Il est 16 h 45, un jeudi
d'octobre dans un local du 18e arrondissement de Paris. Par petits groupes, les enfants et
leur accompagnateur arrivent de trois écoles voisines. Rapidement, ils passent
au goûter, puis... aux devoirs. A 17 h 30, place aux ateliers artistiques. Au
programme : hip-hop, sculpture et fabrication de poupées. L'organisation est
bien rodée : cela fait onze ans que Chantal Mainguené a créé cette structure
pour offrir
un mode de garde alternatif particulièrement flexible (car ouvert jusqu'à 20
heures), en donnant la priorité aux familles en difficulté.
Il y a des bénévoles, comme
Jacqueline, retraitée, qui dit profiter
de la fraîcheur des enfants ; Marius, 19 ans, en service civique, qui a décidé
de se rendre
utile en attendant de trouver
sa voie. L'équipe compte aussi 4 salariés et Haïdée, jeune plasticienne, qui
anime un cycle de création, puis laissera sa place à d'autres artistes.
"Sortir de l'isolement"
C'est cela Môm'artre : un
condensé de solidarité, de mixité sociale et d'insertion, avec en fil rouge la
volonté d'initier
les enfants à l'art. "L'accès à l'art reste l'apanage des foyers aisés, or
c'est un moyen éducatif reconnu", souligne Mme Mainguené. Le tout avec des
tarifs imbattables. Ici, la moyenne est à 2,90 euros de l'heure et 20 % paient
10 centimes, signe de la précarité des familles, souvent monoparentales. "Les
parents trouvent aussi ici un endroit pour se confier.
Nous aidons les femmes à sortir
de l'isolement", explique Bénédicte Fossard, la responsable du centre.
Preuve du succès de la formule,
il existe sept antennes, dont deux en province. "Nous en ouvrons deux à
trois par an", explique Mme Mainguené. Une ambition parfois bridée par les
lourdeurs administratives. Cette année, Môm'artre a dû remplir
72 dossiers auprès de la Ville de Paris, pour obtenir
ses subventions... Face à cette poussée de croissance, la structure se
professionnalise : toutes les antennes ont été fusionnées en une seule
association, qui compte 27 salariés, dont 10 artistes en insertion.
Pour le moment, 35 % sont
financés par les familles, un quart par la Ville de Paris, le solde par la CAF,
des dotations pour les emplois aidés... Mais l'énergique patronne est en train de
créer une société de services
de garderie au sein des entreprises,
dont les bénéfices seraient injectés dans Môm'artre. La fondatrice rencontre
aussi, grâce à France active, des investisseurs solidaires, susceptibles d'apporter
les fonds indispensables pour financer
la croissance de Môm'artre et lui permettre
d'accueillir
à la rentrée prochaine plus de 1 000 enfants.
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