Une scène banale, dans un
restaurant : une famille attablée, les discussions vont bon train, les
cartes sont apportées par un serveur et chacun y va de son commentaire. Il y a
un enfant à cette table, un petit garçon d’une dizaine d’années. Lui aussi a
reçu une carte, qu’il décrypte, à son aise. Il dit ce qu’il aime, et surtout ce
qu’il n’aime pas. Son père ne l’écoute pas, et sans le consulter et sans même lui dire, commande un plat
pour lui. Lorsque la commande est passée, le garçon dit « et moi ? »,
ce à quoi son père répond « je t’ai commandé quelque chose. » – « Qu’est
ce que tu m’a pris ? »
Lorsque l’on apporte le repas,
chacun s’occupe de son assiette. Sauf que le père ne cesse de récriminer son
fils : « mange ceci, c’est bon pour la santé » - « je n’aime
pas » - « mais si, mange, je te dis ». Et l’enfant finit
toujours par céder. Lorsque le père lui met une sauce sur son plat sans le
consulter au préalable en lui affirmant que c’est meilleur ainsi et que l’enfant
répond qu’il n’aime pas cette sauce, pareil, il a droit à un « mange, c’est
bon… ». Toujours sur un ton sec et froid.
Certes, c’est une situation
banale à laquelle on a tous assisté. Mais quand on l’analyse plus profondément,
on se rend compte à quel point on dénie l’enfant, tant dans ses choix, ses goûts
que dans ses émotions.
On affirme savoir à sa place ce
qu’il aime ; il n’a pas le droit d’avoir ses propres goûts, de faire ses
propres choix. On ne lui fait donc pas confiance. C’est un enfant, il ne sait
pas.
En plus, il n’a pas le droit de
réagir à cela, on lui demande de se taire, de ne pas broncher, de taire ses
émotions. Surtout pas de colère ou de tristesse. Il est dangereux de dénier à
ce point à un enfant le droit d’exprimer ses émotions. Je crois que si cet
enfant a si peu réagit, c’est qu’il s’est déjà conditionné pour se taire le
plus possible, car j’en connais d’autres qui auraient hurlé !
Si cette situation se répète au
quotidien, l’enfant n’aura aucun confiance en lui, il ne sera pas capable de
faire des choix, il ne sera pas capable de s’imposer, et laissera quelqu’un
choisir pour lui.
Comment alors pourrait-il s’épanouir,
se réaliser, et être heureux ?
Il est vrai qu’il est parfois
inconfortable pour les adultes de faire une place d’égal à égal à l’enfant.
Pourtant, celui-ci, très tôt, est parfaitement capable de faire des choix, de
les exprimer. Il sait ce qu’il veut manger ou pas. D’ailleurs les enfants à qui
l’on a toujours fait confiance en matière d’alimentation ne cherchent pas à
manger systématiquement des bonbons ou des sucreries ; ils se nourrissent
d’une manière relativement équilibrée.
L’enfant a aussi parfaitement le
droit d’avoir des émotions et de les exprimer ; la responsabilité des
adultes est alors de les accueillir, même quand on n’est pas d’accord, car
elles sont toujours légitimes. Il ne s’agit pas de tout laisser passer à l’enfant
mais d’entendre, d’accueillir ce qu’il a à exprimer. C’est la base même d’une
éducation respectueuse et bienveillante.
Un exemple : ce matin, mon
fils a réclamé à 3 reprises du chocolat. Les deux premières fois, je lui ai
donné un petit morceau. La troisième fois, estimant que c’était assez pour l’instant,
je lui ai répondu qu’il avait bien raison d’aimer le chocolat, que moi aussi j’aimais
beaucoup, et qu’on en mangerait tout à l’heure. Il n’a pas insisté, il a été
entendu, reconnu dans son désir, et il est passé à autre chose.
J'ai assisté à une scène du genre il n'y a pas si lgt... j'étais enceinte et j'étais allée manger avec Maman ds un self entre 2 courses. Et une maman a commandé pr son petit garçon, qui devait avoir une dizaine d'années aussi, et qui voulait autre chose aussi... elle lui a répondu d'une façon :-( comme s'il était adulte, avec des grands mots. Ca m'a fait mal au coeur, le petit était adorable et on aurait dit que sa mère lui reprochait tout ce qui se passait mal chez elle! Je ne peux m'empêcher de me demander, parfois, pq certaines personnes font des enfants...
RépondreSupprimerVoilà, c'est ce que je disais, c'est finalement assez banal comme scène, et pourtant, quand on l'observe bien, on se rend compte que ce n'est pas normal...
Supprimerhum c'est de la CNV, non ?
RépondreSupprimeret en définitive ton fils n'a pas eu son chocolat car TOI tu as décidé pour lui... bref sous le couvert de l'"avoir compris" tu lui as imposé TA décision à toi...
C'est le "on vous a entendu" des politiciens... bref je n'aime pas la CNV... désolée...
Ln
Tu peux cataloguer cela de CNV, moi je n'ai pas envie, simplement de l'écoute, de la communication, bienveillante, plus consciente sans doute.
SupprimerL'enfant n'a pas besoin qu'on lui dise oui à tout, mais il a besoin d'être entendu dans sa demande,... Il y a une différence entre besoin et désir.
Si ton enfant te réclame du chocolat toute la journée, tu mets aussi des limites saines, c'est aussi le rôle des parents; l'enfant a besoin de limites pour le sécuriser... :)
Au plaisir!
Il y a un juste milieu à trouver, c'est ça l'éducation
SupprimerOn ne peut pas non plus laisser un enfant se gaver de chocolat toute la journée
Lorsqu'il aura 20 ans et 15kg en trop, on lui répondra "mais tu voulais du chocolat mon chéri, je n'allais pas t'en empêcher!"
Bonjour! Perso ici, pour le chocolat, l'enfant adhère mieux si je préviens, genre, au deuxième carré, que c'est le dernier. Car ça fait bien longtemps qu'il ne fait plus comme le tien :) Il s'exprime beaucoup plus même après ! lol
RépondreSupprimerje te rejoins sur les limites qui rassurent et aident à la construction...
Bonjour Amélie,
Supprimerje fais ça aussi pour annoncer un temps différent, comme aller à la sieste ou au lit... Ca aide à se préparer... :)
Mon fils a 2 ans et a un caractère bien trempé... :) Il peut réclamer du chocolat jusqu'à 10 fois par jour!
Je crois aussi que les limites sont saines tant qu'elles sont respectueuses. Un enfant qui n'a pas de limites va sans cesse pousser plus loin pour voir jusqu'où il peut aller, et se mettre en danger. Avoir un parent qui met des limites rassure, et est structurant!
Je vais aller visiter ton site et ton blog :)
Au plaisir!