mercredi 18 mars 2015

Le chant de la mer (film)


Tomm Moore, le réalisateur irlandais qui avait déjà signé le magistral « Brendan et le secret de Kells » en 2009 nous revient avec une œuvre toute aussi enchanteresse : « le Chant de la mer ». 

Par comparaison aux animations des grands studios, « Le Chant de la mer » est une œuvre rafraîchissante, qui rappelle par bien des aspects les films d’un Miyazaki : omniprésence de la nature, quête de sens et de spiritualité, mystère et profondeur.
Recherche de nos racines aussi, puisqu’il est question de renouer avec les traditions et légendes. Car même s’il s’agit de la culture celte irlandaise, il est question d’un patrimoine immatériel universel, portant des valeurs communes à tous les êtres humains. 

Le récit est à hauteur d’enfant : c’est l’histoire de deux jeunes enfants, Ben et Maïna, qui est au centre d’une quête initiatique. Les prénoms ne sont pas choisis au hasard: Ben fait référence à Benjamin qui en hébreu signifie « fils du sud », tandis que Maïna, si elle rappelle Marie, signifie aussi « celle qui élève » en hébreu.

En voulant protéger les êtres de toute émotion, Macha, la sorcière aux hiboux les prive de ce qui les anime en leur jetant un sort : elle emprisonne les sentiments dans des bocaux. Dès lors, la vie s’éteint, se fige et devient pierre. Et règne la désolation. C’est en retrouvant son manteau de phoque que la Selkie retrouve la voix – celle qui sauve les êtres surnaturels. C’est en acceptant de vivre les émotions, heureuses ou non – tout comme la magie - que la vie peut poursuivre son œuvre. Et c’est du chant de la mère – vous aurez compris le symbole – que rejaillit celle-ci.  

L’histoire aborde aussi des thématiques très dures, telles que la perte et le deuil de la mère ou la douleur des relations fraternelles difficiles, traitées sous l’angle du merveilleux, qui rend celles-ci plus accessibles et douces aux enfants.

A l’image des entrelacs celtes, l’histoire mêle deux mondes – réel et onirique, monde des hommes et monde sauvage - qui n’ont de cesse de s’effleurer l’un l’autre. Les personnages sont en quelque sorte reflétés : la grand-mère faisant le pendant de la sorcière aux hiboux, le père celui du géant, alors que la mère, Bruna, est une selkie, une fée marine proche des phoques. Oui, ces histoires existent vraiment !

Tomm Moore a choisi pour écrin la vaste mer et les paysages infinis ; nous respirons le grand air iodé pour mieux plonger dans les profondeurs bleutées des abysses, aux côtés de la selkie et des phoques.

Nous avons là une œuvre d’une rare qualité, au graphisme raffiné, à l’esthétique  enchanteresse et à la chorégraphique fascinante. La musique composée par Bruno Coulais, qui nous berce de ses vagues, est d’une grande beauté. Mélodies envoûtantes qui couronnent l’œuvre.






Le Chant de la Mer, film d’animation de Tomm Moore, 2014
Coproduit dans cinq pays européens (Irlande, Belgique, Luxembourg, Danemark, France)
Durée : 93 minutes







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire