Ce livre rassemble les travaux
des «journées thématiques» organisées en mars 1998 sous l'égide du ministre de
l'Éducation, Claude Allègre. Il s'agissait de montrer qu'il
était possible de répondre aux deux grands défis que la connaissance devra
affronter de plus en plus au cours du troisième millénaire.
- Le
défi de la globalité, que pose l'inadéquation aggravée entre un savoir
fragmenté et compartimenté entre les différentes disciplines d'une part, et des
réalités multidimensionnelles, globales, transnationales d'autre part.
- Le
défi de l'accroissement ininterrompu des savoirs qui rend sans cesse plus
difficile l'organisation des connaissances autour des problèmes essentiels.
Par ces journées thématiques, on
voulait tenter d'intégrer les disciplines dans des cadres de pensée qui
correspondent aux grands problèmes que se pose l'esprit : le monde, la terre,
la vie, l'humanité; de donner une égale importance à la culture des humanités
et à la culture scientifique en les faisant communiquer; de régénérer les
vertus cognitives et existentielles de la littérature, de la poésie, des arts.
Venus de toutes disciplines et
associant leurs compétences, les participants ont apporté la preuve qu'on
pouvait ressusciter une culture et l'enseigner.
Extrait :
« Quels savoirs enseigner dans les lycées? Comment, surtout, établir des
liens entre les différentes connaissances ? Je vais essayer de répondre à ces
questions en pensant aux élèves et à leurs professeurs tout autant qu'à ceux et
celles chargés de concevoir les enseignements du secondaire. Je m'intéresserai
en particulier à la relation entre l'approche analytique des savoirs et leur
approche systémique.
Traditionnellement, les recherches portent sur les causes premières par
le biais de la méthode analytique : le microscope et le télescope sont des
outils qui permettent de disséquer la complexité pour la réduire à des éléments
simples... Mais on a découvert au cours des dernières années, après avoir mieux
évalué les relations des disciplines entre elles, qu'une démarche dite «
systémique » permet d'organiser les connaissances d'une manière différente et
de comprendre non plus seulement par l'analyse, mais aussi par la synthèse.
L'ordinateur peut nous y aider. Il ne s'agit plus uniquement du microscope et
du télescope, mais du macroscope. Celui-ci permet de rendre compte de la
dynamique, des évolutions, en s'aidant de simulations. Grâce aux ordinateurs,
nous sommes en possession, aujourd'hui, de moyens pour mieux comprendre la
complexité et mieux agir sur elle. La démarche analytique a conduit à un
éparpillement des connaissances, à un émiettement des savoirs. Il nous faut les
reconstruire afin de mieux les enseigner.
L'approche analytique et l'approche systémique sont complémentaires.
L'une se focalise sur les éléments, tandis que l'autre s'intéresse surtout aux
interactions entre ceux-ci. L'approche analytique considère la nature des
interactions, tandis que l'approche systémique prend également en compte leurs
effets. La précision des détails prime dans la démarche analytique, la
perception globale dans la vision systémique. La première est indépendante de
la durée, tandis que la seconde l'intègre. » p.397 Joël de Ronay
Edgar Morin, Relier les
connaissances. 1999. Ed. du Seuil. 22,20€
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