jeudi 19 mars 2015

Une éducation artistique libre ou dirigée ?



Depuis quelques années, nous assistons à un engouement particulièrement fort pour une vision de l’éducation artistique libre et libératrice tant chez les enfants que chez les adultes. Ce mouvement fut pour une large part initié par Arno Stern, qui met à jour les termes de « formulation », « éducation créatrice » ou encore « jeu de peindre ».  Il a depuis formé nombre de personnes à ces pratiques, des ateliers du jeu de peindre ont essaimé un peu partout en France.

L’idée générale est d’offrir un espace-temps à l’enfant, du matériel de qualité, et de laisser peindre, librement, sans jugement ni influences qui fausseraient le rapport de l’enfant à sa pratique. Le rôle de l’adulte est celui d’un accompagnateur bienveillant. Notre nature fondamentale – et universelle - étant créatrice, il est donc tout simplement naturel de s’exprimer par cette voie. Sans interférence, l’enfant peut renouer avec une expression spontanée heureuse, joyeuse, joueuse. Avec ses forces vives, avec la nécessité organique et physiologique et l’émerveillement de l’acte créateur.
Il y a également un aspect thérapeutique indéniable dans cette démarche, car elle permet d’aller à la rencontre de soi, de libérer des émotions, d’entamer un cheminement vers l’épanouissement.

Nous retrouvons cette idée de non-intervention chez certains philosophes ou penseurs, comme Krishnamurti par exemple :
« L'éducation consiste à comprendre l'enfant tel qu'il est, sans lui imposer l'image de ce que nous pensons qu'il devrait être. »

A l’autre extrémité du spectre, nous trouvons ce que je nommerai les pratiques dirigées. Un projet artistique défini, peindre comme tel artiste, des consignes et des règles, des corrections (« il faut faire comme ceci »), des appréciations et jugements du beau (notes et commentaires positifs ou négatifs sur l’œuvre). Une forme d'infantilisation dans les rapports humains. Peu ou pas de place pour la création réelle. Tout cela restreint l’enfant dans son rapport à la création, tout cela interfère et éteint une certaine authenticité. Nombre d’enfants ont été si dirigés parfois, qu’étouffés, ils ne sont plus en capacité de créer librement.

Il ne faudrait jamais oublier que la technique, l’instrument, doivent rester au service de l’expression créatrice et de l’art. Mais il faut bien apprendre à les maîtriser : la musique par exemple, ne s’improvise pas, l’apprentissage d’un instrument est long et demande des efforts continus, de l’entraînement – qui n’ont de sens s’il n’y a plus de joie et de plaisir.

Mais il est possible de trouver un équilibre : tout d’abord,  nous pouvons adopter cette posture bienveillante et non jugeante pour accompagner des pratiques artistiques plus ou moins dirigées. C’est essentiel : il s’agit là d’une responsabilité importante pour l’adulte accompagnant.


Et rien n’empêche de garder, en parallèle, un espace-temps régulier pour une pratique joyeuse et libératrice, comme une hygiène de vie. Qu’il s’agisse de peinture, de modelage, de musique, de chant ou encore d’écriture. Les voies d’expressions sont variées et infinies…  


4 commentaires:

  1. Thank you! Our project Lilaloka is including Play of Painting in India: Most welcome! http://lilaloka.org/activities/activities-play-of-painting/

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  2. Et pas qu'en France, en Nouvelle-Calédonie aussi : http://www.atelier-ifeelgood.com/. Nous en avons de la chance :-)

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