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Les outils de la pleine conscience font leur entrée dans deux collèges
français. Relaxation, exercices de respiration, découverte des sensations du
corps et observation de ses pensées. Pour les élèves comme pour les professeurs,
afin d'être présent dans l’instant, détendu, attentif et motivé. Enquête et
témoignages.
« Les élèves sont de plus en plus
agités en classe, ont de plus en plus de difficultés à maintenir leur
attention, et sont de moins en moins motivés, constate Bruno Pérard, directeur
d’un collège privé à Bapaume, dans le Pas-de-Calais. Ce n’est pas un problème
d’intellect. Mais aujourd’hui, les élèves sont habitués à avoir plusieurs
occupations en même temps, leur esprit se disperse facilement, et ils ne parviennent
plus à se concentrer sur une seule tâche et à vivre l’instant présent. » Pour
aider les jeunes dans leur scolarité et faire émerger les potentialités de
chacun, ce chef d’établissement a décidé, en début de rentrée scolaire, de
faire appel à Raymond Barbry, consultant, formateur et coach spécialisé dans
l’accompagnement et la gestion d’équipe, de projet et du stress, dans
l’éducation, le milieu sportif et de l’entreprise. Sa mission : donner aux
enseignants les outils de pleine conscience qui les transmettront aux élèves. «
Monsieur Barbry nous a expliqué l’intérêt des outils de pleine conscience,
raconte Nathalie Poiré, professeur d’EPS du collège, puis il a proposé à toute
l’équipe pédagogique un atelier, sans aucune obligation. Tout le monde est
resté. Cette séance nous a tous beaucoup apaisés. Il nous a appris à gérer
notre stress, à nous relâcher. J’ai immédiatement parlé à mes élèves de
réaliser la même expérience avec eux. Tous ont été très favorables. Et j’ai pu
constater les premiers résultats bénéfiques à l’issue du cours. » Raymond
Barbry intervient également depuis la rentrée dans un autre collège privé à
Aix-en-Provence où l’équipe pédagogique a, comme à Bapaume, accueilli de
manière très positive cette méthode d’optimisation des ressources humaines
individuelles et collectives. « Les enquêtes récentes montrent, en effet, un
lien proportionnel entre les difficultés d’attention, le niveau de violence et
la quantité de consommation de télévision, de jeux vidéo... explique Raymond
Barbry. Du point de vue neurobiologique, la relation est évidente. Le
cerveau-esprit est un système qui apprend en permanence et est en “ébullition”
lorsqu’il s’agit de présentation excitante, explosive et violente. Notre
cerveau s’adapte aux nouvelles technologies du toujours plus et du toujours
plus vite. Les enfants et les jeunes zappent de plus en plus avec pour
conséquence une difficulté majeure à rester attentifs à ce qui est fait. Ils
passent très vite, voire trop vite à autre chose. Ils sont dans le multitâche
sans concentration. Par les pratiques de pleine conscience, nous apprenons à
passer d’une tâche à l’autre, tout en maintenant une attention soutenue. Une
tâche après l’autre à fond. »
Mais qu’est-ce que la pleine
conscience ? Quels sont ses bienfaits ? Et comment la pratiquer ? Cette
technique, issue des traditions millénaires orientales, remastérisée par les
américains, permet d’apaiser le mental, réguler ses émotions, gérer son stress
et optimiser sa concentration. Se poser, respirer, observer ses pensées et ses
émotions, écouter son cœur, apprendre à focaliser son attention sur ce qui se
passe dans l’instant, pour s’ouvrir et prendre contact avec ses propres
ressources. Cette forme de méditation laïque (appelée mindfulness en anglais et
samma sati, « attention juste », en sanscrit) nourrit une prise de conscience
plus fine, une plus grande clarté d’esprit et l’acceptation de la réalité du
moment présent.
S’appuyant sur les publications
scientifiques du biologiste américain Jon Kabat-Zinn, l'un des pères fondateurs
de la médecine corps-esprit, les ouvrages du philosophe Fabrice Midal, et les
travaux du psychiatre Christophe André qui encourage la pleine conscience dans
le milieu hospitalier en France, Raymond Barbry est convaincu que la pleine
conscience est la solution pour répondre aux problèmes de manque d’attention et
de motivation dans les écoles. S’il est encore trop tôt pour vérifier les
évolutions positives générées par cette technique au sein de ces deux
établissements précurseurs en France, d’autres pays, comme les États-Unis, le
Canada, la Belgique ou encore les Pays-Bas, pratiquent déjà la pleine
conscience dans certaines écoles où l’on a pu constater une augmentation de
l’attention, de la concentration et de la motivation chez les jeunes ainsi
qu’une amélioration certaine des relations entre élèves et enseignants. Des
expériences ont également été effectuées dans des favelas au Brésil, où l’on a
pu noter une baisse significative de la violence et de meilleurs résultats
scolaires.
« Il s’agit durant un temps très
bref en début de cours, d’effectuer quelques exercices simples, explique
Raymond Barbry. Se concentrer sur sa respiration, se mettre à l’écoute des
sons, des sensations de son corps, et observer ses pensées. Si l’on pratique
régulièrement, on note des effets positifs sur chaque élève, de manière
individuelle, mais aussi sur les enseignants, ce qui entraîne, de fait, des
effets collectifs sur l’ambiance générale de la classe. Des recherches
scientifiques récentes ont pu démontrer ce que les anciennes traditions avaient
découvert bien avant nous, à savoir que ces temps de silence et d’intériorité
s’avéraient bénéfiques, voire indispensables au développement et à l’équilibre
de l’être humain, qui vit aujourd’hui dans une époque où tout s’accélère, où
tout doit être effectué le plus rapidement possible, où il est exigé
d’effectuer plusieurs tâches en même temps, où la surinformation et
l’éclatement intérieur ne lui permettent plus d’être à l’écoute de son corps,
de ses pensées et de ses émotions. Partout, les ouvrages et autres témoignages
sur la pleine conscience se multiplient. Bien plus qu’un effet de mode, cette
approche du développement de l’intériorité semble répondre à un véritable
besoin de notre époque. Car les activités de développement de la pleine
conscience modifient les zones du cerveau qui sont le soubassement de
l’activité intellectuelle. Les exercices réguliers de pleine conscience
entraînent une meilleure irrigation du cerveau, ce qui conduit à une
mobilisation de la cognition facilitée et à une moindre fatigabilité. La
réflexion est plus fluide. La vitesse de traitement des informations est plus
rapide et donc le fonctionnement intellectuel est plus efficace. Or, pendant
les temps de pratique de pleine conscience, il ne s’agit pas de faire marcher
son intellect. Tout en étant en mode “off” le cerveau évolue, se modifie, se
restructure. En conséquence, prendre du temps pour se poser et pratiquer des
exercices de pleine conscience, c’est permettre au cerveau d’optimiser ce temps.
C’est dans ces moments-là que toutes les zones du cerveau se synchronisent,
tous les circuits s’activent. C’est dans ces moments qu’émergent alors les
solutions à des problèmes que l’on pensait insolubles. »
Source : INREES
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