mardi 23 décembre 2014

Avec une infinie tendresse

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La tendresse est une qualité de présence : une qualité de regard, d’écoute, de contact – ou même de silence. La tendresse s’offre souvent délicatement, par un sourire ou une caresse, ou par une étreinte : elle s’inscrit toujours dans la rencontre confiante du corps. Par un geste, j’ouvre une porte de mon cœur vers un autre cœur : de corps à cœur, d’âme à âme. En cela, elle est aussi contemplation active. Par la tendresse, dans ce présent, je crée un instant d’éternité – un espace temps hors de portée de la course effrénée menée par tous, une respiration rafraichissante.

En grec, tendresse se dit storgê, (tendre vers, aller vers) et signifie amour qui ne prend pas, qui accueille, qui consolide ; car la tendresse fait le choix d’aimer inconditionnellement, et d’offrir sa douceur sans attente, même si cela lui apporte souvent la gratitude.

Lorsqu’elle est destinée à soi, la tendresse mène à la confiance en soi, à l’estime de soi, à l’amour de soi. Soyons tendres avec nous-mêmes, nos vulnérabilités et avec notre enfant intérieur. La tendresse est besoin vital : qu’elle manque, et nous nous asséchons, nous dépérissons, nous sommes affamés. Mais que de douceur en sa présence nourrissante et guérisseuse.

Mais la tendresse est aussi un engagement profond dans la relation qui nous unit à l’autre, aux autres, au monde. Elle n’est pas mièvrerie, mais bien au contraire, force et puissance : elle ignore la peur, la dureté et la superficialité, et refuse plus encore l’indifférence. Sans celle-ci, aucun lien ne peut durer. La tendresse est profondeur et courage ; elle confère humanité, prenant le risque véritable de la rencontre, comme une invitation – laissant l’autre libre de l’accepter ou non, et l’accueillant avec empathie lorsqu’il expérimente sa propre fragilité ou des émotions violentes.

Et que dire de l’infinie tendresse avec laquelle nous devrions accompagner nos enfants ? La première tendresse dont nous faisons l’expérience est celle de la mère pour son nourrisson, qui rassure, console et berce des mois, des années durant. Nous grandissons en bienveillance et en sécurité, car elle nous offre un solide soutien et nous aide à croitre en autonomie et émancipation.


La tendresse est le langage privilégié du monde : regardons bien, et nous verrons les milliers de témoignages de tendresse offerts comme autant de grâces qui parsèment nos vies. Il suffit d’ouvrir ses yeux et surtout son cœur, car la vie est généreuse : tout est présent. « L’amour, ce n’est pas faire des choses extraordinaires, héroïques, mais de faire des choses ordinaires avec tendresse » a écrit Jean Vanier ; la tendresse exige vérité nue, humilité et simplicité. Et il y a fort à parier que c’est la tendresse qui, jour après jour, sauve le monde.

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