Canada : Cour suprême:
l’école publique doit faire plus pour un élève souffrant de troubles
d’apprentissage
Les parents d'un élève souffrant
de troubles d'apprentissage viennent de remporter une importante victoire
devant la Cour suprême du Canada dans une décision qui aura vraisemblablement
des répercussions dans toutes les provinces canadiennes.
Ces parents de la
Colombie-Britannique réclamaient de l'aide en milieu scolaire pour leur fils
Jeffrey qui souffrait de dyslexie grave et peinait à lire.
Dans un jugement unanime rendu
vendredi, le plus haut tribunal du pays a déterminé que la commission scolaire
publique en cause avait fait de la discrimination envers l'enfant en ne lui
fournissant pas des services appropriés.
Jeffrey a reçu un peu d'aide,
mais il avait besoin de beaucoup plus.
La discrimination a donc été
établie parce que les services mis en place par son école n'étaient pas
suffisamment intensifs compte tenu de la gravité de ses troubles
d'apprentissage.
La Cour ordonne ainsi à la
commission scolaire de rembourser aux parents le coût de l'école privée vers
laquelle ils se sont tournés pour éviter que leur enfant ne subisse des retards
scolaires plus importants. Ils recevront aussi un chèque pour les dédommager de
la moitié des frais de transport engendrés pour que leur fils se rende à cette
école située plus loin de chez lui.
« En énonçant ainsi l’objet
de la loi, le gouvernement reconnaît que la raison pour laquelle tous les
enfants ont droit à une éducation est qu’une démocratie et une économie saines
requièrent leur contribution en tant que citoyens instruits », a écrit la
juge Rosalie Abella dans le jugement.
« Des services d’éducation
spécialisés adéquats ne sont donc pas un luxe dont la société peut se passer.
Dans le cas des personnes atteintes de troubles d’apprentissage sévères, de
tels services servent de rampe permettant de concrétiser l’engagement pris dans
la loi envers tous les enfants en Colombie Britannique, à savoir l’accès à
l’éducation », a-t-elle ajouté.
Cette poursuite intentée en vertu
des droits de la personne remontait à une douzaine d’années. Rick Moore, le
père de Jeffrey Moore — qui était en troisième année à l’époque —, a déposé une
plainte contre le gouvernement provincial et la commission scolaire à propos de
leur décision de fermer un centre de diagnostic pour des raisons financières,
et ce, sans proposer des solutions de rechange.
Le Tribunal a accepté que le
district était aux prises avec des difficultés financières durant la période
pertinente. Toutefois, il a en outre conclu que des compressions avaient visé
de manière disproportionnée les programmes destinés aux élèves ayant des
besoins spéciaux. En effet, le district avait maintenu des programmes
discrétionnaires comme l’école en plein air (« Outdoor School ») — un
centre de plein air où les élèves recevaient de l’enseignement sur la
collectivité et l’environnement — alors qu’il avait supprimé le Centre de
diagnostic, et ce, malgré les coûts similaires de ces programmes.
Fait plus important encore pour
les juges, le Tribunal a conclu que le district n’avait procédé à aucune
évaluation, financière ou autre, des solutions de rechange qui existaient ou
auraient pu raisonnablement être trouvées pour répondre aux besoins de Jeffrey
si la décision de fermer le Centre de diagnostic était prise. L’omission
d’envisager d’autres réaménagements financiers invalide complètement l’argument
du district, à savoir qu’il avait été justifié de ne pas fournir à Jeffrey
d’accès concret à l’éducation, parce qu’il n’avait pas eu le choix d’agir comme
il l’a fait. Pour décider qu’il ne disposait d’aucune autre solution, le
district devait à tout le moins se demander quelles auraient pu être ces autres
solutions.
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