vendredi 12 décembre 2014

Lâcher prise, quitter le contrôle pour la confiance

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« Il ne faut pas demander que les événements arrivent comme tu le veux, mais il faut les vouloir comme ils arrivent ; ainsi ta vie sera heureuse. »
Epictète, Le Manuel


Quitter l’illusion du contrôle

Dans de nombreuses situations, au quotidien, et notamment avec nos enfants, nous nous cachons parfois derrière des principes pour perpétrer une relation de domination et de contrôle. Au nom de ces principes, qui ne sont rien de plus que des croyances forgées au fil de notre histoire, nous créons des luttes de pouvoir avec nos enfants, desquels nous voulons à tout prix sortir victorieux.
C’est à notre mental et notre ego que nous sommes alors soumis, cet ego qui nous répète fièrement que tout nous est du, qui nous rappelle nos peurs, que nous pouvons tout contrôler selon nos souhaits. Il s’agit d’une fausse croyance, d’une illusion. Il est complètement illusoire de penser que nous sommes en mesure de tout contrôler – c’est un refus de la réalité. Que de stress et d’anxiété, et que de déceptions, de souffrances et de désillusions en préparation ! L’ego est certes utile dans notre processus d’individualisation, mais doit aussi être maîtrisé.

Un exemple concret : notre enfant ne veut pas dire merci alors que nous lui donnons quelque chose. Nous estimons que ce merci nous est du, que c’est un « mot magique »,  que la politesse est la moindre des choses, et que si nécessaire, nous allons punir, ou même reprendre l’objet donné. Nous avons tous assisté à ce genre de scène, si nous ne l’avons vécu personnellement. Mais que se passe t’il alors ? L’enfant se braque, incapable de dire merci, l’adulte se fâche et entre dans une spirale de colère ; l’enfant finit souvent par être émotionnellement débordé et comprendre que le don est soumis à condition et au chantage. Il apprend la politesse de manière artificielle, car nous avons faussé l’apprentissage de l’expression naturelle de la gratitude et la possibilité de la vivre spontanément.
De notre côté, nous ne savons même pas pourquoi, précisément, nous réclamons ce droit à la politesse, si ce n’est que sans doute, nous avons vécu enfant cette même situation, et nous avons alors forgé la croyance et le réflexe selon lesquels l’adulte « a droit à la politesse. » Il y a bien souvent, à l’origine de celle-ci une blessure ou une frustration d’enfance : souvenons-nous de ce que nous avions alors ressenti : la fermeture, la soumission, la honte, la culpabilité,…

Et en tant qu’adultes aujourd’hui : prenons-nous la peine de remercier les enfants spontanément ? Avons-nous conscience des cadeaux qu’ils nous font ? Notre attitude générale est-elle empreinte de gratitude ? Et s’il y existait une autre manière de nourrir la politesse, et plus profondément la gratitude ? Celle qui vient du cœur, et qui n’obéit pas à un ordre ? Oui : cela commence par un pas vers le lâcher prise pour cheminer vers la confiance.


Lâcher prise, fondement de la confiance

Lorsque je choisis de me responsabiliser vis à vis de mes croyances, de les remettre en question, je me rends compte qu’elles ne valent pas grand chose, si ce n’est qu’elles légitiment, de génération en génération, le pouvoir de l’adulte sur l’enfant (ou de l’adulte sur un autre adulte) – force est de constater que notre culture occidentale fonctionne de la sorte. Une croyance n’est finalement qu’une pensée dont nous avons l’habitude ; il est donc tout à fait possible de changer de croyance, à l’aide de prises de conscience, et de changer de système de pensée, en quittant son conditionnement.

Nous avons le choix. Nous pouvons décider de lâcher prise avec nos croyances fondées sur la peur et le contrôle, de ne plus leur donner d’importance. Lorsque nous ne nourrissons plus une croyance, elle perd sa légitimité, elle peut alors être remplacée par une autre croyance, plus épanouissante. 

Si je choisissais un tout autre angle de vue ? Tout est une question de regard. Si j’osais faire confiance à mon enfant, si j’osais me faire confiance, avec la certitude que tout ira bien? Si j’accueillais les événements, les expériences comme des opportunités ? Si j’acceptais ce qui ne peut être changé, comme l’affirmait John Locke en écrivant qu’il était nécessaire de « cesser de combattre ce qu'on ne peut changer ». 
Le lâcher prise ne signifie pas le renoncement, le laxisme ou le chaos : même si le principe semble simple, il s’agit d’un processus exigeant. Ceci est valable tant pour moi-même, que pour mes relations : j’abandonne mes projections idéales, celles qui me sabotent et me culpabilisent de ne pas être à la hauteur, pour accueillir ce qui est, ce que je suis, me responsabiliser et insuffler des changements positifs. Je m’adapte, et je maîtrise lorsque je gère une situation d’opposition de manière bienveillante et empathique. Alors, chacun est gagnant car respecté, et cela contribue à nourrir des relations aimantes et confiantes.

J’offre ainsi la possibilité à mon enfant de se respecter, de vivre à son rythme, de nourrir sa confiance et son estime de lui, de favoriser son autonomie, sa responsabilisation. Mon rôle est celui d’un accompagnant bienveillant, présent, patient, authentique, empathique, qui offre son soutien lorsque l’enfant le demande, qui observe et écoute.


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