mardi 11 décembre 2012

Parler de la mort avec les enfants



Je vois souvent des parents s’interroger sur le fait de parler de la mort aux enfants. Je ne peux m’empêcher de penser que si cette question semble si difficile à aborder, c’est parce que nous-mêmes, ainsi que la société dans son ensemble,  sommes peu à l’aise avec celle-ci.
Il n’y a qu’en Occident, depuis plus d’un siècle, que nous vivons très mal notre rapport à la mort. Autour du monde, les différents peuples apportent des réponses à la mort, notamment à l’aide des rituels et des fêtes, qui ont pour fonction de rétablir l’ordre dans la société après le passage de la mort. Ce temps de deuil est fait pour pleurer, pour honorer la vie qui fut vécue, pour réorganiser le quotidien aussi. Pour la plupart de ces peuples, la mort fait partie de la vie, elle est un passage obligé pour tous.

En Europe, la mort est taboue. Nous ne touchons plus nos morts, nous les confions à des entreprises qui vont le laver, l’embaumer, l’habiller, le maquiller. Il est bien question de cela : maquiller la mort, entretenir l’illusion de vie.
Nous avons peur de la mort, parce que nous n’avons aucune réponse à fournir. Parce que la mort de l’autre nous ramène irrémédiablement à notre propre mort prochaine. Mais nous ne faisons rien pour nous préparer à cela. Nous fuyons. Nous ne savons plus ce qu’il y a après, nous l’avons oublié. Nous avons peur, peur de la mort, peur de manquer, peur de vieillir, peur de vivre – ce qui voudrait dire assumer une liberté nouvelle et la responsabilité qui en découle.

Nous avons peur de la mort parce nous croyons qu’elle signifie la fin de cette vie, la limite ultime. Et l’homme d’aujourd’hui n’aime pas qu’on lui parle de limites. Pourtant, c’est cette limite qui donne sens à la vie, qui lui confère sa préciosité.
Il est temps de retrouver un sens à l’existence, sinon effectivement, mourir n’en a aucun. Il est temps de se réconcilier avec la mort, avec le temps qui passe, avec les cycles de la vie. Accepter la finitude, c’est retrouver confiance en la vie, et humilité devant son mystère.

C’est en étant nous-mêmes à l’aise avec la mort que nous pourrons en parler sereinement avec nos enfants. Nous devons nous préparer à tout laisser un jour, mais nous devons avant cela vivre pleinement, entièrement la vie qui nous est donnée.

Je pense qu’il faut d’abord rassurer les enfants sur la mort, les aider à dépasser leurs angoisses. Répondre très clairement à leurs questions, en adaptant selon l’âge des enfants. Instaurer des rituels qui font sens, autour de la mort. Allumer une bougie pour un mort par exemple. Certains livres peuvent éventuellement accompagner une discussion. Enfin, avoir confiance en eux: les enfants ont d’immenses ressources pour dépasser leurs peurs et difficultés ; c’est cela aussi, l’apprentissage de la vie.

6 commentaires:

  1. Voilà plusieurs fois que je passe sur ce blog...Je suis toute nouvelle dans la blogoshpère et je me suis permise de mettre un lien de votre blog sur le mien (http://www.mamanheidelberg.blogspot.fr/)

    Je laisse un commentaire sous ce billet-là car je l'ai trouvé très juste et très beau. C'est vrai que nous ne savons plus ce que "mourir" veut dire, nous ne savons plus parler de la mort à nos enfants tant elle nous terrorise. Et je suis bien d'accord avec vous : "C’est en étant nous-mêmes à l’aise avec la mort que nous pourrons en parler sereinement avec nos enfants." Mais dans notre société,aujourd'hui, rien n'est plus difficile...Je crois qu'il faut vraiment une prise de conscience (lente ou soudaine) pour changer de point de vue sur la mort et ne plus en avoir peur, juste l'accepter -et peu importe ce qu'il y a après.

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    1. Bonjour Aurore,
      je vous remercie de votre intérêt et de votre commentaire.
      Bienvenue dans la blogosphère! :)

      C'est vrai que ce n'est pas chose facile d'être soi même à l'aise avec la mort, et de dédramatiser ce grand événement. Mais il n'est pas non plus normal de continuer à perpétuer une telle peur, qui contamine la vie, et engendre un réel malaise. Si nous ne cherchons pas nous-mêmes des réponses, qui le fera? Quant à ce qu'il y a après, je ne l'aborde pas dans ce billet, cela est propre à chacun...
      Ce défi est plus global encore, cette carence éthique, cette carence de valeurs, de repères spirituels engendrent une vie qui n'a de sens...

      Je vous souhaite une belle journée,
      Aurore

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  2. Votre réflexion sur la mort est très intéressante. Pour aider les parents, les enfants et les adultes qui travaillent avec eux j'ai écrit le livre "Est-ce que tout le monde meurt?
    Si vous permettez je vous donne le lien vers mon site: http://lynnepion.com/ Détaboutiser la mort pour mieux vivre/Mieux vivre en utilisant ses forces intérieures. Je vous invite à le visiter et d'y laisser un commentaire!
    Bonne journée

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    1. Bonjour Lynne,

      merci de votre commentaire et de ce partage...
      Je vous permets bien évidemment, j'aurai moi-même plaisir à aller consulter votre site.

      Très belle journée,

      Aurore

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  3. Merci beaucoup Auroreet je vous souhaite une agréable visite sur mon site.

    Un doux Noël,

    Lynne

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    1. Mercu Lynne,

      de très belles fêtes également,
      à bientôt,

      Aurore

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