mardi 13 novembre 2012

Môm'artre, la mixité par l'éducation artistique (Le Monde)


  
Il est 16 h 45, un jeudi d'octobre dans un local du 18e arrondissement de Paris. Par petits groupes, les enfants et leur accompagnateur arrivent de trois écoles voisines. Rapidement, ils passent au goûter, puis... aux devoirs. A 17 h 30, place aux ateliers artistiques. Au programme : hip-hop, sculpture et fabrication de poupées. L'organisation est bien rodée : cela fait onze ans que Chantal Mainguené a créé cette structure pour offrir un mode de garde alternatif particulièrement flexible (car ouvert jusqu'à 20 heures), en donnant la priorité aux familles en difficulté.

Il y a des bénévoles, comme Jacqueline, retraitée, qui dit profiter de la fraîcheur des enfants ; Marius, 19 ans, en service civique, qui a décidé de se rendre utile en attendant de trouver sa voie. L'équipe compte aussi 4 salariés et Haïdée, jeune plasticienne, qui anime un cycle de création, puis laissera sa place à d'autres artistes.

"Sortir de l'isolement"

C'est cela Môm'artre : un condensé de solidarité, de mixité sociale et d'insertion, avec en fil rouge la volonté d'initier les enfants à l'art. "L'accès à l'art reste l'apanage des foyers aisés, or c'est un moyen éducatif reconnu", souligne Mme Mainguené. Le tout avec des tarifs imbattables. Ici, la moyenne est à 2,90 euros de l'heure et 20 % paient 10 centimes, signe de la précarité des familles, souvent monoparentales. "Les parents trouvent aussi ici un endroit pour se confier. Nous aidons les femmes à sortir de l'isolement", explique Bénédicte Fossard, la responsable du centre.

Preuve du succès de la formule, il existe sept antennes, dont deux en province. "Nous en ouvrons deux à trois par an", explique Mme Mainguené. Une ambition parfois bridée par les lourdeurs administratives. Cette année, Môm'artre a dû remplir 72 dossiers auprès de la Ville de Paris, pour obtenir ses subventions... Face à cette poussée de croissance, la structure se professionnalise : toutes les antennes ont été fusionnées en une seule association, qui compte 27 salariés, dont 10 artistes en insertion.

Pour le moment, 35 % sont financés par les familles, un quart par la Ville de Paris, le solde par la CAF, des dotations pour les emplois aidés... Mais l'énergique patronne est en train de créer une société de services de garderie au sein des entreprises, dont les bénéfices seraient injectés dans Môm'artre. La fondatrice rencontre aussi, grâce à France active, des investisseurs solidaires, susceptibles d'apporter les fonds indispensables pour financer la croissance de Môm'artre et lui permettre d'accueillir à la rentrée prochaine plus de 1 000 enfants.

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