Tomm Moore, le réalisateur
irlandais qui avait déjà signé le magistral « Brendan et le secret de
Kells » en 2009 nous revient avec une œuvre toute aussi enchanteresse :
« le Chant de la mer ».
Par comparaison aux animations
des grands studios, « Le Chant de la mer » est une œuvre rafraîchissante,
qui rappelle par bien des aspects les films d’un Miyazaki : omniprésence
de la nature, quête de sens et de spiritualité, mystère et profondeur.
Recherche de nos racines aussi,
puisqu’il est question de renouer avec les traditions et légendes. Car même
s’il s’agit de la culture celte irlandaise, il est question d’un patrimoine
immatériel universel, portant des valeurs communes à tous les êtres humains.
Le récit est à hauteur
d’enfant : c’est l’histoire de deux jeunes enfants, Ben et Maïna, qui est
au centre d’une quête initiatique. Les prénoms ne sont pas choisis au hasard:
Ben fait référence à Benjamin qui en hébreu signifie « fils du sud »,
tandis que Maïna, si elle rappelle Marie, signifie aussi « celle qui élève »
en hébreu.
En voulant protéger les êtres de
toute émotion, Macha, la sorcière aux hiboux les prive de ce qui les anime en
leur jetant un sort : elle emprisonne les sentiments dans des bocaux. Dès
lors, la vie s’éteint, se fige et devient pierre. Et règne la désolation. C’est
en retrouvant son manteau de phoque que la Selkie retrouve la voix – celle qui
sauve les êtres surnaturels. C’est en acceptant de vivre les émotions,
heureuses ou non – tout comme la magie - que la vie peut poursuivre son œuvre. Et
c’est du chant de la mère – vous aurez compris le symbole – que rejaillit
celle-ci.
L’histoire aborde aussi des
thématiques très dures, telles que la perte et le deuil de la mère ou la douleur
des relations fraternelles difficiles, traitées sous l’angle du merveilleux,
qui rend celles-ci plus accessibles et douces aux enfants.
A l’image des entrelacs celtes,
l’histoire mêle deux mondes – réel et onirique, monde des hommes et monde
sauvage - qui n’ont de cesse de s’effleurer l’un l’autre. Les personnages sont
en quelque sorte reflétés : la grand-mère faisant le pendant de la sorcière aux
hiboux, le père celui du géant, alors que la mère, Bruna, est une selkie, une
fée marine proche des phoques. Oui, ces histoires existent vraiment !
Tomm Moore a choisi pour écrin la
vaste mer et les paysages infinis ; nous respirons le grand air iodé pour
mieux plonger dans les profondeurs bleutées des abysses, aux côtés de la selkie
et des phoques.
Nous avons là une œuvre d’une rare
qualité, au graphisme raffiné, à l’esthétique enchanteresse et à la chorégraphique fascinante. La musique
composée par Bruno Coulais, qui nous berce de ses vagues, est d’une grande
beauté. Mélodies envoûtantes qui couronnent l’œuvre.
Le Chant de la Mer, film d’animation de Tomm Moore, 2014
Coproduit dans cinq pays européens (Irlande, Belgique,
Luxembourg, Danemark, France)
Durée : 93 minutes
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