mercredi 31 octobre 2012

La pensée complexe, la moins mauvaise approche du Vivant ?


"Tree of life", par Carol Ballenger

La pensée complexe, la moins mauvaise approche du Vivant ?
mardi 23 mars 2010, par Muriel Briancon 

Extraits

« Penser complexe » et « faire multiréférentiel et pluriel » sont respectivement le paradigme et la méthodologie les plus adaptés pour appréhender les phénomènes vivants c'est-à-dire complexes, auto-éco-organisés et orientés vers l'autonomie. Remède à la vision réductrice, la pensée complexe permet en effet de développer une vision pertinente du Vivant car elle est notamment multidimensionnelle et dialogique. Une approche multiréférentielle et une méthodologie plurielle sont alors les outils les mieux à même d'appréhender les caractéristiques des objets de recherche que se donnent les sciences humaines. Mais en dernier ressort, l'essence des phénomènes vivants reste inaccessible à la pensée humaine. Cette conscience de l'inachèvement, la pensée complexe l'intègre avec bonheur.

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Approcher le Vivant nécessite une pensée complexe

Face à un paradigme occidental excessivement rationalisant, fragmenté et figé, la pensée complexe apporte un bol d'oxygène en offrant à l'intelligence une ouverture salutaire pour mieux comprendre les phénomènes vivants. Lorsque Edgar Morin souligne que « l'intelligence parcellaire, compartimentée, mécanistique, disjonctive, réductionniste brise le complexe du monde en fragments disjoints, fractionne les problèmes, sépare ce qui est relié, unidimensionnalise le multidimensionnel. C'est une intelligence […] myope […] ; elle finit le plus souvent par être aveugle » (Morin, 1993, p. 187), il montre combien la pensée occidentale est la malheureuse héritière d'un XVIIème siècle cartésien et rationaliste à l'excès, d'un XIXème siècle positiviste et disciplinaire, et d'un XXème siècle tragiquement barbare car prisonnier de ses certitudes scientifiques. Le XXIème siècle verra-t-il l'avènement d'une pensée plus élaborée et plus apte à respecter les phénomènes vivants ? Ceux-ci sont notamment multidimensionnels, dialogiques et animés d'une énergie inépuisable.

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La pensée complexe réintroduit en effet de la dialogie dans une pensée occidentale très marquée par un héritage parménidien qui exclut depuis 2500 ans le non-être. En réintroduisant un peu de relativité héraclitéenne, la perception du Vivant acquiert une nouvelle profondeur. Ce qui est et ce qui n'est pas ne sont jamais très éloignés. Un constant va-et-vient entre les deux est nécessaire pour saisir les paradoxes inhérents aux phénomènes vivants.

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Dans notre exemple, le désir de savoir est au carrefour de multiples couples antagonistes : social / individuel, inconscient / conscient, destruction / création, transgression / adaptation, nostalgique / prospectif etc… Tout à la fois fort et fragile, puissant et vacillant, ouvert et fermé, le désir de savoir est toujours en mouvement, dynamique, contradictoire, opaque, animé d'une énergie inépuisable, insaisissable et irréductible, et en fin de compte profondément vivant. On peut même dire que le désir de savoir est « hyper-vivant » distinguant l'homo sapiens de l'animal et lui insufflant l'ivresse de savoir, parfois même jusqu'à la déraison (Morin, 1994, p. 160). Cette énergie transparaît surtout dans le débat collectif et dans les entretiens semi-directifs : un même élève peut tour à tour exprimer une intense pulsion de savoir inconsciente et transgressive et un aussi intense refus de savoir social et scolaire par exemple. Au cours du débat ou des entretiens, son désir de savoir s'exprime, évolue, change de polarité, se nuance ou se transforme.

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