lundi 8 décembre 2014

Le Conte de la princesse Kaguya (film)



Takahata (co-fondateur des studios Ghibli, Le Tombeau des lucioles, Pompoko, Mes voisins les Yamada), revient après 15 ans d’absence pour sa dernière œuvre, Le Conte de la princesse Kaguya, inspirée de Kaguya-hime, le « Conte du coupeur de bambou » écrit par une courtisane impériale, Murasaki Shikibu, au Xème siècle.

L’histoire raconte la découverte d’un minuscule nouveau-né dans une pousse de bambou surnaturelle ; à l’instant même, le paysan sait qu’il s’agit d’un être merveilleux. La petite fille commence par vivre à la campagne une vie libre et édénique, simple et proche de la nature qui la comble, tendrement aimée des braves paysans. Dans la spontanéité innocente des jeux d’enfants et la beauté des paysages, « pousse de bambou » grandit très vite. Un jour, ses parents adoptifs, devenus riches, emmènent la belle jeune fille à la capitale pour devenir une princesse et rencontrer des prétendants. Dans ce carcan de convenances, de richesses et de bonnes manières, elle perd sa joie de vivre, étouffe, et finit par se flétrir. Elle comprend qu’elle aurait pu être heureuse avec ce jeune paysan rencontré autrefois, avec lequel elle avait partagé un melon.


Esthétiquement, l’œuvre est délicate et tendre : le dessin épuré et esquissé, les traits de crayons apparents et intenses, tandis que l’aquarelle confère cette légèreté un peu onirique au rendu. Elle rappelle le raffinement des estampes japonaises. Mais le dessin évolue aussi selon les émotions de Kaguya : lorsqu’elle est en colère, lorsqu’elle fuit vers sa campagne natale, dans un dernier sursaut, le trait est noir, puissant et incisif.

Notons que la musique est signée Joe Hisaishi, qui collabore habituellement avec Miyazaki ; on entend tout au long de l’œuvre de la musique japonaise traditionnelle, jouée sur un koto, sorte de longue cithare à cordes pincées.

Les plus petits seront sensibles à l’ambiance, surtout de la première partie, mais peu resteront attentifs durant les 2h20 du film. Les plus grands entendront le message spirituel de l’œuvre, portant sur la vie et la mort, et sans doute sur la réincarnation, car les références au bouddhisme sont bien présentes. De même que les états d’âme de cet être lunaire, cycliques, oscillant de la joie de vivre une existence humaine à la mélancolie de retrouver son astre originel. Ainsi, Kaguya signifie « lumière resplendissante », en référence à la lune.


En définitive, le film révèle une légèreté rafraichissante et une grâce poétique teintée d’une douce mélancolie. Mais il s’agit aussi d’une ode à la vie, aux joies simples de l’existence : admirer un prunier en fleurs, s’émerveiller d’une grenouille qui saute, d’un fruit cueilli et partagé, autant de sources d’émerveillement que la nature nous offre en abondance.

Le Conte de la princesse Kaguya, de Takahata, Studio Ghibli, 2014. 2h17.


6 commentaires:

  1. Merci bcp pour ce partage, ça fera un excellent cadeau pour cette période de fêtes qui arrive !

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    1. Bonsoir Karou,

      malheureusement, le DVD n'arrivera que courant mars 2015!

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  2. Oui j'ai vu ça en creusant l'idée...tant pis, j'ai décidé de "me rabattre" sur le dernier "Le vent se lève", d'après les commentaires c'est aussi un véritable chef d'oeuvre, l'ultime film de Hayao Miyazaki, tu l'as vu ?

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    1. Oui je l'ai vu, je ne le trouve pas adapté pour les jeunes enfants cependant :)

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    2. En effet ça a l'air. C'est pour des adultes donc ça va !

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    3. Oui ça ira alors, ce sera un beau cadeau! ;)

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