Blog et réseau visant à partager les réflexions et expérimentations autour d'une éducation joyeuse, bienveillante et libre.
dimanche 30 septembre 2012
samedi 29 septembre 2012
Joie et Liberté chez Deleuze (vidéo)
Deleuze: J comme Joie.
Deleuze: L'art libère la vie que l'homme a emprisonnée
Fabriquer une cabane en bois
Le matériel :
- 8 tasseaux carré de 2,5 cm de
côté et de 2 m de long (mieux vaut en prendre un de plus au cas où il y aurait
des ratés !)
- Une scie
- Une perceuse
- Des vis (4x45mm et 4x60mm)
- Un tournevis
- De la colle à bois
- De la peinture (rouge fluo pour
nous !)
- Des petites équerres et des
inserts en métal (facultatif)
Les explications :
1. Couper les différents morceaux
dans les tasseaux.
2. Assembler les tasseaux avec
les vis, en commençant par les petits côtés (cf schéma).
Attention à visser
« délicatement », le bois à parfois tendance à se fendre.
3. Une fois l’assemblage fait,
poncer légèrement pour enlever les échardes et autres éclats de bois, puis
peindre l’ensemble (on peut aussi peindre tous les tasseaux une fois
découpés et assembler ensuite)
4. Les couturières peuvent aussi
coudre une housse sur mesure pour habiller cette maison…
Source: Lait Fraise Mag
vendredi 28 septembre 2012
Le tricotin
Source: Streetcolor Art |
Le tricotin offre à ceux qui le pratiquent un beau moment de concentration, de recentrage, d'ancrage, de relaxation... Une vraie méditation! Mais aussi une activité qui permet de travailler la motricité fine. Un peu comme le tricot (mais sans les aiguilles) ou le tissage, souvent proposés dans les écoles Steiner ou les écoles nordiques. Ma grand-mère m'a offert un tricotin lorsque j'étais petite, et j'ai passé des heures et des heures à m'amuser avec...
Toute les explications sur le site Tricotin (forcément)
Vous pouvez également trouver des explications en vidéo facilement.
jeudi 27 septembre 2012
Une association espace de liberté et de création
L’association Education Joyeuse se veut un support de (co)création. Il s’agit d’offrir à ses membres un espace de liberté, de joie, et de créativité dans lequel chacun peut s’épanouir et se réaliser.
Ainsi, chacun peut initier librement son projet, ses idées, accompagné avec bienveillance par le groupe, porté par les valeurs de l’association.
L’association prend l’allure d’un tremplin ou d’un support confiant, laissant chaque membre responsable et libre. De cette manière chacun pourra rayonner ses qualités et ses couleurs à travers le projet, au lieu de se conformer ou de se conditionner à celui-ci. Le projet s’enrichit de ces différences complémentaires, accueillant chaque personne comme un être magnifique venu co-créer au sein du projet.
Pour faire un beau collier, il faut des perles de toutes les couleurs ainsi qu'un fil solide. L'association représente ce fil, reliant les perles entre elles. Chaque perle est spéciale et unique, et nécessaire pour créer ce collier.
En parallèle, une attention particulière est portée à la communication et à la gestion des émotions. Régulièrement, des espaces de rencontre seront organisés afin de communiquer autour des émotions et ressentis, de les vivre ensemble, afin que ceux-ci n’entravent pas la bonne évolution du projet, dans la bienveillance et le non-jugement.
Gérées correctement, les émotions sont de formidables outils de connaissance de soi et des autres. Elles sont le sel de la vie. Mais des mémoires émotionnelles ou des transferts psycho-affectifs représentent une menace pour toute entreprise collective, « polluant » et sabotant celui-ci de charges négatives.
Or, nous souhaitons que le projet évolue avec le meilleur de nous – tout en étant respecté dans notre unicité et notre globalité. Il est essentiel d’être conscient de cet aspect pour vivre en harmonie.
Les ateliers d'Education Joyeuse
L'association Education Joyeuse propose une large palette d'ateliers, dont voici une liste non exhaustive:
- fabrication d'objets inspirés par la pédagogie Steiner-Waldorf
- peinture selon la philosophie d'Arno Stern et autres pratiques artistiques
- teinture naturelle tissus
- éveil musical
- activités nature (potagers, land art,…)
- activités autour d’une alimentation consciente
- yoga et pratiques énergétiques
- jeux libres dans un environnement Waldorf
- jeux autour des émotions
- conte
- tissage et tricot de doigts
- mandalas
Nous proposons des ateliers inspirés par la pédagogie waldorf-steiner. Nous donnons toute notre attention au rythme de l’enfant, au rythme des saisons, et aux pratiques artistiques diverses, à la qualité de la nourriture, aux matières naturelles, ou encore aux couleurs.
Nos ateliers font partie d' une éducation que nous pensons intégrale, pour cela, nous proposons d’accompagner les enfants, mais aussi les parents ou adultes intéressés par les ateliers EDUCATION JOYEUSE.
Octobre – novembre – décembre 2012
Au rythme des saisons... Nos ateliers ont pour base le bien-être de l'enfant. Lorsqu'il vient nous voir, nous lui proposons, en groupe, de ressentir autant que faire se peut, son émotion, son ressenti, et son besoin. Notre lieu d'atelier est préparé de façon à accueillir l'enfant dans le calme, au son d'une musique douce. Pour retrouver le silence, nous n'utilisons pas notre voix, mais des instruments de musique doux. L'accueil se fait en ronde, et nous allumons ensemble une bougie, symbole du temps précieux que nous passerons ensemble.
Nous démarrons chaque atelier par une comptine/chanson en lien avec la saison et la nature. En y incluant des instruments adaptés que les enfants s'approprieront:
Mini bâton de pluie en cactus, Boîte à orage (Agiter le bambou et le tonnerre se déchaîne), Crapaud (Faire coasser la crapaud en bois en passant le bâton sur son dos), Mini tambour de l’océan (Agiter le tambour pour faire rouler les graines à l'intérieur et produire le roulis de la mer), Œuf shaker (Comme une maracas, cet œuf en bois reproduit le son du serpent à sonnette), Sifflet à eau rossignol (Remplir le sifflet d'eau et souffler ! ),
Flûte à nez (Presser la flûte contre le nez et varier les notes en ouvrant la bouche. Flûte issue des peuples premiers.),
Tambour à vent chant des grenouilles (Faire tournoyer le petit tambour pour reproduire le coassement des grenouilles), Double tambour à vent oiseaux (Faire tournoyer pour produire un gazouillis d’oiseau très réaliste).
A chaque nouveau « cycle », nous lisons le conte, en prenant soin du lieu (lutins en feutrine, branchages, tissus, objets en bois) afin que l'enfant entre dans l'histoire. Ensuite, nous donnons aux enfants un nouvel espace musical, en y associant le mouvement corporel libre, la ronde. Notre objectif est que l'enfant ressente ses énergies corporelles, le contact avec l'autre, avec le lieu, avec le sol. Qu'il s'étire, danse et éprouve son corps. Nous lui proposons différents rythmes d'expression corporelle, petits mais rapides (la souris), lourds et puissants (l'éléphant), mous sans énergie, tendus et raides, afin qu'il sente combien son corps est présent.
Autours des contes d'automne,
nous construisons avec les enfants des personnages, des univers, des scénettes, des comptines et chansons. Nous utilisons les feuilles, les matières recyclées ou naturelles pour dessiner, colorier, peindre autours du conte.
Ateliers Laine Cardée, laine feutrée, laine bouillie, feutrine,
L'Arbre féerique en feutrine
Le collier (laine cardée, eau savonneuse)
L'anneau rubans des fées (anneau bois – huile d'olive et cire d'abeille-, rubans)
Le jardin imaginaire (carton, peinture, pastel, plumes, pigments ect.)
Arbres en papier recyclé
Guirlande feuilles d'automne (feutrine, perles)
Village de lutins
Cuisine d'automne
etc.
Mais nous souhaitons que ce projet grandisse, et il sera proposé à diverses structures et organismes, privés ou publics. Si vous souhaitez entrer en contact avec Marie pour de plus amples informations : duval.marie@gmail.com
Michel Serres : « Philosopher, c'est anticiper »
ARTICLE PARU DANS PHILOSOPHIE MAG
N°11, 01 Juillet 2007
Propos recueillis par Nicolas
Truong
(Extraits)
À la fin des années 1960, quand la pensée marxiste triomphait dans
l'université française, Michel Serres prophétisait la fin de l'ère de
l'industrie et l'entrée dans celle de la communication. Aujourd'hui, contre
l'idée reçue selon laquelle l'époque n'est plus aux grands systèmes, il montre
que les sciences sont en train de produire une vision du monde complète et
cohérente, un nouveau grand récit.
Michel Serres est issu de la
génération de la guerre. Ce Gascon, né en 1930 à Agen, ne peut encore regarder
en face le tableau de Picasso, Guernica. Et il répète volontiers que Hiroshima
reste l'unique objet de sa pensée, éthique et métaphysique. C'est à partir de
cet événement qu'il repense l'optimisme scientiste, et décide d'établir un pont
entre les sciences et les lettres. En 1949, il quitte l'École navale pour
l'École normale supérieure (1952) où, trois ans plus tard, il obtient
l'agrégation de philosophie. Au rugby, Michel Serres jouait troisième ligne, le
poste du passage des avants aux arrières, de la mêlée aux trois-quarts.
Dépourvu de poste de philosophie à l'université, il a joué les passeurs de
savoirs, ne cessant de naviguer entre sciences exactes et sciences humaines.
Avec son oeuvre en cinq volumes, Hermès
(1969-1980), il a démontré que la communication était l'horizon de notre temps.
Avec Le Contrat naturel (1990), il a développé, bien avant l'actuel battage
médiatique, les tenants et aboutissants de l'urgence écologique. Depuis
Hominescence (2001), cet académicien et professeur d'histoire des sciences à
l'université de Stanford, aux États-Unis, s'attache à penser « l'humanisme
universel qui vient », grâce au grand récit des origines et de
l'évolution, que l'humanité est à présent en mesure de se raconter à elle-même.
Philosophie magazine :
Pourquoi la construction d'un « grand
récit unitaire »
qui retrace l'existence de la Terre et de l'homme est-elle aujourd'hui possible ? Quel retour au grand
récit proposez-vous ?
Michel Serres :
L'une des plus grandes découvertes des sciences est la datation, qui permet la
réconciliation des sciences exactes et des sciences humaines. De la formation
des systèmes solaires à l'apparition de l'homme sur Terre, nous pouvons dater,
et donc ainsi raconter, l'histoire des origines. Mais il ne s'agit pas d'un
grand récit comme autrefois, à l'image de la Bible par exemple, qui évoque un
dessein intelligent, intentionnel, un plan divin. Le grand récit, tel que les
savants le proposent aujourd'hui, s'écrit au futur antérieur.
Il est contingent, aléatoire et
chaotique. Le monde et les espèces auraient pu bifurquer et se développer
autrement. J'ai également utilisé le mot de « grand récit »
afin d'ironiser un peu sur le compte de ces philosophes qui soutiennent que
notre temps est celui de « la fin des grands récits »
au moment même où la science met en place une des visions du monde les plus
cohérentes qui soient.
Comment raconter cette grande histoire de l'humanité ?
Je peux la raconter le soir à mes
petits-enfants comme lors d'une veillée, en langage vernaculaire ou bien dans
un colloque scientifique international, à l'aide d'un attirail conceptuel
impressionnant. Jusqu'alors, un homme cultivé avait derrière lui une histoire,
notamment celle de l'écriture, c'est-à-dire 7 000 à 8 000
ans
d'humanité. Nous savons aujourd'hui que nous avons derrière nous 15 milliards
d'années de tradition écrite, non par les hommes, mais par la nature. Car nous
lisons à présent la nature comme nous lisons des livres.
La science a découvert et
généralisé l'idée de Galilée selon laquelle la nature était écrite, notamment
en langage mathématique.
À quoi pourrait servir l'enseignement de ce grand récit aux enfants, au
sein du tronc commun de ces nouvelles humanités que vous appelez de vos voeux ?
À penser la singularité de notre
être au monde. À comprendre que l'être humain possède un univers commun. Les
hommes sont nés d'une même souche. Ainsi, ceux qui sont partis d'Afrique il y a
100 000 ans
sont tous frères. Et ce n'est pas une information mineure par les temps qui
courent ! Lorsque j'ai commencé à philosopher, les
maîtres-mots de la philosophie et des sciences humaines étaient :
l'Autre et la Différence. Aujourd'hui, ce n'est plus l'Autre, mais le Même ;
ce n'est plus la Différence, mais la Communauté.
Ce grand récit n'est-il pas en train de s'accélérer avec la
prolifération des innovations techniques et des bouleversements sociaux ?
Au début du xxe siècle, la France
comptait 75 % d'agriculteurs, il y a en 2,3 %
aujourd'hui. C'est-à-dire que la principale invention du néolithique est à
présent marginalisée. Lorsque je suis né, en 1930, la Terre comptait 1 milliard
d'habitants. Il y en a 6 milliards et demi
aujourd'hui. En 1835, l'espérance de vie des femmes était de 30 ans,
elle est de 84 ans actuellement. L'humanité peut
s'autodétruire en quelques jours, la naissance est en passe d'être maîtrisée,
le rapport à la maladie et à la douleur est profondément bouleversé, au point
qu'un individu peut arriver à la fin de ses jours sans avoir souffert… Même
avec un taux inégalé d'environ 55 % de divorces, les hommes
et les femmes ne sont jamais restés aussi longtemps ensemble, pour la bonne et
simple raison qu'ils vivent plus longtemps ! Tous ces changements
modifient radicalement notre rapport à la vie, notre « être
au monde ». Nous vivons une coupure brusque, qui n'a
rien à voir avec celles de la Renaissance, de la Révolution française ou de la
révolution industrielle. C'est un nouveau rapport au corps humain, à la nature
et à l'existence, qui s'instaure et s'invente jour après jour.
Comment la pensée et les institutions, notamment universitaires,
ont-elles enregistré ces changements ?
Nos institutions n'ont pas su
prendre et comprendre ce tournant. À partir du Moyen Âge, la philosophie
universitaire s'est divisée en deux camps : celui de la tradition et
celui de la raison. Au xiiie siècle, Thomas d'Aquin démontre dans sa Somme
théologique que les grandes questions se résolvent de deux manières :
par la raison et par la tradition. L'université américaine a choisi la raison,
l'université européenne a préféré la tradition. Les universités sont encore, de
ce point de vue, à demi médiévales. La séparation des sciences et des lettres
est un artefact universitaire, créé de toute pièce par l'enseignement. Il a été
convenu que l'on sait soit du latin, du grec ou de la littérature moderne, soit
de la biologie ou de la physique. Mais cette séparation artificielle n'existait
ni chez les Grecs, ni chez les Romains, ni même à l'âge classique. Diderot
tente, au xviiie siècle, de comprendre ce que dit le
mathématicien d'Alembert, et Voltaire traduit Newton. L'université a créé
l'étrange catégorie d'ignorant cultivé.
(…)
Ce sont donc plutôt les révolutions scientifiques qui ont façonné votre
pensée ?
Formé aux mathématiques
classiques, alors qu'intervenait la révolution des mathématiques « modernes »,
saisi par la révolution du vocabulaire informatique, j'ai dû changer de
langage. À ces deux révolutions formelles, il faut ajouter le paradigme biologique,
le code génétique, l'ADN dont le biologiste Jacques Monod a bien compris la
portée philosophique dans Le Hasard et la Nécessité. À l'époque de ma
formation, trois immenses révolutions scientifiques m'ont
conduit à changer de langue. La philosophie vacillait sur ses propres
fondations. Avec le triomphe des mathématiques modernes, par exemple, le calcul
semblait l'emporter sur le raisonnement, c'est-à-dire sur le fondement même de
l'activité philosophique. De cette tension entre le calculable et le démontrable,
j'ai tiré l'idée que la géométrie grecque était précisément née parce qu'elle
avait épuisé les ressources du calcul et qu'il fallait bien recourir à la
démonstration. Aujourd'hui, une grande partie des théorèmes se démontrent avec
des machines de calcul. Par conséquent, toute une ère du fonctionnement du
cognitif se trouve du côté du calculable, de l'arithmétique et des algorithmes
dont la philosophie n'a jamais vraiment pris acte. En épistémologie, on est
toujours en retard d'une science.
Le rôle de la philosophie est-il d'accompagner les changements
scientifiques ou de les penser, de les inscrire dans un cadre éthique ?
Je crois que philosopher, c'est
anticiper.
Entre 1969 et 1980, j'ai écrit
cinq volumes
intitulés Hermès, dans lesquels je soutenais que l'humanité reposerait
davantage sur la communication que sur la production. Les philosophes marxistes
m'ont alors accusé de tous les maux. En 1990, j'écris Le Contrat naturel. On
m'attaque de toutes parts, à l'instar de Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre
écologique alors qu'on célèbre aujourd'hui unanimement le « pacte
écologique ». Les critiques du « contrat
naturel » étaient aussi risibles que celles que l'on
adressait à Rousseau lors de l'écriture du Contrat social. Rousseau ne
désignait pas un moment historique lors duquel l'humanité sortirait de l'état
de nature, de même que le contrat naturel ne suppose pas que Dame nature aille
s'asseoir avec les hommes à la table des négociations.
Je dis aujourd'hui que l'un des
grands enjeux du cognitif réside dans le balancement entre le raisonnement et
le calcul. Tout le Moyen Âge est dans Aristote,
toute l'ère moderne est contenue dans les principes de Descartes. Je ne me
compare pas à ces illustres prédécesseurs, mais je considère l'activité
philosophique comme une entreprise d'anticipation.
La philosophie a-t-elle oublié le corps ?
Pour reprendre l'expression de
Spinoza, « Que peut le corps ? » Le
corps pense. « Je suis l'ADN », me disait mon ami
Jacques Monod dont la colonne vertébrale se tordait comme une molécule d'ADN à
force de chercher à percer le mystère de la génétique des micro-organismes,
d'élucider le lien entre le génome et les protéines…
Le corps est un miroir. Que peut
le corps ? Prenez le gardien de but d'une équipe de
football qui attend le tir d'un penalty ou bien encore un tennisman qui monte
au filet pour jouer à la volée. Regardez comment il se place. La balle peut
venir d'en haut, d'en bas, à droite, à gauche, etc. Il est donc obligé de
mettre son corps dans une position virtuelle, presque abstraite. Il est dans un
état de corps possible.
Il est dans une position que
j'appellerai « blanche ». Il est à la fois toutes
les couleurs et l'absence de couleur. On ne peut pas avoir de meilleure image
de ce que peut le corps. À la différence de la pince du crabe dont on peut
déterminer la fonction, la main humaine est « blanche »,
elle peut aussi bien saisir un marteau que jouer du violon, caresser un être
aimé que tuer son ennemi. Il y a une blancheur du corps humain. Un penseur qui
va se saisir d'un concept se trouve dans la même situation. D'où l'importance
de ne pas avoir les livres pour seuls outils.
Ainsi la philosophie est une
sorte de veille « blanche ».
(…)
Des volumes savants de Hermès à Rameaux, vous avez changé de style en
vous dirigeant vers une sorte de poétique du savoir philosophique. Au risque de
la dispersion et de la dilution du propos philosophique ?
Le style philosophique est
souvent à usage interne dans l'université. Si la philosophie doit observer le
temps présent et anticiper la science à venir, coller à son tempo et penser le
nouveau, ce serait presque un crime d'écrire obscur. Au début, j'ai pourtant
écrit à destination de mon jury de thèse. J'ai préféré ensuite la définition de
Bergson qui disait que la philosophie devait être écrite dans le langage le
plus clair, le plus rapproché du langage vernaculaire possible. Mis à l'écart
de l'université qui ne m'a pas autorisé à enseigner dans les départements de
philosophie, mais en histoire, j'en sortais également par le style. La position
était pourtant difficile : je n'étais ni
journaliste, ni philosophe, ni écrivain. Je n'étais rien. Sans lieu, je n'étais
en tout cas pas un penseur prévisible.
(…)
Quelles sont les tâches de la philosophie ?
Le grand philosophe de demain
sera celui qui repensera tout, du cognitif au politique, car tout est nouveau.
Il convient de rapatrier la question philosophique sur les nouveautés
d'aujourd'hui. Comment imaginer que la représentation politique continuera à fonctionner
de la même façon alors que le vote des opinions individuelles prolifère sur les
blogs sans qu'on en tienne compte ? Avec un autre espace
géographique et mental que j'ai appelé topologie générale, le travail de la
philosophie ne fait que commencer. Nous vivons une telle coupure
d'hominisation, nous sommes plongés au sein d'une telle « hominescence »,
que beaucoup de nos institutions se trouvent comme ces étoiles dont nous
recevons la lumière et dont les astrophysiciens nous disent qu'elles sont
mortes depuis bien longtemps .
mercredi 26 septembre 2012
IEF joyeuse : projet de recherche
Cette année, j'étudie un Master 2 en sciences de l'éducation à Paris 8, "Education tout au long de la vie"; sujet passionnant! Ma recherche portera sur l'IEF; Mon souhait est de donner la parole aux familles et aux enfants, afin de mieux comprendre cette pratique, mais également les enjeux. Le but final est de diffuser largement le fruit de ce travail de collaboration et de partage, et de faire entendre le droit à la liberté d'éduquer.
En vous remerciant chaleureusement,
Aurore
Voir le blog consacré au sujet, IEF Joyeuse
Fabriquer un métier à tisser dans le jardin
Sur le blog Seasonal Gnome, comment fabriquer un métier à tisser... et tisser, peut être une belle activité familiale.
1. Trouver 4 bâtons suffisamment épais; les attacher ensemble à l'aide de ficelle solide pour former un cadre.
2. Utiliser de la ficelle pour créer la trame du métier. Ensuite, creuser deux trous dans le sol, y enfoncer deux branches verticalement; y fixer le métier, toujours à l'aide de ficelle épaisse.
3. Utiliser du fil à tisser, mais aussi, selon l'envie, des feuilles, des coquillages, des fleurs, etc.
Source et source photos : Seasonal Gnomes
mardi 25 septembre 2012
L’instruction à domicile : la famille meilleure que l’école ?
Par Delphine Gazzabin
Éloge sans partage de l’instruction assurée par les parents, en regard
d’une école vue comme source d’angoisse et de démotivation. Des propos qui
appellent, pour le moins, de sérieuses discussions sociologiques !
Source : Les Cahiers Pédagogiques
On estime à 40 000 en France le
nombre d’enfants qui reçoivent leur instruction en famille (IEF), un chiffre en
constante augmentation. Il s‘agit de familles n’ayant jamais scolarisé leurs
enfants ou les ayant retirés de l’école. Ils suivent des cours par
correspondance (par le CNED ou des cours privés), ou bien des pédagogies
particulières (Montessori, Freinet, Steiner...). D’autres
« homeschoolers » se servent de divers supports piochés ça et là,
manuels scolaires, cahiers de devoirs, logiciels d’apprentissages... Enfin,
pour les « unschoolers », l’apprentissage est « libre et
autogéré » [1] :
on laisse au vécu quotidien le soin de faire acquérir à l’enfant par lui-même
diverses connaissances.
Nous sommes tous des IEF
Notons d’abord que chaque
famille, y compris celle d’enfants scolarisés traditionnellement, pratique
l’IEF sans même en avoir conscience. La « culture familiale » est le
départ de l’instruction en famille. L’enfant apprend par imitation et les
parents ne doutent pas de leurs capacités à transmettre le langage, la marche,
le jeu et les normes rituelles de leurs familles.
À chaque geste, les conseils
se prodiguent, chacun devant faire le bon choix pour ne pas devenir un
« mauvais parent »... Chacun peut raconter comment il a acquis tel ou
tel savoir-faire auprès d’un parent ou d’un autre membre de sa famille ou d’un
voisin. Apprendre à cuisiner ou faire du vélo, apprendre à jardiner ou
bricoler, apprendre à naviguer sur internet ou utiliser une clef USB... C’est
de l’instruction en famille et chacun est certain de sa compétence, tant que
l’école ne s’empare pas du sujet. La curiosité de l’enfant, la passion de
l’adulte, la nécessité des circonstances sont le terreau le plus propice aux
passations de savoir -faire et savoir-être.
Pas de sentence, de points, de
compétition, juste le temps, l’envie et la présence.
L’apprentissage idéal
Si le schéma d’instruction en
famille semble loin de pouvoir aborder le contenu des programmes scolaires dans
l’ordre établi par le protocole de l’éducation nationale, il donne en revanche
tout son sens à l’apprentissage. L’enfant sait pourquoi il se questionne, il
attend la réponse pour combler un besoin : la contrainte extérieure est
remplacée par la motivation intrinsèque, l’enfant est au coeur de
l’apprentissage.
Fréquemment l’apprentissage est autonome et indépendant. Les
parents découvrent au gré des circonstances et dialogues, les connaissances que
l’enfant s’est approprié par lui-même.
Le raisonnement de l’enfant lui est
propre et son apprentissage arborescent crée des connexions et des liens entre
des faits, des apprentissages, que nous classifions d’ordinaire dans des
matières biens distinctes. L’instruction en famille ne catégorise pas les
connaissances, c’est l’enfant qui assemble et recoupe ses apprentissages
lui-même en fonction de ses intérêts et de ses raisonnements. On entend parler
d’apprentissages transversaux : l’IEF pratique cela quotidiennement.
Cuisiner revient à faire de la chimie mais aussi des maths et de la biologie à
la fois !
Dans l’IEF, il n’y a pas de jugement posé sur l’activité de
l’enfant, jeu ou travail. Pour un enfant de deux ans, monter une pyramide de
cubes est une activité sérieuse. De même à dix ans monter un systéme
hydraulique dans le ruisseau avec un moulin et un barrage est une activité
sérieuse. Selon le regard que l’on pose et l’attitude adoptée l’activité
devient le support d’un échange de connaissance et la source d’une recherche
non plus seulement « un jeu d’enfant ». L’enfant découvre par
lui-même des lois physiques, il les expérimente, se questionne, rencontre des
difficultés et l’adulte peut lui proposer de chercher avec lui des solutions,
des réponses : visiter un vrai moulin, regarder un reportage sur les
barrages en construction, parler avec une personne travaillant dans le domaine,
faire une recherche internet, aller trouver un livre en bibliothéque....de là
on peut aborder les grands ouvrages hydrauliques dans le monde (un peu de
géographie), l’évolution des techniques (l’histoire des progrès techniques),
les problèmes liés au manque d’eau ou aux crues (histoire des peuples,
actualités récentes).
Parents pédagogues
L’adulte est attentif à l’enfant,
il est à son écoute, prend le temps d’être avec lui et lui propose des
apprentissages qui l’intéressent particulièrement. Il perçoit jusqu’où l’enfant
est capable d’aller dans l’approfondissement du sujet sans perdre son
attention.
Par exemple, une grossesse dans la famille ou un deuil permet
d’aborder les sujets éthiques, et la biologie a un rythme et un degré bien
différents de ceux imposés par les programmes. Les circonstances de vie
quotidienne sont sources de questionnement pour l’enfant et donc relié
directement à son affect pas seulement sa curiosité intellectuelle.
Les
relations parents/enfants et les relations de fratries permettent
l’apprentissage de la gestion des conflits avec une approche constructive. En
IEF on ne peut pas « couper les ponts » en changeant d’école, ou de
banc, on ne peut pas se permettre de s’enfoncer dans une dispute, la résolution
des conflits s’impose par le dialogue, la négociation, l’écoute, le respect.
Les relations affectives et les liens familiaux exigent la résolution de
conflit pour que chacun et tous soient heureux de vivre ensemble. La solidarité
et la complémentarité se développent, la concurrence, la compétition
s’estompent.
Être curieux pour rendre curieux
Ce type d’Instruction parie sur
la capacité de l’adulte à revoir son schéma d’apprentissage et son rapport à
l’enfant : apprendre à faire confiance à l’enfant et à soi-même pour
avancer à un rythme qui est variable dans le temps et sans matière vraiment très
distincte. Chercher les supports, les sorties qui apporteront des éléments de
réponses à l’enfant. S’investir personnel en temps, énergie, et finances.
L’adulte
se voit poussé à reprendre une attitude curieuse et à ouvrir ses horizons,
chercher des réponses aux questions que l’enfant lui pose, avouer son ignorance
et repartir sur les sentiers de l’instruction !
Contrôle social
Pour les parents, il faut gérer
la pression due au contrôle social et pédagogique, où l’adulte (et l’enfant)
aura affaire à des personnes ayant une opinion sur l’IEF parfois négative.
Affronter
ces inspections et faire comprendre le fonctionnement de l’enfant, et de la
famille, apporter des preuves de l’instruction donnée alors que l’écrit n’a pas
une place prépondérante dans l’IEF et qu’il n’y a pas de contrôle sur table à
présenter, relève d’un défi parfois très complexe.
Pour être précis et complet
il faudrait noter minute par minute les questions de l’enfant, les échanges
verbaux.
L’adulte s’astreint donc à garder des traces, des livres empruntés,
des outils pédagogiques utilisés, des photos des activités, les billets des
sorties, des dessins, de quelques écrits ou collages. Des traces peu
représentatives du contenu réel de ce que l’enfant a abordé. Et évidemment,
cette complexité se renforce avec le nombre d’enfants instruits en famille.
Quel bilan ?
Des études menées par
Shyers [2]
et Thomas Smedley [3]
sur des groupes d’enfants scolarisé et d’autres enseignés à la maison,
concluent que « les enfants enseignés à la maison sont bien équilibrés
socialement et les enfants de l ’école traditionnelle peuvent ne pas
l’être. » (Shyers)
Une famille dans laquelle les
deux parents travaillent voit leur enfant passer 70 % de son temps d’éveil
en présence d’autres personnes et ce dès l’âge de 3 mois (nourrice, crèche,
école, colonie, centre aéré, garderie, cantine).
Il paraît difficile, alors de
parler de vécu de la parentalité et de lui associer un rôle prépondérant dans
l’évolution de l’enfant au vu du peu de temps qu’elle a pour se vivre.
Continuer de considérer la famille comme l’instance de socialisation primaire,
dans une configuration pareille, devient à mon sens, discutable.
Le choix de
confier son enfant à d’autres influe sur le fonctionnement familial, comme le
souligne Philippe Perrenoud [4] :
la scolarité pèse lourd sur la vie des familles : « dans notre
société, le destin d’une famille est pour une part lié à la scolarité de ses
enfants ; dès la naissance, parfois avant, l’école pointe son nez à
l’horizon familial et devient pour, dix, quinze, vingt ans, quarante semaines
par an, cinq à six jours par semaine, une composante de la vie
quotidienne ; pendant que les enfants progressent dans le cursus, la
famille s’organise en partie, bon gré, mal gré, en fonction des horaires, des
échéances et des exigences fixées par l’école, des dépenses et du travail
qu’elle exige, des jugements qu’elle porte, des décisions qu’elle prend, des
tensions et des espoirs qu’elle fait naître chez l’enfant et ses
proches. »
A moins que...
Une alternative est
possible : certains systèmes éducatifs se sont approprié le fonctionnement
de l’apprentissage libre et auto-géré, du respect des rythmes et de
l’individualité propre à chaque enfant.
« Une récente étude place
l’Australie en troisième position pour les résultats scolaires, [...]
Les
méthodes d’enseignement diffèrent de celles de France en ce sens que l’enfant
est incité à découvrir les règles plutôt que de les apprendre par coeur et les
appliquer.
Il n’y a pas non plus de niveau type pour une classe. Chacun apprend
à son rythme et celui qui est en avance se verra encouragé alors que celui qui
ne suit pas ne sera pas brimé. Les classes peuvent avoir donc des bons comme
des mauvais et chacun avancera à son rythme. Ce qui semble donner aux
Australiens le goût de la recherche et des capacités accrues à se débrouiller
seul en étant pratiques et pragmatiques. » [5]
On ne peut pas instruire sans
éduquer ni éduquer sans instruire.
La réussite de l’IEF peut inciter l’école à
changer de fonctionnement, et peut inciter les parents à se questionner sur
leur parentalité.
Controverses
On nous demande parfois si nous
n’ignorons pas que la séparation parents-enfants (avec la maternelle, l’école primaire,
les voyages scolaires...) est nécessaire selon les psychologues.
Je crois qu’il
est bon de recontextualiser le discours des psychologues. Vivre ensemble ne
signifie pas vie en co-dépendance totale, ni ne pas savoir vivre sans l’autre.
La question de la séparation n’est pas absente de l’IEF, elle se pose en
d’autres termes : celle de la volonté et de l’acceptation de l’enfant et
surtout de la gestion affective de celle-ci.
Les diverses cultures qui nous
environnent nous proposent des schémas familiaux de proximité ou séparation
bien différents de ce que nous vivons. Chez les Japonais les adolescents
dorment encore avec leurs parents... c’est culturel....et ce n’est pas perçu
comme malsain ou fusionnel.
Que dire des crises de larmes de
maternelle, des angoisses des enfants, leurs résignations, les pleurs cachés
des parents devant cette souffrance ?
Tout comme un jour l’enfant lâche la
main pour marcher seul, un jour il se sent prêt pour aller dormir ailleurs,
puis ensuite partir quelques jours... c’est son histoire, ses besoins, son
ressenti, son rythme d’évolution qui le laisse libre de rester ou de partir, ce
ne sont pas des contraintes d’âge.... Ni de discours psychologiques.... Les
adolescents vivent cette période de manière différente, bien moins en rébellion
et plus en proximité avec leurs familles.... Le cocon familial est un lieu
protecteur et lieu ressource, que l’on quitte quand on se sent prêt et qui ne
nous pousse pas dehors trop tôt !
Les familles sont rarement opposées au
système envers et contre tout. Si l’enfant retourne à l’école ceci n’est pas un
échec pour l’IEF. Des circonstances de vie peuvent y contraindre, ou des choix
de l’enfant pour vivre cette expérience...
Delphine Gazzabin, mère
instruisant en famille.
[1] Alan
Thomas et Roland Meighan « learning illimited apprentissage auto-géré et
instruction à la maison, perspective européenne » sous la direction de
Leslsie Barson, educational heretic press, 2006. Voir sur le site LEDA : http://www.lesenfantsdabord.org/ind....
[2] Extraits
de Homescholling today vol 3 N°3, mai/juin 1994 S.Squared publications.
[3] Descritpion
de cette étude à l’adresse internet : http://wwwhslda.ca/frsocial.asp ;
socialization of homeschooled children.
[4] Voir
le texte sur le site : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teach....
[5] Voir
le site canadien http://www.immigrer-contact.com/bes....
lundi 24 septembre 2012
Idées d'activités joyeuses automnales
Quelques idées d'activités (bricolages, déco, cuisine) réaliser dans la Joie pour accueillir l'Automne... Enjoy!
Savourer une délicieuse american appel pie (tourte aux pommes)... avec des pommes biologiques, de production locale, c'est de saison! Un régal!
Une recette typique chez Beautiful Mess, sinon en français, chez Cuisine Libre.
Une magnifique couronne d'automne... On peut réaliser celle proposée par the Beautiful Mess, mais on peut aussi, selon l'inspiration, ajouter des branchages, des physalis, etc.
Pour partager un moment convivial en se réchauffant autour d'un thé ou d'un tisane, on peut aussi préparer soi-même ses propres sachets de thé... Toujours chez the Beautiful Mess.
Une balade en forêt, ramassage de petits trésors, quelques pommes de pin, noisettes, un peu de feutrine, et c'est parti pour un bricolage: des lutins en pommes de pin, chez Tête à modeler.
Il y a aussi la version ange, chez Nid d'ange,..
Une couronne à base de chutes de tissu, aux couleurs de l'automne, toujours chez the Beautiful Mess...
Ou si l'on préfère cette version épurée et plus verte, on peut aller faire un tour chez Centsational Girl...
L'automne peut être l'occasion de réaliser de jolies écharpes arc-en-ciel au crochet... Chez Attic 24.
Un petit bricolage d'automne, des glands réalisés avec des chutes de tissu, chez Zemphira.
Toujours chez Zemphira, des coeurs, des coeurs et encore des coeurs...
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