Il était une fois une jeune fille
qui n’osait jamais dire ses émotions.
A personne, et surtout, surtout pas à
ceux qu’elle aimait !
Bien sûr, il n’est pas toujours facile de dire ses
émotions car des fois cela déborde. Il y a alors des pleurs, des sanglots ou
des rires, des fous rires, des sueurs, du chaud et du froid, bref, plein de
choses qui se bousculent dans le corps.
Il y a aussi les réactions de
l’entourage, qu’elle imaginait:
« Qu’est ce qu’ils vont penser de moi,
qu’est ce qu’ils vont dire ? » Et puis un jour, pour oser parler de ses
émotions, il faut déjà les connaître. Vous les connaissez, vous, vos émotions ?
Essayez
déjà de m’en dire trois pour voir…
Bon, la question n’est pas là, puisque je
raconte l’histoire de la jeune fille qui ne savait pas dire ses émotions.
Un jour qu’elle rêvait éveillée
dans son lit, en regardant le ciel, à imaginer les bonheurs qu’elle pourrait
avoir dans sa vie, elle vit au-dessus d’elle un magnifique arc-en-ciel. Mais ce
qu’il y avait d’étonnant dans cet arc-en-ciel, c’est qu’il possédait une
huitième couleur, la couleur noire. C’est très rare un arc-en-ciel avec huit
couleurs. Et soudain, elle comprit. Elle comprit tout, elle sut comme cela le
nom des émotions qu’elle avait en elle. Grâce aux couleurs de l’arc en ciel. Elle
devina que chaque couleur représentait une ou plusieurs émotions. Chaque
couleur devenait un mouvement de son coeur, une direction de ses énergies, un
élan des sentiments, une vibration du ventre, ou du dos, un scintillement des
yeux….
Le rouge par exemple, le rouge
était la couleur de la passion, du baiser.
L’orange celle de l’abandon, de
l’offrande, du don de soi.
Le jaune celle de la lumière, du
jaillissement, du plaisir. Oui, se laisser emporter, confiante, faible comme un
sourire de printemps.
Et le vert ? Le vert c’était la
couleur du ventre, du mouvement de la vie en elle. De tout ce qu’elle sentait
vrai, véritable en elle !
Le bleu, couleur de la tendresse,
des caresses sans fin, de la douceur et aussi de l’espoir.
Le violet, lui, était une couleur
plus inquiétante, fermée, sourde. Il y a de la violence dans le violet, de la
menace. C’est important de savoir aussi reconnaître cela en soi. Violence que
l’on porte, violence que l’on provoque parfois, violence qui arrive par des
chemins imprévisibles.
Le noir. Ah ! Cette couleur
noire, là, présente dans l’arc-en-ciel. Couleur de la peur, du diable, du
diablotin qu’il y avait parfois en elle.
Et puis la couleur blanche,
couleur du désir. Du désir infini, multiple, qui renaissait en elle, parfois
timide,
d’autres fois plus direct, plus osant ! Cette couleur-là est précieuse,
indispensable, sans elle les autres couleurs n’existeraient pas. Le blanc est
une couleur lumière, qui capte toutes les autres et leur donne plus
d’existence.
A partir de ce jour-là, la jeune
fille, ah! j’oublié de vous dire son nom : Yanou, sut parler de ses émotions,
car il lui suffisait d’en rechercher la couleur. Elle regardait le ciel,
imginait un arc-en-ciel et cherchait la couleur de l’émotion qui l’habitait.
Bien des années plus tard, elle
fut très étonnée d’entendre sa fille lui dire : « Tu sais, Maman, je suis
un arc-en-ciel d’émotions, je les ai toutes quand je danse. J’adore danser. La
danse, c’est le chant des émotions…
Des fois j’éclate quand toutes mes
couleurs, je veux dire mes émotions, se mettent à vivre ensemble. oh ! là là .
Je vais éclater un jour ! »
Je ne sais pas si la fille de
Yanou éclatera comme elle le craint, ce que je sais, c’est que sa mère avait
fait une grande découverte en associant ses émotions aux couleurs de
l’arc-en-ciel.
Jacques Salomé, Contes à guérir, Contes à grandir.
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