Source |
« Il ne faut pas demander que les événements arrivent comme tu le
veux, mais il faut les vouloir comme ils arrivent ; ainsi ta vie sera
heureuse. »
Epictète, Le Manuel
Quitter l’illusion du contrôle
Dans de nombreuses situations, au
quotidien, et notamment avec nos enfants, nous nous cachons parfois derrière
des principes pour perpétrer une relation de domination et de contrôle. Au nom
de ces principes, qui ne sont rien de plus que des croyances forgées au fil de
notre histoire, nous créons des luttes de pouvoir avec nos enfants, desquels
nous voulons à tout prix sortir victorieux.
C’est à notre mental et notre ego
que nous sommes alors soumis, cet ego qui nous répète fièrement que tout nous
est du, qui nous rappelle nos peurs, que nous pouvons tout contrôler selon nos
souhaits. Il s’agit d’une fausse croyance, d’une illusion. Il est complètement
illusoire de penser que nous sommes en mesure de tout contrôler – c’est un
refus de la réalité. Que de stress et d’anxiété, et que de déceptions, de
souffrances et de désillusions en préparation ! L’ego est certes utile
dans notre processus d’individualisation, mais doit aussi être maîtrisé.
Un exemple concret : notre
enfant ne veut pas dire merci alors que nous lui donnons quelque chose. Nous
estimons que ce merci nous est du, que c’est un « mot magique », que la politesse est la moindre des
choses, et que si nécessaire, nous allons punir, ou même reprendre l’objet
donné. Nous avons tous assisté à ce genre de scène, si nous ne l’avons vécu
personnellement. Mais que se passe t’il alors ? L’enfant se braque,
incapable de dire merci, l’adulte se fâche et entre dans une spirale de
colère ; l’enfant finit souvent par être émotionnellement débordé et comprendre que le don est soumis
à condition et au chantage. Il apprend la politesse de manière artificielle,
car nous avons faussé l’apprentissage de l’expression naturelle de la gratitude
et la possibilité de la vivre spontanément.
De notre côté, nous ne savons
même pas pourquoi, précisément, nous réclamons ce droit à la politesse, si ce
n’est que sans doute, nous avons vécu enfant cette même situation, et nous
avons alors forgé la croyance et le réflexe selon lesquels l’adulte « a
droit à la politesse. » Il y a bien souvent, à l’origine de celle-ci une
blessure ou une frustration d’enfance : souvenons-nous de ce que nous
avions alors ressenti : la fermeture, la soumission, la honte, la
culpabilité,…
Et en tant qu’adultes aujourd’hui
: prenons-nous la peine de remercier les enfants spontanément ? Avons-nous
conscience des cadeaux qu’ils nous font ? Notre attitude générale est-elle
empreinte de gratitude ? Et s’il y existait une autre
manière de nourrir la politesse, et plus profondément la gratitude ? Celle
qui vient du cœur, et qui n’obéit pas à un ordre ? Oui : cela commence par
un pas vers le lâcher prise pour cheminer vers la confiance.
Lâcher prise, fondement de la confiance
Lorsque je choisis de me
responsabiliser vis à vis de mes croyances, de les remettre en
question, je me rends compte qu’elles ne valent pas grand chose, si ce n’est
qu’elles légitiment, de génération en génération, le pouvoir de l’adulte sur
l’enfant (ou de l’adulte sur un autre adulte) – force est de constater que
notre culture occidentale fonctionne de la sorte. Une croyance n’est finalement qu’une pensée dont nous avons l’habitude ; il est donc tout à fait possible de changer de croyance, à
l’aide de prises de conscience, et de changer de système de pensée, en quittant
son conditionnement.
Nous avons le choix. Nous pouvons décider de lâcher prise avec nos croyances fondées sur la peur et le contrôle, de ne plus leur donner
d’importance. Lorsque nous ne nourrissons plus une croyance, elle perd sa légitimité, elle peut alors être remplacée par une autre croyance, plus épanouissante.
Si je choisissais un tout
autre angle de vue ? Tout est une question de regard. Si j’osais faire
confiance à mon enfant, si j’osais me faire confiance, avec la certitude que
tout ira bien? Si j’accueillais les événements, les expériences comme des
opportunités ? Si j’acceptais ce qui ne peut être changé, comme
l’affirmait John Locke en écrivant qu’il était nécessaire de « cesser de combattre ce qu'on ne peut changer
».
Le lâcher prise ne signifie pas
le renoncement, le laxisme ou le chaos : même si le principe semble
simple, il s’agit d’un processus exigeant. Ceci est valable tant pour
moi-même, que pour mes relations : j’abandonne mes projections idéales,
celles qui me sabotent et me culpabilisent de ne pas être à la hauteur, pour
accueillir ce qui est, ce que je suis, me responsabiliser et insuffler des changements
positifs. Je m’adapte, et je maîtrise lorsque je gère une situation
d’opposition de manière bienveillante et empathique. Alors, chacun est gagnant
car respecté, et cela contribue à nourrir des relations aimantes et confiantes.
J’offre ainsi la possibilité à
mon enfant de se respecter, de vivre à son rythme, de nourrir sa confiance et
son estime de lui, de favoriser son autonomie, sa responsabilisation. Mon rôle
est celui d’un accompagnant bienveillant, présent, patient, authentique, empathique,
qui offre son soutien lorsque l’enfant le demande, qui observe et écoute.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire