Takahata (co-fondateur des
studios Ghibli, Le Tombeau des
lucioles, Pompoko, Mes voisins les Yamada), revient après
15 ans d’absence pour sa dernière œuvre, Le
Conte de la princesse Kaguya, inspirée de Kaguya-hime, le « Conte du coupeur de bambou » écrit par
une courtisane impériale, Murasaki Shikibu, au Xème siècle.
L’histoire raconte la découverte d’un
minuscule nouveau-né dans une pousse de bambou surnaturelle ; à l’instant même,
le paysan sait qu’il s’agit d’un être merveilleux. La petite fille commence par
vivre à la campagne une vie libre et édénique, simple et proche de la nature
qui la comble, tendrement aimée des braves paysans. Dans la spontanéité
innocente des jeux d’enfants et la beauté des paysages, « pousse de
bambou » grandit très vite. Un jour, ses parents adoptifs, devenus riches,
emmènent la belle jeune fille à la capitale pour devenir une princesse et
rencontrer des prétendants. Dans ce carcan de convenances, de richesses et de
bonnes manières, elle perd sa joie de vivre, étouffe, et finit par se flétrir. Elle
comprend qu’elle aurait pu être heureuse avec ce jeune paysan rencontré
autrefois, avec lequel elle avait partagé un melon.
Esthétiquement, l’œuvre est
délicate et tendre : le dessin épuré et esquissé, les traits de crayons
apparents et intenses, tandis que l’aquarelle confère cette légèreté un peu
onirique au rendu. Elle rappelle le raffinement des estampes japonaises. Mais
le dessin évolue aussi selon les émotions de Kaguya : lorsqu’elle est en
colère, lorsqu’elle fuit vers sa campagne natale, dans un dernier sursaut, le
trait est noir, puissant et incisif.
Notons que la musique est signée
Joe Hisaishi, qui collabore habituellement avec Miyazaki ; on entend tout
au long de l’œuvre de la musique japonaise traditionnelle, jouée sur un koto, sorte
de longue cithare à cordes pincées.
Les plus petits seront sensibles
à l’ambiance, surtout de la première partie, mais peu resteront attentifs
durant les 2h20 du film. Les plus grands entendront le message spirituel de
l’œuvre, portant sur la vie et la mort, et sans doute sur la réincarnation, car
les références au bouddhisme sont bien présentes. De même que les états d’âme
de cet être lunaire, cycliques, oscillant de la joie de vivre une existence
humaine à la mélancolie de retrouver son astre originel. Ainsi, Kaguya signifie « lumière
resplendissante », en référence à la lune.
En définitive, le film révèle une
légèreté rafraichissante et une grâce poétique teintée d’une douce mélancolie.
Mais il s’agit aussi d’une ode à la vie, aux joies simples de
l’existence : admirer un prunier en fleurs, s’émerveiller d’une grenouille
qui saute, d’un fruit cueilli et partagé, autant de sources d’émerveillement
que la nature nous offre en abondance.
Le Conte de la princesse Kaguya, de Takahata, Studio Ghibli, 2014. 2h17.
Merci bcp pour ce partage, ça fera un excellent cadeau pour cette période de fêtes qui arrive !
RépondreSupprimerBonsoir Karou,
Supprimermalheureusement, le DVD n'arrivera que courant mars 2015!
Oui j'ai vu ça en creusant l'idée...tant pis, j'ai décidé de "me rabattre" sur le dernier "Le vent se lève", d'après les commentaires c'est aussi un véritable chef d'oeuvre, l'ultime film de Hayao Miyazaki, tu l'as vu ?
RépondreSupprimerOui je l'ai vu, je ne le trouve pas adapté pour les jeunes enfants cependant :)
SupprimerEn effet ça a l'air. C'est pour des adultes donc ça va !
SupprimerOui ça ira alors, ce sera un beau cadeau! ;)
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