SupprimerAlors, en premier lieu, nous sommes humains, nous sommes souvent fatiguées en tant que maman, et nous faisons du mieux que nous pouvons. Récemment, j'ai justement écrit un article sur la culpabilité, vous l'avez peut-être lu?
C'est tout à fait normal de ressentir des émotions. Personne ne vous demande d'être un parent parfait et lisse... Mais de gérer au mieux vos émotions, et d'apprendre à le faire. Quand je me suis fâchée et mise en colère sur mon fils par exemple, d'abord je n'ai pas été à l'écoute des mes propres besoins puisque j'en suis arrivée à me mettre en colère. Déjà. Ensuite, je peux très bien lui dire (de manière adaptée à l' âge) que je regrette de m'être mise en colère, que ce n'est pas la meilleure façon de gérer mes émotions, je demande pardon, et je lui demande son ressenti pendant cette colère, j'exprime ma demande, et enfin, je peux le rassurer parce qu'il n'est pas en cause ni responsable de ma colère, que je l'aime, même si je me mets en colère.
Le temps est souvent un facteur délicat à gérer aussi. Cela dépend vraiment de la situation. Mais en tout cas, la CNV peut vraiment aider à gérer ces situations quotidiennes.
Je n'ai pas encore lu votre article sur la culpabilité. Je suis assez indulgente avec moi-même mais je me remets bcp en question pour toujours mieux faire ;-)
SupprimerEt souvent en effet je m'excuse auprès de mes enfants lorsque je me suis emportée, ça me paraît primordial pour les déculpabiliser.
Merci pour le descriptif de votre démarche "post-colère du parent", très instructive, beau modèle !
A bientôt !
Bravo, c'est très sain comme démarche :)
SupprimerAvec joie, je suis ravie que cela vous serve.
Au plaisir!