samedi 18 août 2012

Pour une éducation consciente: avant-propos



"D’une certaine manière, certains des conseils de base de mon approche de l’éducation sont liés au concept du continuum (cf. le livre The Continuum Concept, de Jean Liedloff) pour ce qui concerne le lien affectif avec nos enfants ; la pleine reconnaissance de leur « bonté fondamentale » (voir les écrits de Chogyam Trungpa Rinpotché) et la nécessité d’une attention suivie à l’égard des enfants aussi longtemps qu’ils la recherchent (sachant qu’un enfant élevé d’une manière saine ne sera ni possessif ni angoissé et cherchera à quitter le cocon familial dès qu’il (ou elle) est en mesure de se déplacer.

Fondamentalement, il s’agit de créer un environnement propice à la croissance, totalement dépourvu d’abus tant physiques que psychiques, de négligences bénignes ou sadiques, d’humiliations – qu’elles soient verbales, émotionnelles ou autres -, dépourvu de violence et de cruauté.

Autrement dit, hormis les tensions naturelles dues à la maladie, à la croissance, à l’adaptation sociale, aux élans de créativité, aux crises et autres demandes intérieures ou essentielles qui se présentent spontanément au cours de son développement, l’environnement éducatif d’un enfant est conçu pour être libre de toute pression venant des adultes au sens de la domination ou de la manipulation (conscientes ou inconscientes).

L’objectif est qu’un enfant grandisse en sachant tacitement et organiquement, au-delà de tout doute et de toute confusion, qu’il est aimé de manière absolue, aimé pour ce qu’il est et non pour ce qu’il devrait être en termes de demandes particulières, de performances, de réussites, voire de drames.

Il est bien sûr évident que ce n’est pas le cas pour la grande majorité et, à vrai dire, pour l’immense majorité des hommes et des femmes de notre époque. Nous-mêmes, notre génération et les générations précédentes (et peut-être bon nombre de générations précédentes) ne nous sentons pas aimés de la sorte. Nous nous sentons à la fois tacitement, mais aussi organiquement, mal aimés, mal appréciés, non accomplis, insatisfaits, vides et sans valeur. Nous avons été élevés dans l’idée que l’amour est une commodité accessible moyennant un certain prix, à savoir : « être de bons petits enfants bien sages », tranquilles, géniaux. Un prix qui pour la plupart d’entre nous se révélait inabordable.

Alors l’amour – la « chose » - nous était confisqué, parce que nous ne pouvions satisfaire les demandes insatiables venant du non-amour de notre communauté d’adultes. J’entends pas communauté : les parents, la famille élargie, les professeurs, les baby-sitters et même les inconnus rencontrés à l’épicerie, à qui nos parents s’empressaient de raconter nos échecs (selon eux), sans tenir le moindre compte de notre présence et de la honte qui en résultait pour nous.

Alors, ceux qui se sentent concernés par une éducation consciente tentent d’élever leurs enfants de manière radicalement différente, dans le but de créer une société de beauté, de joie, de ravissement, d’amour, de douceur, de gentillesse et de compassion, dans laquelle la confiance en soi, un bonheur naturel et une volonté forte et ouverte pour avancer dans la vie et expérimenter avec intérêt et compétence.""

Lee Lozowick, Journal, novembre 1993.

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