Le système scolaire démotive et
exclut trop souvent
Christine Legrand – source : La-croix.com
30/05/12
Selon le sondage « La Croix
» Apel/OpinionWay, les parents estiment que de nombreuses compétences ne sont
pas assez valorisées.
Le plaisir d’apprendre, très
présent chez les jeunes enfants, s’érode nettement au cours de leur
scolarité : seuls 42 % des parents de collégiens et 40 % des
parents de lycéens disent qu’ils sont heureux de découvrir.
Surprise de ce sondage ?
Au risque de contredire leurs représentants, la grande majorité des parents
d’élèves (85 %), du public comme du privé, affirment que leurs enfants
sont plutôt heureux d’aller à l’école. Mais il faut apporter à ces
résultats quelques nuances importantes. « Les parents sont dans une
position justificative. Il est difficile en effet pour eux d’imaginer envoyer
tous les jours leurs enfants dans une structure où ils ne seraient pas
heureux », souligne Julien Goarant, directeur d’études à
OpinionWay.
Ce sentiment manque également,
selon lui, d’intensité : seuls 21 % des parents estiment que leurs
enfants sont « tout à fait heureux », et 64 % « plutôt heureux »
. Et il décroît aussi avec l’âge : un collégien sur cinq et un lycéen
sur quatre ne sont pas heureux en classe. Ce qui représente tout de même
plus d’un million d’élèves.
Par ailleurs, quand ils sont
contents d’aller à l’école, c’est surtout pour y retrouver leurs copains (pour
70 % des collégiens et 76 % des lycéens). En revanche le plaisir
d’apprendre, très présent chez les jeunes enfants (notamment en maternelle),
s’érode nettement au cours de leur scolarité : seuls 42 % des parents
de collégiens, et 40 % des parents de lycéens disent qu’ils sont heureux
d’apprendre, de découvrir. Et ils sont encore plus nombreux à se démotiver dans
les milieux sociaux les plus défavorisés.
UN ÉLÈVE EN DIFFICULTÉ A DU MAL À
TROUVER DE L’AIDE
Ce qui les rend malheureux au
collège et au lycée, c’est avant tout la peur de l’échec, que leurs
capacités ne soient pas reconnues. Beaucoup de parents mettent également en
avant les mauvaises relations qu’ils peuvent nouer avec leurs enseignants. Et
les relations conflictuelles qu’ils peuvent avoir avec leurs camarades, pour
ceux qui sont scolarisés en ZEP.
Le bilan qu’ils dressent du
système scolaire actuel n’est pas non plus très positif. S’ils ne remettent pas
en cause le redoublement et le système de notation, 79 % des parents sont
néanmoins d’accord pour dire que beaucoup de compétences des élèves ne sont pas
suffisamment évaluées et valorisées. 60 % d’entre eux pensent aussi que
l’enseignement décourage les élèves en soulignant leurs faiblesses au lieu de
valoriser leurs points forts, et 67 % estiment que la peur de l’échec les
paralyse.
Ils sont encore plus nombreux à
penser qu’un élève en difficulté a du mal à trouver de l’aide (68 %).
Autrement dit, pour une large majorité de parents, le système scolaire démotive
et exclut de nombreux jeunes, parce qu’il ne leur apporte pas l’aide nécessaire
et/ou ne les met pas en situation de faire valoir leurs capacités personnelles.
Une refonte générale du système
s’avère nécessaire pour la majorité d’entre eux : 57 % estiment
également que les méthodes pédagogiques sont dépassées et les journées
scolaires trop chargées. Enfin, un décalage important existe entre les qualités
qu’ils estiment les plus valorisées aujourd’hui (la capacité de travail, la
discipline, la rigueur, l’esprit de compétition) et celles qu’ils aimeraient
voir valorisées davantage : la curiosité personnelle (58 %), la
créativité (53 %) l’esprit critique (41 %) ou encore la capacité à
s’engager (31 %). Ce sont en effet des qualités essentielles, trop
négligées dans l’école, mais dont les adultes de demain auront sans doute
grandement besoin.
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