vendredi 13 avril 2012

Le yoga à l'école


Entretien avec Micheline Flak
Propos recueillis par Marc Questin
Revue Clés - Retrouver du sens


Le yoga vise avant tout à développer l’attention. Les enseignants rêvaient depuis longtemps de connaître les clefs de la Parole, de pouvoir générer une écoute essentielle et profonde. Ce souhait trouve désormais un début de réalisation grâce à l’entreprise pédagogique du RYE, le Centre de Recherche sur le Yoga dans l’Education. Forte d’une longue et solide expérience de professeur d’anglais et de yoga, Micheline Flak œuvre depuis de nombreuses années à ce que les techniques de yoga, favorisant l’attention et la concentration, soient progressivement introduites dans le cadre du système scolaire. Spécialiste qualifiée des techniques de relaxation profonde, Micheline Flak a organisé depuis 1983 des Forums de Pédagogie. Cette expérience novatrice, positive aussi bien pour les élèves que pour les enseignants, prend ses sources dans les techniques traditionnelles. Dans l’entretien qui suit, elle nous donne son point de vue sur l’apport du yoga à l’éducation. L’introduction des techniques de yoga dans les écoles apporte une contribution subtile et profonde à l’évolution qualitative de l’enseignement.

Nouvelles Clés : Micheline Flak, vous avez fondé le RYE et depuis 1978 vous travaillez sur certaines techniques de yoga dans le cadre de l’Education nationale. Pourriez-vous nous préciser votre objectif ?
Micheline Flak : L’Éducation nationale est assez vaste pour accueillir des formes d’enseignement diversifiées qui peuvent surprendre. Vous avez rappelé très justement que le RYE existe depuis onze ans. Sa date de fondation officielle (loi 1901) date de cette époque, mais bien avant nous avions pris l’habitude de nous réunir régulièrement avec quelques collègues pour réfléchir sur les moyens d’aider les enfants à faire attention. Cela semble tout à fait anodin mais faire acte d’attention est la grande affaire du yoga et des disciplines associées alors qu’en Occident on se contente de répéter" faites attention ! ", " écoutez-moi bien, les enfants ! ", comme s’il était simple d’effectuer cet effort. Or cela exige une éducation. Le développement de la mémoire est une entreprise et le yoga a une très longue expérience des techniques et des moyens à mettre en oeuvre pour rendre le mental actif, et je dirais même pour le rendre réceptif, ce qui est essentiel dans l’apprentissage. On remarque aujourd’hui que les enfants ont des cervelles " comme des passoires ", que ce qui " rentre par une oreille sort par l’autre ". Et on n’a pas fait assez d’études sur les modifications qui surviennent dans le mental lorsqu’on est soumis aux effets du stress. On sait bien, par exemple, que les personnes déprimées ont des pertes de vigilance, d’attention, qu’elles sont plus sujettes aux accidents, du fait de leur inattention. Il s’agit-Ià d’un comportement pathologique. Mais le manque d’attention est un phénomène courant qui touche chacun et particulièrement les jeunes.

N. C. : L’enfant qui pratiquerait certains exercices de yoga pour cultiver son attention développerait donc une certaine protection, un certain détachement vis-à-vis des tentations du monde moderne ?
M.F. : Je le pense. Je fais partie d’une association qui s’occupe de la télévision et de ses effets sur l’esprit des jeunes. Un enfant de douze ans passe plus d’heures devant sa télévision que devant ses leçons et devoirs. C’est bien sûr le contraire d’une assise silencieuse. J’en ai fait l’expérience. Il existe des techniques réparatrices qui peuvent être apprises à l’école ; elles permettent aux enfants de jeter en eux les graines de nouveaux comportements qui les aideront à gérer une manière plus juste d’être et de se divertir.

N. C. : Quelle part faites-vous au corps et de quel oeil vos collègues d’éducation physique regardent-ils votre entreprise ?
M.F. : Cette relation est assez ambiguë. Le yoga est curieusement perçu en Occident. On le conçoit trop souvent sous les effets du seul hatha-yoga. Donc, nous apparaissons souvent aux professeurs d’éducation physique comme des rivaux. Mais pour nous, lorsque nous disons le mot yoga, nous pensons au yoga mental. C’est la forme de yoga en fait qui nous intéresse le plus à l’école, car nous avons affaire à des enfants qui sont limités à un espace très restreint et qui sont assis. Le yoga ne peut se pratiquer qu’entre tables et chaises. Mais on peut s’étirer, apprendre à s’asseoir correctement, à faire une bascule du bassin qui garantisse la santé des lombaires. On peut : apprendre à bailler..., quand on sort d’une interrogation écrite... Les exercices du type respiratoire sont les plus importants. S’y ajoutent égaIement des exercices du type relaxation, dans la position assise. Quant aux étirements, ils représentent 30 ou 40 % du yoga que nous pratiquons en classe.


Le site du RYE - Centre de Recherche sur le Yoga dans l'Enseignement

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