Leurs journées ne sont pas
toujours une partie de plaisir. Sollicités sans relâche par des programmes
chargés, les enfants sont souvent surmenés, comme les adultes. Et, comme eux,
ils ont besoin de se relaxer. A l’école ou à la maison, le yoga peut les y
aider.
Odile Chabrillac, pour Psychologies.com
Entretien avec Micheline Flak
Chercheuse en sciences de l’éducation et formatrice pour l’Education
nationale, elle a fondé, en 1978, Recherche sur le yoga dans l’éducation (RYE -
T. : 01.47.70.09.29. . Elle a écrit, avec Jacques de Coulon, “Des enfants qui
réussissent” (Desclée de Brouwer, 1991).
Site Internet : rye.free.fr
Micheline Flak se bat depuis les
années 1970 pour que le yoga franchisse les portes de l’école. Pari gagné
aujourd’hui. Dans le cadre des IUFM (Instituts universitaires de formation des
maîtres), de plus en plus d’élèves instituteurs bénéficient d’un enseignement
du yoga.
Psychologies : Comment peut-on intégrer ces techniques dans la vie
scolaire ?
Micheline Flak : Il existe deux
manières de le faire. Soit un intervenant extérieur donne un cours (sur le
temps scolaire ou à l’heure du déjeuner). Soit l’enseignant, formé au yoga,
propose une pratique de quelques minutes avant de commencer la journée ou
lorsqu’il sent ses élèves particulièrement tendus.
De quelle manière procède l’enseignant ?
Dans la classe, les enfants sont
assis à leur place ou debout près de leur table, selon les exercices. La séance
dure de cinq à vingt minutes. Elle se déroule en six étapes toujours identiques
qui correspondent au déroulé d’un cours de hatha yoga, même si nous n’utilisons
pas les noms sanskrits !
Les enfants réagissent-ils bien ?
Ils adorent ! Plus ils sont
petits, plus ils entrent vite dans les exercices, d’autant que ceux-ci
ressemblent à des jeux. Les plus grands posent beaucoup de questions. Mais une
fois qu’ils ont compris l’intérêt et en ont ressenti les bienfaits, ils sont
tellement demandeurs que l’on doit les freiner…
Quels bénéfices en retirent-ils ?
Notre objectif est de développer
leur attention. Mais une attention spontanée, naturelle, très différente de
celle que l’on exige dans l’enseignement. Il s’agit de les aider à mieux
apprendre, dans la détente, le plaisir, et non dans la contrainte. Je pars du
principe que l’attention, ça se cultive. Nous sommes là pour leur permettre
d’utiliser au mieux leurs potentialités. Parents et professeurs remarquent
qu’ils sont plus calmes, parlent moins fort et parviennent mieux à se
concentrer.
Les parents peuvent-ils pratiquer avec leurs enfants ?
Il est possible de faire cinq
minutes d’exercices le matin. Se dérouiller les articulations, sentir sa
respiration sous ses doigts au niveau du diaphragme, faire l’arbre (debout,
yeux clos, l’enfant sent ses pieds enracinés dans le sol, puis se balance
doucement comme poussé par le vent), visualiser un événement attendu… On peut
se relaxer, le soir, quand un apprentissage est difficile. Autant de moyens
d’intégrer le yoga au quotidien sans surcharger les enfants.
UNE SEANCE TYPE :
Les séances se déroulent
systématiquement en six étapes. Chacune a un objectif précis que les enfants
cherchent à atteindre par des mouvements simples, explique Micheline Flak.
1 - Apprendre à être attentif aux
autres.
Les enfants accomplissent des gestes en commun et pratiquent des
respirations accordées, excellent moyen pour que l’instruction civique soit
totalement intégrée.
2 - Eliminer toxines et pensées
négatives.
Il s’agit de travailler à débloquer les articulations au niveau des
pieds, des épaules, des mains, des doigts, du cou. Equilibrants, ces petits
exercices calment autant qu’ils tonifient.
3 - Se mettre en bonne posture,
pour prendre conscience de son dos et le fortifier.
Une "petite salutation
au travail" a été mise au point, qui n’est pas sans rappeler la salutation
au soleil connue des pratiquants du yoga. Puis les enfants apprennent à
s’asseoir correctement, tout simplement. Les positions du corps ont un rapport
direct avec le développement du cerveau.
4 - Prendre le temps de respirer
pour recharger ses batteries.
Faire prendre conscience aux enfants qu’ils
respirent est un enjeu essentiel à l’école. Et c’est plus complexe qu’il n’y
paraît. En les entraînant à la respiration en triangle – ils alternent
inspiration par la narine droite et expiration par la narine gauche, et
inversement –, on leur permet de rééquilibrer les hémisphères cérébraux.
5 - Se relaxer pour recentrer son
énergie.
Les pauses dans le temps pédagogique sont des moments privilégiés pour
optimiser les capacités des élèves à assimiler les apprentissages. Par des
exercices respiratoires et de relaxation, ils apprennent à se déconnecter des
sollicitations extérieures et à se brancher sur leurs perceptions corporelles.
6 - Rassembler ses forces pour
revenir à la réalité.
En l’aidant à se concentrer sur un point ou en pratiquant
de petits exercices de visualisation, on stimule la créativité de l’enfant. On
l’amène ainsi à un état de vigilance détendue qui lui permettra d’être plus
efficace dans ses activités.
A LIRE :
• “Apprenez à relaxer vos
enfants” de Denise Chauvel et Christiane Noret (Retz, 1991).
• “Yoga et expression corporelle
pour enfants et adolescents” de Jacques Choque (Albin Michel, 2000).
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