lundi 12 mars 2012

Christian Bobin et la contemplation joyeuse



Christian Bobin est le conteur des petites joies. Et pourtant, son œuvre est empreinte d’une spiritualité profonde. Son style est épuré. Il n’y a guère besoin de plus pour aller à l’Essentiel. 
Dans un éclat de rire enfantin, dans une fleur épanouie, il saisit l’intensité de  l’amour divin. Ses mots deviennent Souffle, ses livres Lumière. 

On s’y berce de Silence et de Solitude. On s’y recueille, comme arrivés au terme d’un pèlerinage, dans une petite église de campagne modeste, baignée de lumière et perdue dans les champs. Ce pourrait aussi bien être une clairière, ou une forêt, l’église serait faite de branches, de feuilles et de rayons de soleil qui perceraient le feuillage. Nous étions fatigués, nous nous rafraîchissons à la source de l'eau vive. 

On peut reprendre, à nos moments perdus, l’un ou l’autre de ses ouvrages, déjà lu maintes fois. Tout à coup, en relisant un passage, on retient son souffle, on s’arrête, on ressent la Grâce, figés dans un moment d’infini. 

Il y a des pages où l’on trouvera un instant de clarté ou le sacré d’une joie enfantine. Un moment hors du temps, une éternité. On s’émerveillera d’une fleur et de sa teinte délicate, d’un nuage dans le ciel bleu, de la blondeur d’un blé ou de la pluie dans le jardin. On contemple avec une profonde gratitude envers la magnificence de la vie. 

D’autres pages nous parleront de l’absence et du vide, à la fois doux et arides. Absence de l’autre, et absence de Dieu. Les nuits de l’âme, quand tout nous écorche, tout nous fait mal, que nous sommes à fleur de peau. Dieu ne nous laisse jamais bien longtemps seuls, Il rejaillit tôt ou tard, dans les champs ou dans les arbres, peu importe : Il est insaisissable et si présent. 

Finalement, dans la désespérance la plus âpre, il y a aussi des éclats de joie. Comme après l'orage, quand une éclaircie déchire le ciel sombre et illumine le paysage. Tout nous semble alors plus léger, l’air est respirable. 

L’auteur est épris de liberté : il s’est forgé des ailes de mots pour embraser les cieux. Plus tard, il se cache dans le coeur d'un coquelicot : on ne peut le cueillir, que déjà il se fane. 

« La moindre joie ouvre sur un infini. » 
Bobin, Geai 

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