lundi 19 novembre 2012

Csikszentmihalyi: the Flow, le secret du bonheur


Le flow, flux en français, est l'état de concentration maximale que peut expérimenter une personne lorsqu'elle est totalement absorbée par ce qu'elle fait. Ce concept vaut tant pour l'éducation, que le sport ou encore la spiritualité. C’est le psychologue hongrois Csikszentmihalyi qui a inventé ce concept, dans le cadre d’une conception humaniste de la créativité.

Dans le souci d'identifier les conditions qui caractérisent les moments décrits par les gens comme étant parmi les meilleurs moments de leur vie, Csikszentmihalyi (1975) a interrogé des alpinistes, des joueurs d’échec, des compositeurs de musique et bien d’autres personnes qui consacrent beaucoup de temps et d’énergie à des activités pour le simple plaisir de les faire sans recherche de gratifications conventionnelles comme l’argent ou la reconnaissance sociale. Les résultats de ces recherches lui ont permis de définir le concept de l’expérience optimale, qu’il appelle "Flow" (Csikszentmihalyi, 1990), et qui réfère à l’état subjectif de se sentir bien (Csikszentmihalyi & Patton, 1997). Le Flow peut être ressenti dans divers domaines tels l’art, l’enseignement, le sport... Le Flow se manifeste souvent quand il y a perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et la demande de la tâche (Csikszentmihalyi, 1975).

« Voilà ce que nous entendons par expérience optimale. C’est ce que ressent le navigateur quand le vent fouette son visage… C’est le sentiment d’un parent au premier sourire de son enfant. Pareilles expériences intenses ne surviennent pas seulement lorsque les conditions externes sont favorables. Des survivants de camp de concentration se rappellent avoir vécu de riches et intenses expériences intérieures en réaction à des évènements aussi simples que le chant d’un oiseau [...]. Ces grands moments de la vie surviennent quand le corps ou l’esprit sont utilisés jusqu’à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important. L’expérience optimale est donc quelque chose que l’on peut provoquer... Pour chacun, il y a des milliers de possibilités ou de défis susceptibles de favoriser le développement de soi (par l’expérience optimale). »
(Csikszentmihalyi, 2004, p24).

1
Equilibre entre défi et habilité
2
Concentration sur la tâche
3
Cible claire
4
Rétroaction, feedback clair et précis
5
Absence de distraction
6
Contrôle de l'action
7
Absence de préoccupation à propos du soi – dilatation de l’ego
(mais paradoxalement, le sens de soi se trouve renforcé)
8
Altération de la perception du temps
9
Expérience autotélique – bien être


Le Flow dans l'éducation

Un nombre grandissant de recherches s’intéressent à l’étude du Flow en contexte éducatif, par exemple pour étudier le soutien à l’autonomie et à la motivation intrinsèque dans l’enseignement primaire (Turner, Taylor, Bennett & Fitzgerald, 1998), la motivation des élèves de collèges (Rathunde & Csikszentmihalyi, 2005) ou encore l’impact des pédagogies actives (basées sur des activités collectives) dans des lycées (Peterson & Miller, 2004) ou dans des universités (Shernoff, Csikszentmihalyi, Schneider & Shernoff, 2003). Turner et Meyer (2004) ont notamment étudié l’impact du soutien et de l’étayage des étudiants par les enseignants sur le Flow. Pour notre part, nous avons souvent été très impressionnés d’observer dans des espaces virtuels de formation formels comme informels, des hyperconnectants enthousiastes capables de catalyser une dynamique collective positive (Heutte & Casteignau, 2006) en nous donnant l’impression qu’ils le faisaient sans revendication ou attente de gratification particulière : comme s’il le faisait juste pour le plaisir (Heutte, 2010) ! Nous nous sommes bien souvent interrogés sur ce qui pouvait être le « carburant » de ces personnes, notamment dans le dessein de pouvoir valoriser pédagogiquement cette énergie gratuite dans des dispositifs d’accompagnement et de formation (Heutte, 2009). L’idée que l’envie de vivre des temps forts collectifs pour « apprendre » et « connaître » pouvait être l’une de leurs motivations intrinsèques, nous a progressivement traversé l’esprit et se trouve être en grande partie à la base de nos travaux de recherche (Heutte, 2005).


(Source: jean.heutte.free.fr)

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