jeudi 4 octobre 2012

L’erreur n’est pas une faute !



L’un des pires reproches que l’on peut faire à l’école traditionnelle, c’est de très mal gérer l’erreur :
– on interroge souvent l’enfant sur des sujets qu’on ne lui a pas appris (la dictée !),
– on le culpabilise quand il ne connaît pas la réponse (une erreur est appelée une faute),
– on le sanctionne pour ses erreurs (mauvaise note, comparaison avec ses camarades “qui connaissent la réponse, eux !”, ironie dans le pire des cas),
– on finit par l’inhiber tellement qu’il préfère se taire ou dire qu’il ne sait pas plutôt que de risquer de donner une réponse qui ne convient pas.

L’erreur est productive

Prenons l’exemple d’un labo de recherche. On y fait très souvent des erreurs. Puis on tire les conclusions de ces erreurs pour s’approcher progressivement du succès. Si le droit à l’erreur n’existait pas dans un labo, qui oserait émettre la moindre hypothèse ? On pourrait fermer tout de suite.
Dans les apprentissages, c’est la même chose. Ou cela devrait l’être ! Viendrait-il à l’idée de qui que ce soit de reprocher à un bébé de tomber sur son derrière un nombre incalculable de fois avant d’arriver à se tenir debout et à marcher ? Zéro, le bébé !
Justement, c’est en tombant qu’on apprend à ne plus tomber… et qu’on s’en souvient car on a mal aux fesses. Inutile d’en rajouter. D’essai en essai, on cherche à mieux poser les pieds, à établir son équilibre. Et comme nous découvrons tout cela par notre propre expérience, l’apprentissage est volontaire, consenti, opiniâtre. A quoi servirait qu’on nous ordonne : “Marche !” ? Et cela nous encouragerait-il qu’on nous dise : “Comment ? Tu n’y arrives toujours pas ?”

Tout le monde à droit à l’erreur

Dans une classe ou dans toute situation d’apprentissage, le droit à l’erreur est donc très important. Et il est valable pour tous, enseignant compris. Comme d’habitude, c’est à l’enseignant de montrer l’exemple. En reconnaissant sans honte qu’il s’est trompé ou qu’il ne connaît pas la réponse, l’enseignant transmet plusieurs messages : 1) Je ne sais pas tout, c’est normal. Personne n’est infaillible et on a le droit de se tromper. 2) Le fait de le reconnaître m’honore plutôt que cela ne me dessert. 3) Je vais faire tout ce que je peux pour trouver la réponse là où elle est disponible. Ainsi, j’aurai appris quelque chose de nouveau. C’est ainsi qu’on apprend.

L’auto-correction et l’auto-évaluation

Chez Montessori, le matériel comprend très souvent ce qu’on appelle “le contrôle de l’erreur” : un système qui permet à l’enfant de découvrir tout seul s’il s’est trompé, sans que la sanction vienne de l’éducateur. La Tour rose tombe si l’on ne centre pas correctement tous les cubes ; il reste des perles en trop ou il en manque si l’on ne calcule pas correctement le serpent positif, etc.

Chez Freinet, pour le calcul ou la grammaire, par exemple, les enfants travaillent sur des fichiers auto-correctifs. C’est-à-dire qu’ils peuvent à tout moment vérifier la solution, sans avoir recours au maître, sauf s’ils ne comprennent pas POURQUOI c’est juste ou faux. Le travail de groupe permet aussi une correction par les pairs, plus facile à accepter que celle qui vient de l’adulte censeur.

Grâce à de tels procédés, l’enfant apprend vite à s’auto-évaluer. Il sait très bien où il en est et ce qu’il doit faire pour progresser. Il ne demande de l’aide à l’adulte que lorsqu’il en a vraiment besoin, et il le fait sans crainte de se déconsidérer à ses yeux. Au contraire. Enfin sa confiance en lui n’est pas sapée quotidiennement. Il sait qu’il peut s’améliorer et cela lui donne envie de faire des efforts.


Source: Montessori-Freinet.com

2 commentaires:

  1. Alors autant j'avais protesté devant la vidéo Montessori qui tirait à boulets rouges sur l'école "traditionnelle" , autant là je suis d'accord et je confirme ! J'ai passé l'année dernière à tenter d'expliquer à la jeune maîtresse de maternelle de mon fils que d'après moi, un enfant avait droit à l'erreur et que c'était justement en réussissant là où il avait d'abord échoué qu'il pourrait mesurer ses progrès et développer sa confiance en lui... rien à faire, elle me soutenait mordicus que "l'objectif de l'exercice était de réussir du premier coup" !! Comment réussir du premier coup ce qu'on n'a jamais fait ? Avec en plus la pression qu'il FAUT réussir ?
    J'aimerais bien savoir ce qu'elle en pensera quand elle aura eu des enfants elle-même... je pense qu'elle relativisera beaucoup de ses ambitions pédagogiques. ;-)

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    1. Merci pour ton partage :)
      Bien sûr on a le droit à l'erreur, qui selon le proverbe "est humaine"... Quel stress, quelle pression quand on attend de nous que l'on réussisse à tout prix... Il faut du temps pour grandir, pour apprendre... le monde ne s'est pas fait en un jour.
      Et de puis, ce qui est très dérangeant dans ce système, c'est qu'on ne peut pas faire autrement que selon la "bonne" manière... En math par exemple, tu ne peux pas inventer ta méthode pour résoudre une équation, tu es obligé de faire comme c'est dit dans le programme... Cela éteint toute inventivité, toute créativité!
      Et puis, l'"erreur", c'est aussi ce qui nous permet de sortir d'une zone de confort, pour entrer dans une zone où l'on peut créer! :)

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