Je vois souvent des parents
s’interroger sur le fait de parler de la mort aux enfants. Je ne peux
m’empêcher de penser que si cette question semble si difficile à aborder, c’est
parce que nous-mêmes, ainsi que la société dans son ensemble, sommes peu à l’aise avec celle-ci.
Il n’y a qu’en Occident, depuis
plus d’un siècle, que nous vivons très mal notre rapport à la mort. Autour du
monde, les différents peuples apportent des réponses à la mort, notamment à
l’aide des rituels et des fêtes, qui ont pour fonction de rétablir l’ordre dans
la société après le passage de la mort. Ce temps de deuil est fait pour
pleurer, pour honorer la vie qui fut vécue, pour réorganiser le quotidien
aussi. Pour la plupart de ces peuples, la mort fait partie de la vie, elle est
un passage obligé pour tous.
En Europe, la mort est taboue.
Nous ne touchons plus nos morts, nous les confions à des entreprises qui vont
le laver, l’embaumer, l’habiller, le maquiller. Il est bien question de cela :
maquiller la mort, entretenir l’illusion de vie.
Nous avons peur de la mort, parce
que nous n’avons aucune réponse à fournir. Parce que la mort de l’autre nous
ramène irrémédiablement à notre propre mort prochaine. Mais nous ne faisons
rien pour nous préparer à cela. Nous fuyons. Nous ne savons plus ce qu’il y a
après, nous l’avons oublié. Nous avons peur, peur de la mort, peur de manquer,
peur de vieillir, peur de vivre – ce qui voudrait dire assumer une liberté
nouvelle et la responsabilité qui en découle.
Nous avons peur de la mort parce nous croyons qu’elle signifie la fin de cette vie, la limite ultime. Et l’homme d’aujourd’hui
n’aime pas qu’on lui parle de limites. Pourtant, c’est cette limite qui donne
sens à la vie, qui lui confère sa préciosité.
Il est temps de retrouver un sens
à l’existence, sinon effectivement, mourir n’en a aucun. Il est temps de se
réconcilier avec la mort, avec le temps qui passe, avec les cycles de la vie. Accepter
la finitude, c’est retrouver confiance en la vie, et humilité devant son
mystère.
C’est en étant nous-mêmes à l’aise
avec la mort que nous pourrons en parler sereinement avec nos enfants. Nous devons
nous préparer à tout laisser un jour, mais nous devons avant cela vivre
pleinement, entièrement la vie qui nous est donnée.
Je pense qu’il faut d’abord rassurer
les enfants sur la mort, les aider à dépasser leurs angoisses. Répondre très
clairement à leurs questions, en adaptant selon l’âge des enfants. Instaurer
des rituels qui font sens, autour de la mort. Allumer une bougie pour un mort
par exemple. Certains livres peuvent éventuellement accompagner une discussion.
Enfin, avoir confiance en eux: les enfants ont d’immenses ressources pour
dépasser leurs peurs et difficultés ; c’est cela aussi, l’apprentissage de
la vie.
Voilà plusieurs fois que je passe sur ce blog...Je suis toute nouvelle dans la blogoshpère et je me suis permise de mettre un lien de votre blog sur le mien (http://www.mamanheidelberg.blogspot.fr/)
RépondreSupprimerJe laisse un commentaire sous ce billet-là car je l'ai trouvé très juste et très beau. C'est vrai que nous ne savons plus ce que "mourir" veut dire, nous ne savons plus parler de la mort à nos enfants tant elle nous terrorise. Et je suis bien d'accord avec vous : "C’est en étant nous-mêmes à l’aise avec la mort que nous pourrons en parler sereinement avec nos enfants." Mais dans notre société,aujourd'hui, rien n'est plus difficile...Je crois qu'il faut vraiment une prise de conscience (lente ou soudaine) pour changer de point de vue sur la mort et ne plus en avoir peur, juste l'accepter -et peu importe ce qu'il y a après.
Bonjour Aurore,
Supprimerje vous remercie de votre intérêt et de votre commentaire.
Bienvenue dans la blogosphère! :)
C'est vrai que ce n'est pas chose facile d'être soi même à l'aise avec la mort, et de dédramatiser ce grand événement. Mais il n'est pas non plus normal de continuer à perpétuer une telle peur, qui contamine la vie, et engendre un réel malaise. Si nous ne cherchons pas nous-mêmes des réponses, qui le fera? Quant à ce qu'il y a après, je ne l'aborde pas dans ce billet, cela est propre à chacun...
Ce défi est plus global encore, cette carence éthique, cette carence de valeurs, de repères spirituels engendrent une vie qui n'a de sens...
Je vous souhaite une belle journée,
Aurore
Votre réflexion sur la mort est très intéressante. Pour aider les parents, les enfants et les adultes qui travaillent avec eux j'ai écrit le livre "Est-ce que tout le monde meurt?
RépondreSupprimerSi vous permettez je vous donne le lien vers mon site: http://lynnepion.com/ Détaboutiser la mort pour mieux vivre/Mieux vivre en utilisant ses forces intérieures. Je vous invite à le visiter et d'y laisser un commentaire!
Bonne journée
Bonjour Lynne,
Supprimermerci de votre commentaire et de ce partage...
Je vous permets bien évidemment, j'aurai moi-même plaisir à aller consulter votre site.
Très belle journée,
Aurore
Merci beaucoup Auroreet je vous souhaite une agréable visite sur mon site.
RépondreSupprimerUn doux Noël,
Lynne
Mercu Lynne,
Supprimerde très belles fêtes également,
à bientôt,
Aurore