C’est une maison. Dans un village
– Près de l’ancienne école communale. A 100 mètres de l’école maternelle. Elle
appartient à la commune de Floreffe. C’est une maison avec cave, cuisine, salle
à manger, salon, chambres, greniers…comme dans toutes les maisons de BUZET.
par Charles Pepinster, fondateur de la Maison des Enfants.
On sent qu’on y habite, dans
cette maison (des souvenirs sur la cheminée, une boîte aux lettres pour un vrai
facteur…) mais on s’aperçoit vite que ce _sont des enfants qui y vivent pour
apprendre :
dessins aux murs, poèmes en grand, système solaire pendu au
plafond, étagères aux crayons, livres, feutres et … tableau noir. Tableau noir
juste à- côté de l’évier de la cuisine, en face du frigo.
Dans la salle à
manger, encore un tableau noir. Mais aussi des tables et des chaises en carrés,
ainsi que l’un ou l’autre ordinateur près d’une armoire sans vaisselle, occupée
par des dictionnaires, ciseaux, cahiers,
A l’étage, c’est le domaine des
livres et des ordinateurs dans deux des anciennes chambres à coucher :
bibliothèque centre de documentation, le cœur de l’école primaire.
Une
troisième chambre est destinée aux travaux de groupes, sans surveillance. En
autonomie comme disent les enfants.
Plus on monte, plus on va vers la lumière.
Deux vastes greniers éclairés par des Vélux comportent des tables et des chaises
disposées au gré des activités.
Dans le plus grand local sous le toit, on peut
rassembler, chaque matin, tous les élèves pour organiser les apprentissages de
la journée :
- les moments des projets
(arboretum, contacts avec une maison de repos…)
- les moments d’expression
(théâtre, graphisme, musique…)
- les moments de construction de
savoirs savoureux sur des points de programme jugés importants.
En
prolongement du plus petit grenier, il y a un théâtre d’environ 20 m2 :
sol en hêtre clair, Vélux, décors, le tout un rien surélevé, où on joue des
pièces tous les jours.
Pourquoi une maison ?
Au début du XX ème siècle, toutes
les communes ont été obligées d’ouvrir une école communale et de prévoir un
logement pour le maître d’école.
A Buzet, en 1993, j’ai demandé au bourgmestre
non pas d’occuper l’ancienne école (d’ailleurs utilisée par un comité de
quartier) mais bien la maison, jadis occupée par la famille de l’instituteur.
En effet, je voulais rouvrir une
école communale d’Education Nouvelle résolument placée sous le signe de la
créativité, la débrouillardise, la solidarité, la responsabilité, l’alliance
avec les parents…
Il m’apparaissait que 9 pièces d’une maison étaient plus
propices à cette éducation qu’une grande salle rectangulaire trop froide et
trop bruyante, pas assez intime pour une bonne concentration des enfants lors
de la construction des savoirs.
D’autres raisons de choisir une
maison quand on peut !
L’intégration des enfants dans le
tissu social local offre des avantages tels que :
- des contacts plus faciles avec
des habitants voisins en particulier les personnes âgés souvent isolées,
- des petites entités où les
enfants et les parents de ceux-c se connaissent mieux, se parlent davantage,
- des problèmes de circulation plus
simples : la ronde des voitures à l’entrée et à la sortie des classes est
réduite. Les enfants du quartier marchent désormais davantage,
- les quartiers ne sont plus vidés
d’enfants pendant la journée ; leur vivacité rajeunit le quartier ;
Vers l’auto – régulation.
La trentaine d’élèves qui se sont
présentés le 1er septembre 1993 avaient l’habitude des locaux scolaires quasi
standardisés : des grandes boîtes avec des rangées de bancs, alignées le
long de couloirs rectilignes.
Agés de 6 à 12 an, se connaissant à peine,
certains d’être intéressés à la confection de l’horaire, de n’être jamais
punis, ni récompensés, ni soumis à des examens, jamais dénoncés à leurs
parents…
Ces enfants ont mis quelques jours, voire quelques semaines pour
certains avant de se poser, de trouver leurs marques, de profiter du jardin, de
s’intéresser aux ateliers d’expression, au théâtre et ensuite … à l’écriture,
au calcul etc.
On a beaucoup discuté, réfléchi ensemble (adultes, enfants) et,
peu à peu, les travaux en autonomie se sont calmés, régulés. La soif
d’apprendre a pris le dessus de telle manière que les nouveaux élèves, d’année
en année, s’acclimatent vite à vivre dans ce que Maria Montessori appelait déjà
la « Casa dei Bambini ».
Perspective d’avenir.
Les visiteurs, dont les parents,
se disent tous impressionnés par l’atmosphère détendue qui règne dans la Maison
des Enfants. Les écoliers se relaient pour faire visiter la maison, répondant
aux questions avec beaucoup d’à-propos.
Une question revient souvent dans la
bouche des visiteurs :
« Pourquoi ne fait-on pas plus souvent l’école
ainsi ? »
Je me plais à répéter que ce qui se fait à Buzet est tout à
fait légal.
J’étais inspecteur pour le ministre de l’éducation dans ce secteur
quand le bourgmestre André Bodson m’a demandé les conditions légales pour la
réouverture de l’école tellement souhaitée par un comité de village dynamisé
par Pierre Manil.
J’ai proposé de prendre aussitôt ma retraite et de devenir
instituteur de classe unique
J’ai aussi fait remarquer que la loi, lue de
manière émancipatrice, permettait :
- d’occuper une maison,
- de ne pas faire de classes
d’âges : 1ère, 2ème, 3ème…
- d’organiser des concertations
avec les élèves,
- de permettre les travaux en
autonomie,
- de laisser les récréations
libres,
- de ne jamais punir, ni
récompenser,
- d’abolir les devoirs
obligatoires et de les remplacer par des devoirs au choix,
- d’éviter tout redoublement,
- de supprimer les examens, les
bulletins habituels, classements, donc sans perdre une année tous les 6 ans,
- de terminer l’école primaire
par un chef-d’œuvre pédagogique, que j’ai inventé en 1983, et non par de
examens cantonaux ou diocésains,
- de faire du théâtre tous les
jours,
- d’explorer les champs, les
bois, les musées,
- de faire entrer des visiteurs
qui font apprendre,
- d’inviter la presse écrite, la
télévision,
- de correspondre, d’utiliser
l’Internet,
- de vivre 3 jours à l’école
(dormir…) au lieu d’aller en classe verte, de neige ou de forêt,
- de bannir le coca-cola et de
fabriquer du jus de pommes...
Ce qui montre que dans des
villages ou des quartiers de ville, on pourrait investir des maisons de ci de
là, de la cave au grenier, avec deux adultes rémunérés.
On pourrait même, dans les
agglomérations faire des rues des enfants, sans voitures puisqu’on interdit
bien la circulation pour favoriser le commerce.
Pourquoi encore construire des
écoles qui risquent de souffrir des inconvénients de la concentration ?
Source: le site du Groupe Belge d’Education Nouvelle (GBEN)
Je les ai vus aux infos télévisées il y a quelques jours (pour une fois qu'elles envoyaient un message optimiste au monde !!), ça m'a beaucoup plu et j'ai trouvé le fondateur plein de douceur, de sérénité et de bon sens. Mais je me suis demandé ce que devenaient ces enfants une fois sortis du primaire : réussissent-ils à s'adapter à un collège "normal" ?
RépondreSupprimerOui j'ai beaucoup aimé aussi! ;)
SupprimerQuant à ta question, j'ai envie de dire plusieurs choses...
D'une part, la première idée qui me vient à l'esprit, c'est : est-ce que s'adapter à un système qui ne rend pas heureux est une bonne idée? Faut-il apprendre la difficulté du monde aux enfants le plus tôt possible pour les habituer?
Je choisis plutôt de les aider à s'épanouir et à créer un monde différent... ;)
Ensuite, je crois qu'on n'offre jamais assez d'opportunités aux enfants de s'épanouir, de vivre librement... Un enfant qui grandit avec cette confiance pourra d'une part s'adapter plus facilement à toute situation difficile, en apprendre ce qu'il à apprendre, mais aussi transformer cela, et s'épanouir au-delà... Et le monde change.