dimanche 12 août 2012

Les enfants et la musique classique



Une demi-heure de musique classique par jour : c’est désormais obligatoire pour tous les enfants de Floride, aux Etats-Unis. Votée il y a quelques mois et surnommée Beethoven’s Babies Bill, la loi 660 n’a pas pour seul objectif d’aider les petits à s’endormir à l’heure de la sieste, elle vise également à stimuler d’une façon harmonieuse leur développement cérébral.



Un cerveau mélomane


Selon le psychologue américain Howard Gardner, la créativité musicale est l’une des fonctions fondamentales du cerveau, au même titre que le langage et la logique mathématique. Au Centre de neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire de Californie, le physicien Gordon Shaw et la psychologue Frances Rauscher ont mené une expérience auprès d’une cinquantaine d’enfants de 3 et 4 ans, répartis en trois groupes : pendant huit mois, le premier groupe a reçu des cours individuels de piano et de chant ; le deuxième, des cours d’informatique; le troisième n’a reçu aucune formation spécifique. Les enfants ont ensuite subi des tests de reconnaissance spatiale (arrangement de puzzles, assemblages de volumes, mise en couleurs d’éléments en perspective, etc.). Le groupe des pianistes en herbe a obtenu un résultat supérieur de 31 % à celui des autres enfants ! L’apprentissage précoce de la musique favoriserait donc le développement des circuits neuronaux dans les zones de représentation spatiale du cerveau.

Par ailleurs, une équipe de chercheurs chinois vient de démontrer qu’en stimulant la mémoire, l’apprentissage de la musique favorisait celui du langage. Ces études montrent surtout que, au cours des premières années de la vie, le cerveau – donc la façon de penser, de réagir, de se comporter – ne se construit pas seulement à partir des stimuli visuels et de l’ambiance familiale, mais aussi en fonction de l’environnement sonore. La manière dont il est structuré peut ainsi correspondre au style de certaines musiques. Par exemple, un cerveau « logique » et analytique se sent dans son élément avec une musique dite « intellectuelle ». C’est pourquoi beaucoup de mathématiciens adorent Bach ! Un cerveau « intuitif » ou « émotionnel » est plutôt touché par des musiques romantiques…

Initier les enfants à la musique classique ne peut donc que leur être profitable. S’il n’y a pas d’âge pour apprendre à écouter, il ne faut pas commencer par des œuvres trop « chargées ». Choisir des œuvres « simples » (Prokofiev ou Schumann ont aussi écrit pour les enfants) et varier les styles pour voir celles qu’ils préfèrent. Il en va de même pour l’apprentissage d’un instrument : la limite d’âge n’est fixée que par le développement des capacités motrices. Dès qu’un enfant sait s’asseoir sur une chaise et se servir de ses mains, il peut, par exemple, apprendre le piano. Mais il faut lui laisser le temps de découvrir l’instrument par lui-même avant de l’envoyer chez un professeur…

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2 commentaires:

  1. Mais pourquoi seulement de la musique classique ? Il existe tant de belles musiques, de tant de pays différents... Ouvrir à la diversité, n'est-ce pas aussi important que d'ouvrir à l'harmonie/à la beauté ? Faut-il en déduire que toutes les musiques "non classiques" sont pour autant dysharmonieuses, et que seuls les "grands compositeurs" (occidentaux !!) sont "bons pour la structuration de la pensée" ?

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    1. Parce que cet article en particulier se pose sur la question; mais si tu regardes en arrière dans mon blog, tu verras des références à de la musique du monde, de la musique traditionnelle... Je crois que les deux sont importantes et complémentaires, car elles n'apportent pas la même chose. J'ai le sentiment que la musique classique le plus souvent permet une sorte d'élévation, tandis que les musiques du monde permet l'ancrage; je généralise bien entendu, mais c'est souvent le cas.

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