Source: PsychoEnfants
par Elisabeth Petit
Nos enfants n'ont pas le temps de
s'ennuyer. Ils ont souvent un emploi du temps de ministre. Pourtant, leur
permettre de ne rien faire, de s'ennuyer, stimule leur inventivité, en les
incitant à être à l’écoute de leur monde intérieur et de leurs désirs. Alors,
ménageons-leur des plages d’ennui !
Considérée, il n’y a pas si
longtemps, comme « la mère de tous les vices », l’oisiveté possède,
aujourd’hui, des vertus reconnues. L’ennui est même une expérience formatrice,
indispensable à l’équilibre et à la construction psychique de l’enfant. « L’absence d’activités stimule son désir et
son indépendance de pensée, l’incite à faire preuve d’initiative et à ne plus
tout attendre des adultes », résume Roger Teboul, pédopsychiatre.
Occuper sa solitude pour qu'il ne s'ennuie pas
Placé face à un manque, l’enfant
apprend à occuper sa solitude tout seul, à être à l’écoute de ses émotions et
de ses envies. Ces moments vont lui permettre d’être, demain, un adulte qui ne
s’ennuie pas, de découvrir et explorer ses ressources personnelles, de
développer imaginaire et monde intérieur. Lorsqu’il s’ennuie, l’enfant
appréhende la réalité différemment : il perçoit des sensations subtiles et des
détails qui lui échapperaient, s’il était trop occupé. « Cela peut être le chant d’un oiseau ou les nuances d’une peinture. Cela
l’aide à développer une sensibilité et une capacité d’observation propices à la
créativité », résume Roger Teboul.
Combler l’ennui
Mais les bienfaits de l’oisiveté
ne se limitent pas à l’enfance. Apprendre à cultiver, dès ses premières années,
sa capacité à combler le manque généré par l’ennui, aide en effet, ensuite, à
éviter de devenir un adulte suractif, par peur du vide.
« Lorsqu’on a appris à puiser en soi les ressources nécessaires pour
s’occuper, on éprouve moins le besoin de se réfugier dans l’action ou le
travail, par crainte d’affronter ses émotions. Le vide et l’idée de mort qu’il
sous-tend deviennent moins angoissants. On ne ressent plus la nécessité de se
rassurer en accumulant les activités pour le combler à tout prix »,
explique Etty Buzyn.
Ménager des plages pour l'ennui, la liberté
Sans laisser l’enfant totalement
livré à lui-même, il est essentiel de ménager quelques moments où il puisse
meubler son temps à sa guise. Une stratégie adoptée avec bonheur par Sandrine,
mère de Dorian, 5 ans. « Lorsque mon fils
me dit qu’il ne sait pas quoi faire, je l’encourage à fermer les yeux et à
laisser les idées venir. Elles ne se font jamais attendre bien longtemps ! Dès
qu’il a trouvé de quoi s’occuper, je n’oublie pas de le féliciter »,
explique Sandrine. De quoi inciter Dorian à cultiver, en douceur, sa créativité
!
À lire
L’ennui et l’enfant, revue du Grape n°60, collectif, éditions Erès,
13 €.
Je m’ennuie, Roger Teboul, Louis Audibert, 5,95 €.
Papa, maman, laissez-moi le temps de rêver, Etty Buzyn, Albin
Michel, 15 €.
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