Source: Rue 89, 31/03/13
Au cœur d’un écovillage
auto-construit, une école et un collège proposent un projet éducatif original
inspiré de Montessori et d’autres méthodes alternatives.
L’histoire de l’établissement
sonne comme un conte pour petits et grands. Le projet de Sophie Rabhi, fille du
spécialiste mondial d’agronomie biologique et pionnier de l’écologie humaniste Pierre Rabhi, prend forme
en 1999.
La maternité et ses convictions
écologiques l’amènent à créer la Ferme des
enfants, une école maternelle et primaire, d’abord à Montchamp (Ardèche)
chez ses parents. En 2008, elle est transférée au Hameau des buis, un
écovillage pédagogique et intergénérationnel, fondé dès 2002 avec son
compagnon Laurent Bouquet et construit de toutes pièces par ses habitants et
des bénévoles sur un plateau de l’Ardèche méridionale.
En contrebas, la rivière
Chassezac, ses gorges et ses campings, où les touristes s’ébrouent l’été. En
haut, et en pleine nature, l’école, entourée d’une cour de récréation, de
balançoires, d’un jardin et d’une ferme pédagogique. Aujourd’hui, les deux classes
de maternelle et de primaire accueillent cinquante élèves, tandis que le
collège – ouvert en 2011 – reçoit 16 adolescents.
L’influence de Montessori,
Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller et Dolto
L’originalité du projet éducatif
de la Ferme des enfants tient en une idée : changer le comportement des
adultes face aux enfants. Pour y parvenir, l’équipe d’enseignants
(10 personnes) est influencée par la pédagogie Montessori, mais aussi par
Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller
ou encore par l’école de
Neuville (Dolto). Sophie Rabhi explique : « On ne respecte
pas vraiment l’enfant car on ne respecte pas ses besoins. En y arrivant, on
favorise l’émergence d’un être humain accompli. Montessori a trouvé un certain
nombre d’activités qui sont en résonance avec l’enfant, période après période,
pour répondre à ses besoins naturels. On n’agit pas sur lui, on agit sur son
environnement. D’où l’idée de le mettre dans la ferme et la nature. »
Le système classique de notes et
de compétitivité sur l’apprentissage est abandonné. Le petit nombre d’élèves permet
un suivi personnalisé. Les activités manuelles (ferme aux animaux, jardinage…)
sont aussi importantes que les apprentissages « intellectuels ». Le
rôle des adultes est bien défini. Sophie Rabhi raconte : « Le plus
important, c’est l’attitude des adultes : comment est-ce qu’on règle les
problèmes ? Comment éviter les situations de domination ? Comment
abandonner les situations de récompense, de punition ? La bienveillance
est centrale, c’est elle qui apporte la liberté et la fluidité. »
Lutter contre le « formatage émotionnel »
L’adulte qui s’adapte à l’enfant.
Stéphane Villoud, ex-chef d’entreprise, et sa femme ont quitté la ville
(Grenoble) pour changer de vie et d’offrir une éducation à leurs enfants plus
conforme à leurs souhaits. Stéphane pointe : « L’école publique
inflige des douces violences à nos enfants. Il y a un formatage émotionnel
réel, une pression des adultes et des valeurs de performance qui ne nous
conviennent pas. Notre démarche est de critiquer notre éducation en gardant le
positif. On ne veut pas de rupture. On apprend tous les jours, mais on se
questionne aussi beaucoup ».
Le choix concerté de l’école et
de changement de mode vie avec ses enfants est assumé par toute la famille,
mais n’est pas sans créer des ajustements : « C’est un lieu où les
enfants expérimentent l’indépendance. La difficulté pour nous, parents, réside
dans le décalage avec nos règles familiales. »
Les programmes de l’Education nationale pas toujours suivis
Las, cette école n’est pas
accessible à toutes les bourses. Les frais scolaires s’élèvent à
2 600 euros par an et par élève. L’inspection académique a donné le
feu vert à la rentrée 2011 pour que l’école primaire de La Ferme des
enfants passe sous contrat.
L’école et le collège sont soumis
à l’obligation scolaire du socle de
compétence, mais les programmes de l’Education nationale ne sont pas
forcément suivis. L’objectif est d’offrir un enseignement au plus près des
envies de l’enfant. Rodolphe Herino, coresponsable du collège, explique : « On
a rencontré les parents et les ados pour connaître leurs projets à la rentrée.
Pour ceux qui veulent passer le brevet, on va coller au programme de
l’Education nationale. Pour ceux qui veulent une insertion professionnelle
rapide, on va cibler le socle commun et les apports de base, etc. »
Que deviennent les enfants qui
retournent dans le public ? Rodolphe Herino et sa femme Claire, qui
dirigent le collège depuis son ouverture, admettent qu’ « on manque de
recul », mais ont une certitude : « On fait le pari qu’un ado
ayant les connaissances de base, qui est bien dans ses baskets, qui sait
s’exprimer et dire ses émotions, aura les ressources pour se préparer et faire
face à ces situations. »
Le Chassezac dis-tu ? Je connais cette rivière !!! Mais je ne me rappelle pas exactement quand je l'ai croisée pour mon plus grand bonheur... J'aurais pu vivre dans cet endroit. Comme quoi, le hasard, je n'y crois pas, c'est un signe supplémentaire qui me dit que je suis sur la bonne route. Cela va me permettre d'y croire à ce projet !
RépondreSupprimerEt tu as bien raison! :))
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