Par Monique Dagnaud, Directrice de recherches au CNRS - 27 février 2013
Extrait :
« Il est vrai que l’annonce
de la moindre réforme, qu’elle soit petite (les rythmes scolaires) ou de plus
grande ampleur (allongement de l’année scolaire ou rapprochement des
universités et des classes préparatoires), agit comme une décharge électrique
sur le milieu enseignant et/ou sur les parents d’élèves, et que cette secousse,
et ses effets retour, découragent le plus souvent les ministres de l’Éducation
d’aller plus loin. Il est vrai que les élites au pouvoir (droite ou gauche)
n’ont jamais souhaité réformer en profondeur l’école française et mettre en
cause sa matrice – la sélection précoce des enfants tout au cours de la
scolarité première : elle sont elles-mêmes les heureuses élues de ce système,
leurs enfants baignent dedans, et donc elles sont convaincues des bienfaits de
l’élitiste républicain. Il est vrai que la rigueur budgétaire entrave une
transformation du métier d’enseignant avec contrepartie financière – notamment
une présence annuelle de plus longue durée dans les établissements et le développement
d’un accompagnement personnalisé des élèves. Il est vrai que l’égoïsme des
adultes l’emporte souvent sur l’intérêt de la génération montante. Pourtant, à
continuer sur cette lancée, il n’y aura bientôt plus que les dirigeants de
l’administration et des entreprises, les professeurs et les couches
intellectualisées pour encenser un système particulièrement onéreux et
générateur de tant de dysfonctionnements économiques et de souffrances.»
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